Partager la publication "[Critique] JACK REACHER : NEVER GO BACK"
Titre original : Jack Reacher : Never Go Back
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Edward Zwick
Distribution : Tom Cruise, Cobie Smulders, Danika Yarosh, Aldis Hodge, Holt McCallany, Robert Knepper…
Genre : Action/Thriller/Suite/Adaptation
Date de sortie : 19 octobre 2016
Le Pitch :
Jack Reacher vole au secours du Major Susan Turner quand celle-ci est accusée de trahison, et se met lui-même dans une position délicate. En plein cœur d’un complot, il est désigné à tort comme le coupable d’un meurtre et se retrouve aux prises avec un mercenaire violent qui compte bien utiliser tous les moyens mis à sa position pour arriver à ses fins…
La Critique :
Si Never Go Back est la suite directe du premier Jack Reacher, sorti sur les écrans en 2012, le bouquin dont il s’inspire, est quant à lui le 18ème de la saga consacrée au héros. Il est ainsi possible d’apprécier cette suite sans avoir vu l’original et bien sûr sans avoir lu une seule ligne des livres écrits par Lee Child. Jack Reacher est un peu comme James Bond. Il s’envisage comme une entité à part, au sein d’un univers en mouvement. Du pain béni pour les producteurs qui ont toujours voulu lancer une nouvelle franchise, en espérant que celle-ci soit aussi lucrative que Mission : Impossible, l’autre grande saga de Tom Cruise. Pour autant, malgré son budget « raisonnable » le premier volet ne remporta pas tous les suffrages et le second épisode se fit attendre. Aujourd’hui il est là et bien là, porté par un Tom Cruise à l’épreuve du temps, qui retrouve pour le coup Edward Zwick, qui l’avait déjà dirigé dans Le Dernier Samouraï.
On connaît Tom Cruise. Quand il est au premier plan, il est au premier plan. En cela, plus encore que Mission : Impossible, qui a toujours reposé sur un concept de bande, Jack Reacher a d’emblée incarné d’une certaine façon l’outrecuidance et la toute-puissance d’un acteur/producteur encore très caractérisé par le schéma de la Star. Celui qui régnait dans les années 80/90 et qui voyait des comédiens porter sur leurs épaules des longs-métrages, attirant parfois sur leur seul nom, des millions de spectateurs dans les salles. Never Go Back, comme le premier Jack Reacher avant lui, et conformément au personnage tel que Lee Child l’a imaginé, propose une version old school du héros. Quelque chose qui ne supporte pas de demi-mesure et qui convient donc parfaitement à Tom Cruise, qui reste en effet l’une des grandes icônes de notre époque. Un type qui a fait sien le slogan de Jack Reacher 2 : Never go back ! Ne jamais reculer. Même quand le contexte change, au cœur d’une époque où les blockbusters super-héroïques font la pluie et le beau temps, Tom Cruise table sur des personnages « humains », qui cognent, courent, souffrent, suent et saignent. La promo à d’ailleurs tout misé là-dessus. Sur le meneur de ce thriller somme toute classique, aux rebondissements attendus. Car Jack Reacher 2 est, encore plus que son prédécesseur, cousu de fil blanc. Le protagoniste principal est accusé à tort, il cherche à se disculper et à disculper une femme super canon qu’il vient de rencontrer, fait pour cela appel à la loyauté d’une jeune fille hyper canon qui bosse dans l’armée et fait la connaissance d’une gamine super maligne qui va bousculer ses convictions et la pertinence de ses choix de vie. Retour dans les années 90. Reacher est du type à pouvoir tout encaisser, à exprimer ses sentiments au rythme des mouvements des muscles de sa mâchoire et à tout deviner avant tout le monde sans se priver de faire son malin afin de non seulement botter le cul aux méchants, mais aussi en prenant soin de les ridiculiser au passage.
Quand on a pigé que le scénario ne proposera aucune surprise de taille et que tout se terminera exactement où c’est censé se terminer, on peut prendre un malin plaisir à voir Tom Cruise remonter le temps pour appliquer de bonnes vieilles recettes propres aux films d’action de jadis.
Le soucis au fond, est un peu le même que dans le premier volet, même si il faut reconnaître à cette suite une plus grande fluidité dans le déroulement de l’intrigue et donc une efficacité accrue. Le soucis, on y revient, c’est que Jack Reacher 2 a étrangement le cul entre deux chaises. Quand d’autres films parviennent à embrasser totalement d’anciens codes et ont l’air d’avoir été réalisés il y a 20 ou 30 ans, celui-là ne réussit qu’à moitié. La faute certainement à un manque de bastons, de poursuites et de toutes ces choses qui font d’un film d’action un film d’action. On a beau nous proposer Jack Reacher 2 en IMAX, rien ne le justifie vraiment. Le travail sur le son souligne les coups portés par Reacher, qui sonnent comme des coups de feu, le montage s’emballe un peu parfois, mais au final, le métrage ne plonge jamais totalement dans le feu de l’action comme il aurait pu le faire. Never Go Back est un film percutant par intermittence car il préfère bizarrement et régulièrement se regarder le nombril et faire semblant de croire que son récit soulève des questions essentielles sur tout un tas de sujets jamais abordés depuis l’invention du cinématographe. Seuls les acteurs, tous très talentueux, sauvent justement ces passages trop dialogués, même si une fois encore, beaucoup de ces scènes ne servent qu’à passer une couche de pommade supplémentaire sur Tom Cruise.
Cela dit, il faut souligner que Jack Reacher 2 parvient à imposer un vrai personnage de femme d’action. Cobie Smulders dépend peut-être en premier lieu de Reacher mais les rôles s’inversent parfois et le discours que son personnage incarne prouve que le film a compris quelque part que même si il faisait semblant d’y être, il n’appartenait pas aux années 80 mais bel et bien au XXIème siècle. Idem en ce qui concerne la jeune fille incarnée par Danika Yarosh. Elle aussi apporte sa pierre à l’édifice en soutenant une volonté de mettre en avant une certaine égalité des sexes. Dans cet épisode, Cruise ne peut compter que sur deux nanas badass, qui vont lui sauver les miches mais, car on reste quand même dans un film d’action fait pour et par Tom Cruise (il est producteur), qui vont aussi redorer constamment son image.
Toujours un peu trop long, Jack Reacher : Never Go Back est néanmoins efficace et se suit sans déplaisir. Sur le fond, Christopher McQuarrie manque, même si Edward Zwick, honnête artisan appliqué, fait le job, avec le sérieux du vétéran qu’il est. On replonge avec plaisir dans le monde de Jack Reacher et on s’amuse des clichés, mis en avant par un réalisateur dévoué à la star. Il y a des punchlines, le bad guy est physiquement crédible et ses affrontements avec Cruise font mal comme il se doit, et quelque part, on peut apprécier à sa juste valeur le caractère mesuré d’un film qui ne fait pas dans les supers cascades ou les explosions XXL. On en revient au cul entre deux chaises. D’un côté outrancier, d’un autre âpre, Reacher hésite et c’est là que se situe sa principale faiblesse. Il n’assume au fond qu’une chose : son héros. Celui qui peut envoyer à l’hosto 4 mecs en 5 minutes chrono et qui à la fin, s’éloigne dans le soleil couchant, comme Lucky Lucke. Un type conscient de sa propre valeur, satisfait, indépendant et libre…
En Bref…
Thriller d’action prévisible et balisé, Jack Reacher : Never Go Back joue la carte du « old school » et mise tout sur un Tom Cruise en pleine forme dans un rôle taillé sur-mesure. Et même si le film aurait mérité plus d’action, à la place de ces digressions verbales dont l’issue ne fait jamais l’objet du moindre doute, il offre néanmoins quelques belles séquences bien brutales, qui contribuent à faire de cette suite un divertissement tout à fait honorable pour amateurs éclairés et un peu nostalgiques.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Paramount Pictures France