La Rage de Zygmunt Miloszewski 4/5 (18-10-2016)
La Rage (535 pages) est disponible depuis le 8 septembre 2016 aux Editions Fleuve Noir (traduction : Kamil Barbarski).
L’histoire (éditeur) :
Un cadavre brûlé par des armes chimiques est retrouvé sur un chantier polonais. Les résultats de l’autopsie sont stupéfiants : certains membres prélevés sur place n’appartiennent pas au corps de la victime. Absorbé par cette étrange affaire, le procureur Teodore Szacki néglige une plainte pour violences conjugales. Il en prend conscience trop tard : la plaignante a été grièvement blessée. Son mari est découvert quelques jours après, vivant, mais la langue et les cordes vocales sectionnées... Mis en cause par sa hiérarchie, le magistrat voit sa carrière menacée, lorsque sa propre fille est enlevée à son tour. Il sent alors monter en lui la rage.
Mon avis :
Ah comme j’aime les romans de Zygmunt Miloszewski !!! Son ton, son décor, son personnage et évidement son enquête, qui ne manque pas de piment !
Le procureur Teodore Szacki, installé depuis 2 ans à Olsztyn n’est plus seul. Il vit depuis un an avec Zenia et depuis peu avec sa fille de 16 ans, Hela dont il a désormais la garde. Les relations avec ces deux mégères ne sont pas faciles tous les jours, mais Teo ne gère pas si mal.
Coté boulot, il a désormais un adjoint, un jeune magistrat du nom d’Edmund Falk, peu bavard, consciencieux, qui va droit au but et très à cheval sur le respect de la loi.
Ce lundi 25 novembre 2013, il est appelé rue Mariaska, dans ce qui semble être un abri antiaérien, afin de constater un décès. Il découvre sur place, gisant sur un lit, un squelette entier non identifié qu’il lègue aussitôt à l’hôpital universitaire, dans un but éducatif. Mais le professeur de médecine légale Frankestein ne tarde pas à rappeler Szacki : ce cadavre, vieux à priori de plusieurs décennies présente des trace d’actes chirurgicaux récents. De deux semaines exactement…
Ouvrir un polar de Zygmunt Miloszewski c’est avoir la certitude de passer un moment captivant et d’avoir droit en plus à un total dépaysement.
Comme à son habitude, chaque journée débute par une page d’informations mondiales, nationales, locales et par un bulletin météo, histoire de bien vous mettre dans l’ambiance et dans le contexte. A ce propos, l’auteur ne manque pas ici de nous plonger dans le quotidien du procureur, ce qui (même sans connaître les deux tomes précédents) permet de parfaitement cerner le personnage et d’en apprécier davantage les travers et les qualités.
J’adore Teodore Szacki. Son cynisme, sa froideur, sa sévérité (armures qui ont fini par lui coller à la peau) font de lui un protagoniste caustique détonnant et franchement attachant. Et, comme La rage est un opus qui nous entraîne davantage dans sa vie personnelle (entre les pseudo fautes professionnelles et les rapports houleux avec sa fille), j’ai eu là plus d’une sueur froide.
Bien que le rythme ne soit pas débridé et que l’auteur (ou plutôt Szacki) prenne le temps de nous décrire la ville (une habitude narrative qui peut gêner au début mais qui devient vite une marque de fabrique qu’on aime retrouver), la tension gagne peu à peu en intensité et l’histoire devient, grâce aux détails et révélations, terriblement glaçante.
La fin me laisse cependant un peu perplexe (et peut-être aussi frustrée-ne reverrais-je donc pas Teo ?!), mais pas au point de me faire changer de jugement quant à l’ensemble de l’intrigue. Ces 530 pages sont encore une fois très très bien passées, d’autant que ce cadavre a beaucoup de choses à dire….
La rage mêle ainsi humour noir et gravité (la violence domestique au centre de l’intrigue) dans un polar bien mené et parfaitement bien dosé.
Je disais qu’ Un fond de vérité était une réussite, la Rage n’en est vraiment pas loin !