C’est sur le blog de Florence que j’avais repéré Pandemia de Franck Thilliez et je l’avais noté en raison de son sujet, que je croyais être la « deep ecology », ce courant écologiste pour qui résoudre les atteintes à l’environnement revient à virer l’homme de la terre. Eh bien je n’y étais pas du tout ! Alors certes, c’est l’histoire d’un virus de la grippe inconnu qu’un malade a disséminé *quelque part* dans Paris, et qui prend très vite des proportions alarmantes, certes une menace pèse sur l’humanité, mais cela n’a rien à voir avec un quelconque souci écologiste. Me replongeant sans le faire exprès dans des histoires de grippe après l’excellent Station Eleven, j’ai pris cher en chair de poule ! (Mais Florence,

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l’Espérance, comme une chauve-souris,
S’en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D’une vaste prison imite les barreaux,
Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
– Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir,
Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Voilà, vous avez Pandemia en condensé et en plus poétique !
(Mais je ne suis pas niaise, je comprends l’intention, la saison des lilas aurait fait tâche dans un monde aussi nocturne). Les « bons » du roman ont du mérite de tenir le coup dans un tel univers !
Bref, un polar haletant, bien sanguinolent et qui ravira les amateurs du genre. Mais moi je préfère ne pas trop me farcir la tête avec l’idée que des tarés disposent de tellement d’outils (et de gens faibles) pour accomplir leurs sombres desseins…
« Pandemia » de Franck Thilliez, Fleuve Editions, collection fleuve noir, Paris, juin 2015, 645 p.