De nombreuses femmes ont été répudiées parce qu’elles ne fournissaient pas de gosses à leur époux. C’est notamment le cas de la reine Marguerite, première femme du roi Henri IV, mais aussi de Joséphine, première épouse de Napoléon Bonaparte. Et Catherine de Médicis a bien failli y passer. Ben oui ? Une femme est faite pour faire des gamins et fournir des héritiers, pas seulement pour faire la belle sur le trône royal, impérial, ou peu importe lequel.
Ce que l’on sait moins, c’est qu’une femme peut faire annuler l’union avec dommages et intérêts, si le mari est impuissant. Alors, pas si ça arrive une fois tous les huit ans. Seulement si le mariage n’a pas pu être consommé. Et entre 1550 et 1791, on ne rigole pas avec les mecs qui bandent mou.
Le mariage c’est important mais le cul aussi…
Le mariage est important, il structure la société et la rend pérenne. Oui, enfanter hors mariage c’est un scandale. Alors on se jure fidélité, on s’enfile des alliances, un bisou et c’est parti. On attend d’un couple marié qu’il enfante. La femme ne doit pas aller voir ailleurs, car elle pourrait tomber enceinte du voisin et un homme n’a pas à élever avec son argent le gamin du voisin. La contraception étant interdite, l’épouse ne peut donc pas tromper son mari. En revanche, le contraire est possible,un homme peut bien coucher avec la terre entière. Mais le mieux c’est encore lorsqu’il coïte avec sa meuf, en vue d’enfanter.
S’il ne le fait pas, la femme peut demander l’annulation de l’union et obtenir réparation. On considère à l’époque qu’un homme qui a des troubles de l’érection offense sa femme et ne respecte pas l’œuvre du mariage : la procréation. Il offense l’Église. Concrètement, si le mec ne bande pas le soir de la nuit de noces, tout le monde a un peu les glandes, mais ça passe. On met ça sur le coup de l’émotion. Mais si ça vient à durer, il va devoir passer devant le tribunal d’impuissance !
Le Tribunal d’impuissance
Le tribunal a pour vocation de trancher, la femme dit-elle la vérité ? Si c’est bien le cas, si le mari est impuissant, alors elle obtient l’annulation du mariage, une partie des biens et du fric. Des dommages et intérêts quoi. En revanche, si le mec arrive bien à bander et à faire le job, ben,le mariage est maintenu mais j’imagine que les relations entre époux sont un peu tendues (tu l’as ?).
Pour vérifier tout ça, les institutions ont tout prévu…
Le déroulement du procès pour impuissance avant 1677
Le procès devant le tribunal d’impuissance se déroule en cinq étapes. Premièrement, le mari doit avouer. Ensuite, il y a une enquête de voisinage, on fait témoigner des voisins, des proches… Quelqu’un qui puisse affirmer ou non que le mec est impuissant. Chelou quand même. On impose également une vie commune aux époux de trois ans, pour être vraiment sûrs. Vient ensuite l’expertise médicale. Les époux sont entendus séparément et sont auscultés. Faut voir si rien ne bouge du coté de l’homme et si la femme est bien encore vierge. Et enfin ! C’est l’heure de la mise en pratique, c’est ce qu’on appelle, l’épreuve du Congrès.
On demande au couple de baiser devant cinq matrones, cinq chirurgiens et cinq médecins… Si ça ne marche vraiment pas alors le mec est impuissant et l’épouse gagne le procès. Il devait être à l’aise devant 15 personnes le bonhomme…
Un exemple qui fait loi
En 1657, la marquise de Langey, accuse son mari d’impuissance C’est un peu la honte pour une famille aristocratique de se retrouver devant le tribunal d’impuissance… Le marquis avoue ne pas pouvoir bander, les amis témoignent, il n’y a pas d’enfant. Les examens ne montrent rien. Tout le monde va bien, mais effectivement, monsieur est un peu mou. Deux ans plus tard, pour que le tribunal puisse se prononcer, passage obligatoire devant l’assemblée des quinze personnes. C’est l’heure du Congrès pour les Langey. Au moment du coït, rien ne fonctionne pour le marquis. Il est impuissant. En plus de ça, il est humilié, il perd le procès, il doit filer des biens à son ex femme et surtout, il n’a plus le droit de se marier tant que son ex est en vie.
Malgré l’interdiction, le marquis de Langey va trouver une compagne. Ils ne sont pas mariés mais dans le lit conjugal, qui leur est interdit, ils ne se font pas prier. Le marquis devient père de six enfants. Elle est loin l’humiliation du tribunal, mais ce qu’il souhaite c’est épouser la mère de ses enfants. Alors il va faire scandale en parlant d’erreur judiciaire et il obtient gain de cause. Langey peut se marier et un arrêt de 1677 supprime alors la réunion et le coït obligatoire devant jury. Désormais, il suffit de se faire palper les couilles pour voir si tout est à sa place.
En 1791, avec la Révolution et la constitution, le tribunal d’impuissance disparaît.
Article illustré par le Decameron, ed. 1400/1500. Si tu as aimé cet article, n’hésite pas à soutenir le blog. Et si tu veux un roman sympa à ce sujet, je te conseille le livre de Jean-Guy Soumy.