Suivre le parcours d’une artiste sur une période suffisamment longue permet de mettre en lumière ses évolutions, ses bifurcations, ses choix parfois surprenants. J’avais découvert les travaux graphiques de Marie-Ange Le Rochais à la fin des années 1970. Elle exposait alors chez Liliane François, une galeriste de la rue de Seine qui s’intéressait à la nouvelle figuration et aux jeunes talents. Sur les cimaises, selon mes souvenirs, se trouvaient des dessins au crayon, au crayon de couleur et des acryliques dans une approche très inspirée des hyperréalistes américains – un style proche de Richard Estes, Don Eddy, Robert Bechtle ou, aujourd’hui, Nathan Walsh ou Doug Schoemaker. Des scènes érotiques voisinaient avec des paysages, dont le ciel bleu éclatant suggérait la Californie. Cette esthétique quasi-photographique témoignait d’une belle maîtrise technique.