Avant d’entrer dans les salles de peinture flamande et hollandaise où Jan Fabre s’est installé jusqu’au 7 juillet, il faut se vider de soi-même, devenir humble et prêt à recevoir, comme nous le rappelle ce petit bonhomme sanguinolent devant un van der Weyden (Je me vide de moi-même). Cet ensemble d’oeuvres de Jan Fabre nous enseigne ceci, l’humilité, la compréhension du passé, l’assimilation de ses leçons pour mieux vivre dans le monde d’aujourd’hui.
C’est ce que tous les grognons imbéciles qui ont protesté contre cette exposition, qui ont pétitionné contre elle, et contre “l’AC” comme ils disent, qui ont crié à l’iconoclasme et au scandale, ne peuvent pas comprendre, embaumés dans leur conservat(eur)isme, incapables de faire un lien entre l’art splendide de Rembrandt, de Rubens, de van Eyck, et le monde d’aujourd’hui, le monde de chair, de sang, de bouse, de lutte et de mort dans lequel nous vivons. Rendez-vous compte, dit l’un, “on ne peut voir correctement la Cène de Frans Pourbus; le Louvre se transforme en Disneyland”.

Or chacune des oeuvres de Fabre, loin d’être un faire-valoir, un gadget, entre en résonance avec les oeuvres anciennes qui l’entourent, nous fait faire un grand écart entre l’histoire et le présent de manière éloquente. L’agneau d’or carnavalesque sacrifié sur un lit de poudre d’os (Sanguis sum, ci-dessus) reprend un thème éternel de la mystique chrétienne,

Oui, il y a partout transgression, imitation et déformation. Jan Fabre connaît infiniment mieux l’art de ces contrées que tous ces petits Trissotins, et il le connaît intimement, dans sa chair, il sait le traduire, non point en termes pédants avec notes en bas de page, mais dans son sens même, dans ce qu’il signifie pour nous aujourd’hui. Le Boeuf écorché de Rembrandt est un tableau génial et répugnant devant lequel nous hurlerions, nous vomirions, si seulement nous étions capable de nous défaire de la révérence envers le maître.


Je ne peux tout vous montrer ici, encore deux pièces, cette Luge de Nuit d’abord, suspendue en hauteur, d’un bleu sombre et éclatant. Elle semble accueillante, maternelle, protectrice, purificatrice, mais elle nous surplombe, instable et menaçante; est-ce une niche ou un sarcophage , on pense au Roi des Aulnes (l’original, celui de Goethe), à l’innocence dérobée.

Photos provenant du catalogue.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 14 novembre à 12:35
je pense que Fabre joue avec la sexualite, les symboles et la mort...c' est genial. antigone http://lego4.blogspot.com