Le Prix de photographie Marc Ladreit de Lacharrière avait été remis à l'Académie des Beaux-Arts le 23 octobre 2015 à Klavdij Sluban pour son projet "Divagation sur les pas de Bashô", un parcours poétique inspiré par les voyages entrepris par le poète au XVIIe siècle à travers le Japon féodal.
Selon le principe du Prix il faut attendre l'année suivante pour découvrir le travail réalisé dans le cadre du Prix tout au long de cette année, radicalement différent des oeuvres présentées l'an dernier par le lauréat 2014, Eric Pillot, ce qui témoigne de la diversité des regards.
Le photographe a effectué trois voyages au Japon entre janvier et juin 2016, et comme à son habitude toujours à pied (et il m'a confié avoir sans doute parcouru entre 1000 et 1500 kilomètres pour faire ces clichés). Après Kyoto-Tokyo, il a également arpenté l'île de Sado, le temple des Tokugawa de Nikko, la barre de Shirakawa, les îles de Matsushima, Hiraizumi, Sakata, Kisakata et Etchu.
Cette fois sa pérégrination puise sa source dans les textes de Matsuo Bashō et principalement dans son œuvre majeure, véritable carnet de voyage initiatique à travers le Japon : La Sente étroite du Bout-du Monde, avec l'objectif de transcrire l’essence de son cheminement. Il nous montre un Japon auquel nous n'avons pas habituellement accès, avec une quarantaine de tirages argentiques en noir et blanc de 40 cm x 60 cm et 80 cm x 120 cm.
Son écriture photographique exclusivement en noir(s) et blanc(s), est extrêmement poétique comme en témoigne le cliché retenu pour l'affiche, Miyajima, Japon, 2016.
Lui exprimant ma surprise de ne trouver qu'une seule photographie de femme il m'a répondu qu'effectivement le Japon devenait selon son expérience de plus en plus misogyne. On n'y voit plus les femmes m'a-t-il répondu.
Peu de visages, toujours en plan rapproché. Et surtout des paysages qui semblent surréalistes et qu'il faut absolument aller voir de près.
Pour la dizième édition du Prix, le jury qui s’est réuni le mercredi 28 septembre a sélectionné trois finalistes : Bruno Fert, Laura Bonnefous et Julien Goldstein.
2016 marque un nouveau changement de regard, avec un Prix décerné à Bruno Fert pour son projet "Intimités temporaires", consacré aux intérieurs des abris aménagés par les populations migrantes. Ce projet est en lien direct avec la problématique de l’immigration massive en provenance de Méditerranée.
Parti à la rencontre des migrants arrivant en Europe, Bruno Fert a choisi de photographier les intérieurs des abris qu'ils se sont aménagés, le temps d'une étape, au sein des camps, des "jungles" ou des centres d'accueil, parce que, bien que provisoires, ils reflètent la singularité et la personnalité de leurs résidents, tout comme nos appartements et nos maisons parlent de nous.
Il m'a montré plusieurs de ces photographies sur son portable. Il est en lien depuis longtemps avec des organismes qui s'occupent des migrants. Dans l'idéal il souhaite suivre des trajectoires, en éviatnt les pièges du sensationnel, de l'actualité, des polémiques. Il a choisi de juxtaposer les portraits en noir et blanc de chaque habitant avec le cliché, en couleur, de son habitation temporaire.
Divagation, sur les pas de Bashō, de Klavdij Sluban, lauréat 2015
(et présentation des projets des finalistes 2016)
Palais de l’Institut de France
27 quai de Conti
75006 Paris
Du 26 octobre - 20 novembre 2016
Du mardi au dimanche de 11h à 18h
Entrée libre
Fermeture le mardi 1er novembre
Vendredi 18 novembre, de 17h - 18h : rencontre / signature avec Klavdij Sluban