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Zerocalcare – Kobane calling

Par Yvantilleuil

Zerocalcare - Kobane callingCe roman graphique qui a connu un énorme succès en Italie, avec plus de 400 000 exemplaires vendus, est dorénavant également édité en version française grâce aux éditions Cambourakis. Le dessinateur et blogueur italien Zerocalcare (Michele Rech de son vrai nom) y relate ses voyages aux confins de la Syrie, de l’Irak et de la Turquie, jusque dans ville de Kobané, symbole de la résistance des Kurdes face à Daech.

« Tu entends Ratatata, c’est Daech. Tu entends Toum toum toum, c’est nous.
– Et Sboum ?
– Sboum, ça dépend. Feu et Sboum, c’est les Américains, Sboum tout seul, c’est Daech. »

À partir de ses voyages dans l’une des régions les plus dangereuses de la planète, il livre un témoignage visant à clarifier les enjeux majeurs d’un conflit souvent trop simplifié par nos médias. À l’instar d’un Joe Sacco, il se place à hauteur d’homme, observe le quotidien des gens qui (sur)vivent au centre du conflit et partage les témoignages qu’il recueille sur place. Sur base de rencontres avec des femmes combattantes (dont la commandante Nasrine, leader des unités de protection de Rojava), avec des partisans du PKK (dont Hevàl Cuma, confondateur du PKK) et avec des victimes de la guerre, il propose un carnet de voyage sur un sujet d’actualité fort et partage la réalité de cette terrible guerre civile. De la résistance des Kurdes de Syrie à l’avancée de Daech, en passant par le rôle parfois discutable de la Turquie, il s’efforce de retranscrire toute la complexité et les enjeux majeurs du conflit.

Zerocalcare ne se cantonne cependant pas dans un rôle de reporter de guerre, mais partage également ses émotions et ses états d’âme, souvent à l’aide d’un personnage imaginaire qui incarne ses peurs et ses angoisses. En multipliant les références à Ken le Survivant, à Resident Evil ou même aux équipes de foot de la Série A, il insuffle également beaucoup d’humour et d’autodérision à l’ensemble. Il a cependant parfois tendance à en faire de trop, diluant ainsi la force de son message. Diminuer le nombre de parenthèses inutiles aurait certainement contribué à prendre son témoignage plus au sérieux. Visuellement, le style caricatural du dessin accentue d’ailleurs encore un peu plus le côté humoristique et désinvolte de l’ouvrage, faisant ainsi un peu trop d’ombre à un fond foncièrement sérieux et à la gravité du propos.

Lecture indispensable !


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