Grâce aux solutions numériques, l’Université John Hopkins a développé un concept d’hôpital à domicile aujourd’hui, utilisé par 2000 personnes à travers les États-Unis. Il offre la promesse de fournir des soins de qualité tout en désengorgeant les hôpitaux qui demeurent des lieux hostiles pour les personnes âgées.
Rester chez soi ou aller à l’hôpital : voilà l’alternative pour des millions de personnes âgées qui ont besoin de soins, notamment aux Etats-Unis. Et beaucoup choisissent de ne pas prendre le risque de quitter leur “home sweet home”. Selon une étude menée par l’Université John Hopkins de Baltimore, les personnes âgées confinées dans leur maison représentent un phénomène d’une ampleur sous-estimée. Plus de 2 millions d’Américains n’auraient ainsi pas quitté une seule fois leur domicile au cours des quatre dernières semaines. 1,6 million supplémentaires ne sortiraient que très rarement de chez eux.
En totalité, l’étude élève au chiffre de sept millions le nombre de personnes ne pouvant quitter leur lieu d’habitation en raison d’une blessure, d’une maladie, ou sur contre-indication médicale. « Ces personnes coûtent cher au système de santé, en particulier pour le programme Medicare, tant leur niveau d’assistance est élevé. Toute visite chez le médecin s’accompagne d’une organisation et d’une logistique complexe », a commenté Bruce Leff, Professeur à l’Université John Hopkins lors de la conférence Aging 2.0 à San Francisco.
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— Pauline Canteneur (@Pauline_Cant) October 13, 2016
Les nouvelles technologies disruptent le soin médical à domicile
L’étude a également fourni une catégorisation des soins administrés dans la sphère privée. Ainsi, entre 10 à 15 millions d’Américains bénéficient aujourd’hui d’une aide qualifiée d’informelle (apportée par un parent proche). Plus de 5,4 millions ont une aide médicale à domicile, un service pris en charge par l’état sous l’égide du programme Medicare pour 3,4 millions d’entre eux. De plus, 500.000 personnes font partie de « Home Based Primary Care», un programme du Ministère des Vétérans, qui permet aux anciens combattants de plus de 65 ans de recevoir des soins de base depuis chez eux. « Ce paysage est en train d’être transformé par les évolutions technologiques que nous connaissons. L’économie à la demande, les capteurs ou encore la télémédecine sont autant de technologies qui enrichissent le panel d’offres de soins à domicile apportés aux personnes âgées. Ce qui est une bonne nouvelle car les hôpitaux constituent des lieux dangereux pour les seniors », explique Bruce Leff.
Un mini-hôpital à la maison
Ce dernier milite ainsi depuis 20 ans pour le développement « d'hôpitaux à domicile », une alternative à l’hospitalisation des personnes âgées atteintes de maladies chroniques.
Les candidats à ce type de programme sont généralement identifiés lors de leur passage aux urgences. Ceux-ci doivent répondre à des critères médicaux précis pour en bénéficier (une concentration d’oxygène dans le sang suffisante par exemple) et disposer d’un lieu de vie adéquat à l’accueil de matériel médical. Si l’individu accepte la procédure, il sera raccompagné chez lui en ambulance où une infirmière sera présente pendant plusieurs heures le premier jour pour installer l’équipement (aide respiratoire, perfusions, etc.), s’assurer que la patient est stable et expliquer en détails à l’individu et à ses proches le fonctionnement du programme. Les trois jours suivants, l’infirmière rendra visite au patient deux fois par jour, le médecin référant au moins une fois. L’équipe, disponible 24/7, peut venir réaliser des examens complémentaires type radio, tests sanguins si nécessaires.
Une baisse du taux de mortalité à six mois et du taux de réadmissions
L’hôpital à domicile n’est aujourd’hui plus un simple concept. Presbyterian Health Services, une entreprise qui gère huit hôpitaux dans l’état de Nouveau-Mexique rend aujourd’hui ce service accessible au même titre que le Ministère des Vétérans dans plus de 11 de ses cliniques à travers le pays. En 2012, l’Université John Hopkins a souhaité mesurer l’impact de cette forme de soin émergente. Pendant une année, l’état de santé de 323 patients, prêts à être hospitalisés mais ayant fait le choix de rejoindre le programme d’expérimentation, a été comparé à celui de 1048 patients hospitalisés. Les résultats ont démontré une chute de taux de réadmission ainsi que du taux de mortalité à six mois suivis d’un taux de satisfaction de plus de 10 points supérieur aux patients admis en services hospitaliers. Une initiative qui n’est pas sans rappeler le kit d’examens médicaux à réaliser chez soi, développé par la start-up Everlywell, récemment répérée à Tech Crunch Disrupt San Francisco. Face à un système de santé acculé, ces projets sonnent comme une bénédiction autant pour les patients que pour le corps médical.