Deux morts et une vingtaine de blessés dans une bataille rangée
De tragiques affrontements se sont produits entre deux bandes rivales, issues des quartiers ‘Les Amandiers' et ‘Les Annasers' à El Bayadh. Le bilan est lourd : deux morts, des jeunes âgés de 24 et 28 ans, et une vingtaine de blessés. Cette bataille rangée s'est produite, très tard, dans la soirée de lundi, près de la gare routière. Les membres de ces deux bandes s'étaient donné rendez-vous pour régler un différend lié à une histoire d'agression. Armés de longs sabres et de couteaux et déterminés à faire couler le sang de leurs adversaires, les membres de ces bandes se sont violemment affrontés, devant des passants et des riverains ahuris, par tant de violence.
Du jamais vu à El Bayadh. L'un des agresseurs, armé d'une hache, a poursuivi sans ménagements son rival, ensanglanté jusqu'à l'intérieur de l'hôpital de la ville et a été fort heureusement neutralisé par les policiers avant qu'il n'ait eu le temps d'arriver à ses fins. Le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd, sans l'intervention des éléments de la BRI (Brigade de recherche et d'investigation) sur les lieux du drame. A l'issue de l'enquête diligentée par la Brigade judiciaire relevant de la Sûreté de wilaya, six personnes impliquées dans ces affrontements ont été présentées devant le procureur de la République près le tribunal d'El-Baytadh et placées sous mandat de dépôt. Une personne impliquée dans cette affaire, actuellement en fuite, est activement recherchée.
La violence urbaine prend, ces derniers temps, une ampleur inédite comme en témoigne la multiplication de ces macabres « faits divers », qui malheureusement ne semble pas susciter de réactions appropriées de la part des instances concernées qui tentent d'en limiter la portée.
En début de semaine, trois personnes sont décédées à Echatt dans la wilaya d'El Tarf, à la suite d'une bagarre d'une rare violence, qui a vu l'utilisation par les protagonistes d'un fusil harpon, de haches, de barres de fer et de couteaux. Quatre personnes ont été arrêtées et placées sous mandat de dépôt par le magistrat instructeur près le Tribunal de Dréan.
A Constantine, une bande de jeunes a investi un CEM de l'Unité de Voisinage (U.V), jeudi dernier. Les assaillants en nombre important, munis d'armes blanches se sont introduits à l'intérieur de l'établissement scolaire, à la recherche d'un jeune, selon des témoignages. Les collégiens ont été pris de panique. Neuf élèves, des filles en majorité, ont été admis au service des Urgences. «Il n'y a pas de blessés par arme blanche parmi ces élèves, ils étaient plutôt sous un «choc émotionnel», et ils sont rentrés chez eux après avoir reçu les soins nécessaires», avait indiqué une source médicale. Pour rappel, le quartier a déjà connu des scènes d'affrontements violents entre bandes rivales.
Banalisation de la violence
Dernièrement le Pr Rachid Belhadj, médecin légiste au CHU Mustapha Pacha d'Alger, expert près le ministère de la Justice, soulignait que cette violence a pris une forme «communautaire», tout en affirmant que le phénomène n'était pas nouveau. «La violence est là, elle existait depuis longtemps, et elle sera toujours là. Ce qui nous inquiète, c'est cette violence en milieu communautaire, qui ne cesse d'augmenter, avec les coups à l'aide d'armes blanches», explique-t-il.
Et d'ajouter: «nous avons vécu une décennie noire, ensuite des catastrophes naturelles comme les inondations de Bab el Oued et le séisme de Boumerdès, et le fruit en est l'émergence de la violence, qui peut être verbale puis contre soi-même ou contre l'autre». Le Pr Belhadj ajoute «nous assistons, en tant qu'Algériens, à une organisation de la violence», avec des bagarres, dans les quartiers, entre protagonistes souvent jeunes.