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L’indépendance financière, conséquence positive de l’ubérisation de la société

Publié le 19 octobre 2016 par Chroom

Business-352On vit une époque de transition technologique, économique et sociale extrêmement rapide. En moins de 20 ans, peu après l'avènement d'Internet, notre monde a totalement changé sa manière de fonctionner, à tous niveaux.

En 1999 déjà était inauguré la plateforme Elance. Si celle-ci est relativement peu connue du public, elle a pourtant posé, bien avant tout le monde, les fondements d'un système de partage de services, contre rémunération. On voyait commencer à apparaître alors les premiers freelancers de la Net-économie. Pour une bonne partie il s'agissait de compléter les revenus d'une activité principale, pour d'autres, plus rares, c'était déjà le moyen de vivre de manière différente, c'est-à-dire sans activité lucrative dépendante.

Très tôt également, en 2003, Jules K. Beck, professeur assistant à l'université d'Arkansas, publiait la théorie de la main d’œuvre indépendante. Il y soutenait que les progrès de la technologie, associée à la mondialisation de l'activité industrielle et commerciale, induisent le développement d'une main-d'œuvre indépendante et hautement qualifiée, en modifiant de manière significative la relation entre employeurs et employés.

Les moyens technologiques étaient déjà présents, la théorie sociologique aussi, mais l'émergence de cette main d’œuvre qualifiée indépendante demeurait encore marginale. Il faudra finalement attendre la crise financière et économique liée aux subprimes, dès l'année 2007, pour que le phénomène explose. Paradoxalement, c'est grâce au chômage provoqué par l'explosion du système financier, que la main d’œuvre a dû sortir de sa zone de confort et rechercher de nouvelles alternatives. Et c'est seulement à ce moment-là qu'elle s'est vraiment tournée vers les moyens technologiques, pourtant déjà présents depuis plusieurs années.

Ce n'est pas un hasard si Airbnb et Uber émergent en 2008 et 2009, en plein milieu du chaos. La technologie était déjà là, et la demande explosait enfin. Il faudra attendre finalement 2014 pour que Maurice Lévy mette un terme populaire sur ce phénomène, en parlant d'ubérisation. Mais en vérité, ce n'est pas Uber qui a initié cette dynamique et ce n'est pas non plus Lévy qui a été la premier à le décrire. On l'a vu avec les exemples de Elance et de Jules Beck ci-dessus.

A peu près en même temps que Airbnb et Uber commencent à se développer de plus en plus de blogs et sites consacrés à l'indépendance financière. Eux-aussi ont "bénéficié" de la crise des subprimes. A bien des égards, cet essor repose sur les mêmes mécanismes d'ubérisation de notre société. Ils utilisent Internet pour permettre l'échange de compétences financières. Les utilisateurs de ces sites financiers indépendants bénéficient d'un service gratuit ou à faible coût (en regard aux intermédiaires financiers classiques). L'utilisation est simple, vulgarisée et rapide.

Tout comme pour Uber et Airbnb, il ne s'agit pas d'une relation employeur / employé mais d'une relation client / fournisseur. Le droit du travail, les assurances sociales et les impôts sont fortement limités voire inexistants.

Les plateformes Internet dédiées à l'indépendance financière, tout comme les services ubérisés, accroissent les possibilités de dégager des revenus supplémentaires et diminuent le risque lié à la perte d'une activité lucrative dépendante. Elles offrent également plus de souplesse dans l'organisation du temps de travail et une plus grande autonomie.

Aujourd'hui les banques sont encore relativement à l'abri de ce phénomène. La plupart des gens font encore confiance à leur banquier pour placer leur argent (malgré tout ce que le système leur a déjà fait endurer...). Mais qui sait, un jour peut-être les gérants de fortune devront descendre dans la rue manifester avec les taxis contre l'ubérisation de la société...


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