Cette formule à laquelle se résumait le niveau des relations humaines dans la cour de récréation de l’école primaire peut encore s’appliquer lors de certains échanges sur le réseau social Facebook. On lance la petite flèche dans un coin de l’écran et clic, un nouvel ami ! Et quand on se fâche avec lui, clic, plus d’ami ! C’est magique! Comme dans la cour de récréation, il suffit de peu de chose, un avis, une opinion, un coup de calcaire, et clic, j’te cause plus !
Sur le réseau social, quand on a trop d’amis, ce qui est toujours le cas, on ne s’aperçoit pas toujours que quelqu’un ne nous cause plus. Le ménage se fait tout seul et c’est une des raisons pour lesquelles j’aime Facebook parce que j’aime ce qui se fait tout seul et parce que c’est aussi le seul endroit où se faire virer n’a strictement aucune importance.
Parfois, je vois baisser légèrement le nombre de mes deux cents et quelques amis inscrit au dessus de mon prénom et je me dis : qui a bien pu me virer ? Impossible de savoir sauf s’il s’agit de quelqu’un avec qui je dialogue régulièrement.
Récemment, j’ai été viré par un de ces contacts (sur Facebook, je préfère ce mot à ami), un écrivain du genre génie méconnu qui a piqué une crise depuis les pentes du Popocatepetl après avoir lu mon billet sur la grotesque attribution du Prix Nobel de littérature à Bob Dylan. Je ne me serais même pas aperçu de cette éviction si le génie méconnu, au lieu de me supprimer de sa liste d’un simple clic, ne s’était pas fendu de quelques lignes hilarantes en citant mon nom pour expliquer son geste. Du coup, le robot coquin de Facebook a identifié mon nom et m’a envoyé un message sur Yahoo pour m’informer que le génie méconnu avait mentionné mon nom dans un commentaire. C’est ainsi que j’ai appris, par le courriel d’un robot, que le génie méconnu des pentes du Popocatepetl m’avais viré de sa liste d’amis (pardon de contacts) parce que j’ai une opinion différente de la sienne.
Je tiens à remercier cet écrivain au génie méconnu d’avoir ainsi provoqué mon hilarité car les occasions de s’esclaffer ne sont jamais assez nombreuses en ce bas monde.
J’te dis tu, j’te dis vous !
Dans le même genre de réactions parfois provoquées par mes billets, en voici une autre plus feutrée mais tout aussi comique.
Un jeune poète, plutôt bon, qui m’a d’emblée tutoyé lors de nos premiers brefs dialogues virtuels voici déjà quelques années, n’a pas apprécié un de mes articles où j’expliquais tout le mal que je pense du rap.
Pour m’en informer dans la rubrique des commentaires sur mon blog, le poète m’a fait la morale en me gratifiant subitement d’un dédaigneux voussoiement.
C'est bien la première fois de ma vie que quelqu'un commence par me dire tu et finisse par me dire vous !