Elle tient un journal auquel il tient.
Elle l'écrit pour écrire
Il croit être le seul à la lire
Qu'elle s'adresse à lui
Alors qu'elle a toujours fui ce genre de réduit
Qu'il ne l'aime pas ou qu'il l'aime
Ce n'est pas son problème, à elle... Ni son thème, ni son anathème
Elle appelle, rappelle et interpelle d'autres que lui
Le message est pour eux, jamais pour lui.
Personne n'a ni amant, ni ami...
Mais des lecteurs épris de ses écrits
Des camarades qui s'inspirent de son récit pour vivre leur vie.
Elle invente toutes les histoires qu'elle raconte
Et il y a toujours quelqu'un pour lui régler son compte
Qui a mal pris, mal compris...
Le scénario où elle pleure, le scénario où elle rit
Il lui en veut de faire ce qu'elle fait
Il l'envie d'être ce qu'elle est... Personne en fait !
Pour vous décrire mon souci
Je vous prie de vous représenter le plus énorme des incendies
L'incendie des incendies qui embrase tout ce qui vit :
Minéraux, végétaux et animaux...
Et pendant que les uns et les autres cherchent une position d 'abri
Le colibri arrive avec à son bec
Une petite goutte de rosée pour éteindre le feu...
Tous les autres animaux se mordent la queue
En se disant : une goutte de rosée c'est trop peu
Le colibri n'a aucune chance d'éteindre le feu
Il sera bientôt réduit en cendre comme eux !
Car les flammes ont une faim sans fin, une faim de Dieu
Le colibri sourit...
Il sait que pour lui aussi, c'est fini.
Mais il ne périra pas comme tous ces imbéciles
Il périra avec une conscience tranquille
Parce qu'il apporta sa part : sa petite goutte de rosée
Pour contribuer au Salut général
Sa petite espérance pour chasser le mal
Il périra mais son geste ne périra pas
Il demeurera impérissable.