La paupière recouverte d’une pellicule de terre, voilà la limite entre toucher et voir. Moi, spectateur, je vois les traces laissées par Giuseppe Penone. Lui, il touche, il prend, il tient. C’est cet échange qu’il propose au visiteur : son toucher, ma vue. D’une certaine manière (dans « manière » il y a main), c’est de cette compréhension (dans « compréhension » il y a préhension) qu’il s’agit. Et c’est la présence qui est au coeur de cette exposition, présence de l’invisible au creux de la main, présence du contenu d’une jarre dont on ne voit pas l’enveloppe, présence de la main dont la chair est effacée par la radiographie. Le moulage de cette main, qui enserrait un jeune tronc en 1968, est exposé à Londres, recouverte du bois qui a continué sa croissance autour d’elle. L'image s’impose dans les oeuvres suspendues au sous-sol de la galerie parisienne : celle du bois et des doigts, des doigts comme des branches naissantes.
À Londres, l’exposition s’intitule Fui, Sarò, Non sono (Je fus, je serai, je ne suis). À Paris, le titre est Ebbi, Avro, Non Ho (J’eus, J’aurai, Je n’ai). Les deux sont visibles jusqu'au 22 octobre.