En refermant ce livre vous aurez l’impression de vous être fait rouer de coups, et d’avoir perdu une bonne part de vos illusions sur la nature humaine. Les happy-end sont réservés aux contes de fée et ici vous croiserez plus de charognes que de bonnes étoiles.
Jacky Mauchrétien, dit L’ours, est un exploitant forestier, propriétaire d’établissements de nuit et de bars dans une région forestière et agricole. Les descriptions m’ont fait penser à ses petites villes fantômes que l’on traverse parfois, villages coupés en deux par de triste nationale entourés de vaste étendue agricole.
L’entreprenariat de l’ours n’est qu’une façade. Il est le chef de clan d’une troupe de dégénérés abusifs et violents exploitant, depuis la Souille, une datcha en forêt, la misère humaine. Drogues, proxénétisme, violences, chantages, manipulations tout est bon pour se faire du fric et se rouler dans la fange. Durant tout le début du livre, une analogie m’a frappé. Je découvrais l’ours et son clan et j’avais pour image Craster, sauvageon vivant au-delà du mur entouré de ses femmes qui sont aussi ses filles dans Games of thrones. Ils vivent au fond de la forêt dans une immense cabane grise, froide et terrifiante.
L’ours a une fille de 17 ans, Kimy dont il abuse depuis son enfance et qu’il prostitue. Kimy revend la came de son père au lycée et planque une petite partie des bénéfices afin de préparer son départ. Elle a décidé d’affronter le monstre, son géniteur. Elle ne veut pas seulement l’affronter, elle veut le détruire, réduire à néant son clan.
Elle rencontre Henri, un prof solitaire essayant de survivre à l’abîme qu’est devenue sa vie depuis un tragique événement. Ces deux âmes blessées vont s’allier, l’heure de la vengeance a sonnée et le plan est machiavélique.
Le risque de ce type de récit est de tomber dans une écriture facile et vulgaire, d’en faire un roman de gare où la faiblesse du scénario est maladroitement masqué par la violence et l’horreur. L’horreur du récit doit être portée par une écriture précise et c’est le cas ici. Mattias Köping nous sert un texte acéré, percutant et sans concession. La lecture est brutale voir par moment insoutenable mais l’auteur sait faire naître un véritable attachement aux personnages de Kimy et Henri. Comme dans les plus grands thrillers j’ai eu peur pour eux, j’ai espéré, senti mon cœur s’emballer, j’ai été dévastée également.
Ce roman est d’une immense dureté mais il est impossible de le lâcher jusqu’à la dernière page.
Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Ring pour l’envoi et la découverte de ce livre.
♦ Les démoniaques de Mattias Köping
Editeur : Ring
ISBN : 979 10 91447 47 8
Parution : mai 2014
Pages : 393
Prix : 21 €
Classé dans:LIVRES, Polar, Récit, Roman noir, Thriller Tagged: Babelio, crime, démoniaque, drogue, meurtre, mort, peur, prostitution, ring, vengeance, violence