Jeu trouble du cimentier français Lafarge : entreprise économique ou société écran ?
Le «cimentier» français fait encore parler de lui. Les accusations qui accablent cette entreprise sont d’une gravité extrême. Elles confirment, en tout cas, la thèse très répandue de l’implication des officines secrètes dans la création et le financement de groupes terroristes islamistes instrumentés pour provoquer des guerres civiles dans les pays arabes dont les régimes et les peuples refusent de s’aligner sur les puissances occidentales. Cette nouvelle information, révélée par l’association Sherpa pour la protection et la défense des populations victimes de crimes économiques, qui a déposé plainte à Paris contre l'entreprise française pour «financement du terrorisme», intervient après une autre information dévoilée par Algeriepatriotique en mars 2015 sur une étrange demande adressée aux journalistes algériens, les priant de remplir de vrais fichiers de renseignement dignes d’une autorité administrative ou policière.
Selon les révélations relayées par plusieurs médias français, la société française Lafarge a «indirectement» financé en Syrie l'organisation terroriste Daech entre 2013 et 2014. Lafarge avance l’argument très machiavélique de la contrainte imposée par la présence de ce groupe terroriste dans la région où l’entreprise est implantée en Syrie. Mais cet argument pourrait, néanmoins, fort bien cacher une autre vérité : le groupe Lafarge est-il une société écran qui mène des opérations secrètes dans ce pays livré à la guerre civile et où les groupes islamistes armés bénéficient du soutien de Paris ?
Une interrogation d’autant plus légitime que le procédé utilisé par cette entreprise pour «espionner» les journalistes algériens dénote une tendance chez cette entité suspecte à déborder de l’activité économique. En mars 2015, la filiale algérienne de Lafarge avait adressé aux médias algériens un formulaire d’identification dans lequel il était demandé des renseignements poussés sur les journalistes destinataires du document, sur le média auquel ils sont rattachés et sur la rédaction en chef. Lafarge affirmait «procéder à la mise à jour de la base de données des journalistes dans le but de (les) convier à (ses) futurs événements». Il faut rappeler à ce propos que les relations de la filiale algérienne du cimentier français avec la presse ont toujours été empreintes de méfiance.
Le groupe Lafarge a acquis plusieurs cimenteries en Algérie dans des conditions souvent décriées par la presse et a été à plusieurs reprises au centre de polémiques liées à la gestion de ses entreprises et aux grèves de la faim lancées par des ouvriers qui y travaillaient pour dénoncer des abus commis par leur employeur. La multiplication des scandales financiers dans lesquels ce groupe était impliqué depuis son installation en Algérie a achevé de ternir son image auprès des Algériens.
Karim B.