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Chroniques d'Alger - Volet 1

Par Gangoueus @lareus
Chroniques d'Alger - Volet 1
J’évolue en mode journaliste. Après mon passage au salon de Genève cette année où j’ai eu le plaisir de parler de mes activités de blogueur avec d’autres acteurs du monde du livre, il m’a été demandé d’intervenir dans le cadre du salon du livre d’Alger pour parler de blogs littéraires, réseaux sociaux et d’éditions numériques. Vous le savez c’est mon nouveau dada, le livre numérique. Et je pense que rien ne se fera sérieusement en littérature africaine sans le développement, sinon l’exploitation des moyens qu’offre le numérique pour palier aux manquements récurrents de la chaîne du livre en Afrique francophone. Cette invitation proposée par Narriman Sadouni est un honneur. Parler de mes activités littéraires en terre africaine revêt un sens particulier. Parce que l’Algérie est en Afrique n’en déplaise à quelques esprits chagrins ou à une mauvaise connaissance de la géographie pour beaucoup. Je remercie donc chaleureusement les autorités algériennes pour cette invitation et cet accueil.
Arrivée et accueil généreux. La première chose marquante de mon séjour en Algérie est celle de l’accueil et des conditions remarquables qui ont entouré mon accueil à Alger. Ben, oui, tu reçois une lettre du ministère de la culture de ce pays, et tout est fait pour te faire comprendre que tu es l’invité de ces autorités. Ce n’est pas une première pour moi, mais il me semble important de souligner cette dimension qui participe au respect que l’on peut apporter aux hommes de lettres et à ceux qui participent à la circulation de leurs idées.
De manière assez surprenante, en arrivant à l’Hilton après avoir été confronté à quelques bouchons, quel plaisir de rencontrer mon yaya, mon grand frère, l’écrivain algérien Yahia Belaskri. Un auteur passionnant dont certains d’entre vous ont eu l’occasion de lire les chroniques consacrées à deux de ses romans sur ce blog ou encore son intervention à l’émission Les lectures de Gangoueus. Lors de cette première soirée j’ai eu le plaisir d’échanger avec des hauts fonctionnaires belge et français qui devaient intervenir sur les différentes approches pour l’enseignement de la littérature dans le primaire et le secondaire. Je dois dire que ce fut passionnant d’entendre ces universitaires parler de leurs communications respectives. Et je pense que c’est un point sur lequel que je devrais revenir et sûrement je lirai Le joueur de flute de Hamelin* pour poursuivre la méditation. Il est intéressant de voir combien les autorités algériennes se sont données les moyens de faire venir de grands experts en science de l'éducation pour penser l’enseignement de la littérature et pour améliorer l'initiation des jeunes algériens - à moyen terme - à la lecture et la critique de textes. A noter que dans le programme extrêmement dense du salon, j’ai noté les possibilités des conférences sur des sujets tout aussi importants et variés que l’anthroponymie, la question du livre numérique.
TâtonnementsInvité dans le cadre de l’espace Esprit Panaf, j’ai vite pris le pouls de ce lieu dédié au monde littéraire subsaharien. Et la première rencontre que j’ai faite dans cet espace apaisé, loin du tumulte de la grande exposition, est celle de l'artiste plasticien malien Ismael Diabaté. A mon arrivée, l’homme  est totalement absorbé. Il travaille sur un tissu en coton jaune ocre. Derrière lui, deux très grandes toiles. C’est du bogolan. Je prendrai soin de vous proposer une présentation de ce peintre exceptionnel. Alors que je suis totalement absorbé par l’écoute d’Ismael Diabaté, que je ne réalise pas la présence du poète Ali Chibani. Ce dernier est également présent au SILA pour la promotion de son nouveau livre.
Chroniques d'Alger - Volet 1
Hulo GuillabertLe lundi après midi, Hulo Guillabert portait son regard sur l’édition numérique. En faisant cela, elle est entrée en phase avec le thème du SILA qui pour 2016 était « Totale connexion ». Hulo Guillabert est sénégalaise. Elle a un parcours qui lui a permis de voir plusieurs contrées, des milieux professionnels divers avant de créer  il y a quelques années les éditions Diasporas noires. Le discours est très militant, volontaire, très panafricaniste et méfiant à l’endroit des institutions occidentales. Dans le cadre de son intervention, elle présente sa maison d’édition assez spécifique qui oscille entre l’édition numérique et la publication de livres papier en affirmant  un désir de liberté et de promotion de discours peu audibles. Le regard d’Hulo Guilabert sur les opportunités qu’offrent l’édition numérique interpelle. Sous certaines formes, le livre audio en particulier, il est une possibilité de redonner une place importante à la littérature orale. Le livre audio est un champ ou les éditions Kinmédias sont précurseurs. Il y a des points forts et des points faibles dans l’approche de l’éditrice sénégalaise. Je retiens que l’entre-deux que choisit Diasporas noires est un frein au développement de cette structure. Le papier / Le numérique. L’impression à la demande est coûteuse quand il s’agit de produire un texte à l’unité sans compter les frais de la logistique de transport qui nous ramène dans les travers de l'édition conventionnelle. La sénégalaise a le mérite de travailler dans un domaine nouveau avec passion et opiniâtreté.  
Virée dans le grand hall des expositions. Lundi soir, je me suis rendu dans le grand hall des expositions où tous les éditeurs et institutions du livre en Algérie étaient présents. Il devait être 18h00. Et je dois dire que j’ai été impressionné par l'affluence de la foule que je rencontrais. Des populations issues de plusieurs milieux sociaux différents, en famille souvent, des étudiants, des religieux, des intellectuels. Il faut bien comprendre qu’à cette heure précise, je n’ai rencontré que peu de gens se déplaçant sans un lot de livres. J’ai d’ailleurs demandé à un jeune homme lourdement chargé quelle était la finalité pour lui de l'acquisition tous ces ouvrages. « Pour les enfants d’une école! » m’a-t-il répondu un poil agacé. Disons-le et répétons-le, j’ai été quelque peu impressionné de cette ferveur collective autour du livre. Et les témoignages que j’ai recueillis m’ont permis de mieux cernés les enjeux de cette grande kermesse.
Nabile Fares, le grand absent ?Ce grand auteur algérien est décédé quelques mois avant le SILA. Au petit déjeuner, mardi 1er novembre, fête nationale, je discute avec un auteur qui me montre l’hommage qui va être rendu à un grand ponte. Et « Nabile Fares!  Rien a été prévu pour lui ! » . Nabile Fares fait partie de ces auteurs référents dont il est question quand on évoque l’Algérie. Mais, je  ne connais pas assez ce monde littéraire et les enjeux « extra-littéraires » pour comprendre cette absence… La discussion se poursuit sur d’autres grandes plumes disparues pendant les années noires du pays. Je découvre que Rachid Mimouni a sombré dans l’alcool loin de son pays, qu’Hamid Skif pour lequel nous avions réalisé une émission dans le cadre d’Afriqua Paris un hommage avec Yahia Belaskri s’est retrouvé coincé en Afrique du Sud sans possibilité de retour et il dut s'exiler en Allemagne. J’étais au courant de l’assassinat de Tahar Djaout, dont je suis entrain de lire Les chercheurs d’os, oeuvre ô combien remarquable. En même temps, je découvre en me plongeant dans la revue LivrEscqQ une littérature extrêmement dynamique, avec une pléthore de jeunes auteurs qui sont extrêmement prometteurs. Ma visite des stands des éditions Barzakh, Apic, Koukou pour ne citer que ces éditeurs ne fait que souligner pour l’observateur que je suis l’extrême richesse de la production littéraire algérienne.
A suivre...

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