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L'Institut national de la statistique et des études économiques français (INSEE), a recensé quelque 99 000 chefs d'entreprise d'origine algérienne en Europe, dont une majorité en France. Aux Etats-Unis, la communauté algérienne compte au minimum 3000 chercheurs et scientifiques high tech. Le Canada, l’Australie, le Japon et même la Chine et les pays du Golfe arabe, sont devenus des terres d’accueil pour un nombre précieux de cadres algériens.Lors d'une récente rencontre sur "la nouvelle économie algérienne", organisée à Paris par le Réseau des étudiants algériens diplômés des grandes écoles françaises (REAgE), l’accent avait été mis sur "une prise de conscience" de l’élite algérienne établie à l’étranger pour "mettre son savoir-faire et son expérience au service du développement national".QU’EN EST-IL RÉELLEMENT DANS LES FAITS?Se voulant percutants, les organisateurs avait défini trois axes susceptibles de servir d’entonnoirs à cette précieuse contribution de la diaspora algérienne du savoir : "l’enseignement supérieur et la recherche scientifique"; "l’amélioration de la compétitivité des entreprises nationales et le développement des iDE" et, enfin, "la réalisation d’analyses et d’études pouvant assurer l’essor du pays dans tous les domaines".Vu ce qu’endure le pays en matière de fuite des cerveaux, le REAgE pouvait devenir «une plateforme de rencontres et d’échange d’informations pour les opérateurs algériens et français, un vecteur de création d’entreprises et de partenariat et un vivier de talents et de compétences pouvant aider l’Algérie à devenir un pays émergent», note-t-on.Par parenthèses et selon les sociologues, la fuite des cerveaux se produit lorsqu’un pays perd ses élites, c’est-àdire ses spécialistes et sa main-d’oeuvre qualifiée en raison de l’émigration. l'Algérie fait partie de ces pays qui constituent des «réservoirs» de compétences, parfois bon marché, il est vrai, pour les pays développés.Cette parenthèse fermée, il faut, pour se faire une idée de la saignée que vit le pays dans ce domaine, avoir recours aux chiffres.Dans les débats organisés, à Alger, par le Forum des chefs d'entreprises (FCE) sur le sujet, il a été admis qu'en 10 ans, plus de 40 000 chercheurs ont quitté le pays. Ajoutant du grain à moudre dans le moulin du FCE, un rapport du Conseil national économique et social (Cnes), datant de quatre ans, relève qu’au moins 7000 médecins algériens, dont 2000 dans la seule région parisienne, exercent en France. Selon des estimations à cet effet, il en ressort un départ de quelque 72 000 diplômés algériens vers la France en 10 ans.Pour sa part, l'institut national de la statistique et des études économiques français (iNSEE), a recensé quelque 99 000 chefs d'entreprise d'origine algérienne en Europe, dont une majorité en France. Aux Etats-Unis, la communauté algérienne compte au minimum 3000 chercheurs et scientifiques high tech. le Canada, l’Australie, le Japon et même la Chine et les pays du golfe arabe, sont devenus des terres d’accueil pour un nombre précieux de cadres algériens. Ces quelques chiffres, loin d'être exhaustifs de l'exode massif des cadres et élites algériennes, renseignent, si besoin est, sur l'état du pays. Des élites, formées avec les deniers de l’Etat, souvent en devises fortes, et qui, parce qu’elles sont négligées chez elles, sont captées par des pays développés dont la demande en matière grise est de plus en plus croissante.ILS VEULENT RENTRER EN ALGÉRIE MAIS…Mais si bon nombre d’Algériens sont très désireux de rentrer chez eux et de participer au développement du pays, leurs aspirations sont "sérieusement compromises par l’inadéquation de ce que leur offrent les pouvoirs publics avec le confort et le bien-être social qu’ils ont arraché grâce à d’énormes sacrifices à l’étranger. En effet, les conditions de travail existantes sont bien loin de celles qu’offrent les pays d’accueil. les services sociaux sont inadaptés, l’école sinistrée, … etc.Toutes ces causes contribuent à l'exode des élites d’une manière générale, et font qu’en Algérie elles deviennent plus prégnantes car l’Algérien est connu pour ses exigences qualitatives et surtout pour son rejet de toute forme de hogra. l'Algérie qui a laissé partir ses compétences paye le prix fort aujourd’hui en faisant appel à l'expertise et à la main-d’oeuvre qualifiée étrangère, dans un contexte marqué par le lancement de beaucoup de projets structurants. Ce recours obligé à l’expertise étrangère coûte à l'Algérie des millions de dollars par an, voir des milliards.La Sonatrach perdrait régulièrement entre 30 et 40% de ses cadres au profit des entreprises étrangères, selon certaines indiscrétions. idem pour Air Algérie qui, en sous-estimant ses cadres et ses pilotes, les a offert aux compagnies du golfe qui sont en plein essor. Ce qui est vrai pour ces entreprises, l’est également pour l’Entreprise de télévision (ENtV), les arts, le sport…, etc.«En Algérie, nous dira un responsable de banque, il n'y a pas de stratégie de gestion des Ressources Humaines. il n’y a que du bricolage et quand le benâamisme, le copinage et le népotisme font office de CV pour des postes sensibles, il ne faut trop chercher pourquoi nous subissons une hémorragie de notre matière grise». En dépit de ses sporadiques appels du pied en direction de ses cerveaux expatriés, les pouvoirs publics demeurent dans le flou en termes d’offres concrètes visant à ramener nos expatriés. les responsables politiques qui plaident pour un programme visant à susciter le retour des compétences ou leur contribution judicieuse à partir de l'étranger, gagneraient à faire une revalorisation des statuts des chercheurs, des scientifiques, des cadres et autres professionnels qualifiés.Les expériences de pays asiatiques confrontés à ce phénomène et qui ont réussi à rapatrier leurs élites sont à méditer. Des pays comme l'inde, la Corée du Sud ou la Chine ont eu à créer des conditions de retour pour leurs expatriés, mais ont su, aussi, mobiliser ceux qui n'ont pas voulu revenir au pays en les associant à distance aux projets de développement du pays. l’Algérie vat- elle faire ce pas ? https://www.linkedin.com/pulse/lalg%C3%A9rie-peut-elle-faire-revenir-ses-cerveaux-laarvy-djouadi