La relecture des tomes 5 et 6 d’Harry Potter a apporté son lot de surprises. La relecture des précédents tomes n’avait pas changé mon avis : ce qui m’avait plu à l’époque me plaît toujours et ce qui m’avait déplu me deplaît encore. Or, relire l’Ordre du Phénix et le Prince de Sang-Mêlé a changé l’opinion que je portais sur ces deux livres.
Harry Potter et l’Ordre du Phénix : un tome pour rien ?
Lors de ma première lecture, j’avais trouvé l’intrigue avec Umbridge et le début du tome 5 long et bancal. Cette fois-ci, j’ai non seulement trouvé cela excessivement long mais surtout peu crédible. Il est assez étonnant que la mort de Cédric Diggory ne suscite aucune réaction ou presque : personne ne cherche à savoir comment il est décédé et la vie reprend son cours comme si de rien n’était. Pire, on refuse de croire que Voldemort est de retour. Certes, cela donne à J.K Rowling un ressort narratif intéressant : Harry est isolé et le ministère surveille Dumbledore mais il est invraisemblable que personne ne croit Dumbledore, le sorcier le plus puissant et l’autorité morale la plus élevée du monde de la magie.
La « méchante » du tome 5…
Alors que le tome 4 avait créé une superbe dynamique et que le combat entre Voldemort et Harry allait enfin commencer, le tome 5 nous offre une professeure tyrannique (sans relief et caricaturale) qui martyrise ses élèves et la dynamique des précédents tomes est rompue, comme si J.K Rowling craignait d’être allée trop vite. La deuxième partie du livre (lorsque Harry commence à partager les pensées de Voldemort) est plus intéressante mais de nombreux chapitres sont longs ou sans intérêt (surtout celui concernant Grawp, le frère géant d’Hagrid). On a beaucoup de mal à s’attacher à Harry, qui, en pleine crise d’adolescence, est insupportable (mais peut-être est-ce moi qui ait vieilli). La romance avec Cho Chang ne suscite aucune émotion ou presque tant leur relation est étrange, peu crédible et pose de sérieuses questions psychanalytiques (Harry sort quand même avec l’ex-petite amie de Cédric, qu’il a vu mourir sous ses yeux)
Mais la plus grande faiblesse du livre réside dans l’absence d’intrigue de long cours : il y a aucun mystère, ni énigme à résoudre, contrairement aux tomes précédents. Le principal élément de suspense est de découvrir ce que renferme la salle qu’Harry voit en rêve. Et la prophétie révélée est bien décevante…
Badass Harry
Heureusement, la fin du tome est sauvé par le talent de J.K Rowling. Le chapitre The only one he ever feared est l’un des meilleurs de la saga et on retrouve enfin le souffle épique de la saga. Au final, on a donc un livre qui traîne en longueur, sans événement notable ou presque (Sirius meurt et c’est à peu près tout) alors que le livre est un immense pavé. La première lecture ne m’avait pas donné ce sentiment, je pense que, comme tout lecteur, les éléments divertissants et le suspense instauré faisaient oublier toutes les faiblesses du livre.
Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé : le meilleur tome de la saga ?
Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé débute là où le tome 5 aurait dû débuter : la lutte contre Voldemort commence enfin.
Disons le tout de suite, je pense que le tome 6 est le plus abouti de tous et la relecture a été un vrai plaisir. Enfin J.K Rowling fait des chapitres plus condensés, sans longueur ou presque et elle renoue avec les multiples intrigues savamment construites : l’identité du Half-Blood Prince, les tentatives de meurtre, les suspicions sur Malefoy, le passé de Voldemort, la chasse aux Horcruxes et la relation Harry/Slughorn… L’ensemble est parfois un peu trop lisse, sans événements marquants et le final, superbe, a tendance à écraser le reste du livre (d’ailleurs, je me rappelais assez mal de ce tome, puisque l’assassinat de Dumbledore par Snape marque tant les esprits qu’on oublie le reste). L’ambiance rendue est également intéressante : il règne tout au long du livre une atmosphère sombre et mélancolique. La douleur d’Hermione, blessée par ce gros lourdaud de Ron, est bien rendue (on se demande encore ce qu’elle peut bien lui trouver mais bon…).
Le véritable héros de la saga
La relecture du tome 6 m’a donc permis d’en apprécier toutes les qualités et lui donne une profondeur qu’on ne remarque pas forcément à la première lecture. Le travail d’écriture très abouti de J.K Rowling est également très agréable. Peut-être aussi savais-je qu’il fallait profiter de ce tome avant la grosse déconvenue du 7…
Au final, j’ai tendance à préférer les tomes 3 et 4 car ils transmettent plus d’émotions et forment une excellente dynamique, au cœur de la saga Harry Potter mais sur le plan littéraire, le tome 6 est le meilleur, le plus équilibré et le mieux construit.
Avec ce tome 6, on pouvait légitimement s’attendre à un tome 7 mémorable. Pourtant, c’est l’inverse qui se produit puisqu’en guise de tome 7, J.K Rowling nous livre un immense ratage, une grande déception et surtout une incompréhension.