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Brian K. Vaughan et Fiona Staples – Saga (Tome 6)

Par Yvantilleuil

Brian K. Vaughan et Fiona Staples - Saga (Tome 6)Cette excellente série imaginée par Brian K. Vaughan (Y, le dernier homme, Pride of Baghdad ou Ex Machina) se poursuit avec un sixième volet qui reprend les épisodes #31 à #36 de ce space opéra familial particulièrement jubilatoire.

Pour rappel, Saga invite à suivre les déboires d’un couple d’amoureux, issus de planètes ennemies et en guerre perpétuelle. Marko, notre Roméo cornu originaire de la planète Couronne, vit donc d’amour et d’eau fraîche en compagnie d’Alana, sa Juliette ailée issue de Continent. Au centre des débats (et à la narration), le lecteur retrouve bien évidemment la petite Hazel, fruit de leur amour interdit. Cette progéniture, issue de deux espèces qui sont en guerre depuis la nuit des temps, n’est cependant pas vue d’un bon œil par les peuples respectifs et se retrouve du coup pourchassée dès sa première bouffée d’air. La vie de couple n’est déjà pas un long fleuve tranquille, mais quand on est pourchassé par les pires tueurs professionnels de la galaxie, que les beaux-parents surgissent à l’improviste, que la baby-sitter est un fantôme et qu’une ex montre le bout du nez… il faut être sacrément balèze pour que l’amour survive !

Après un cinquième volet où les différents membres de la famille s’étaient retrouvés éparpillés aux quatre coins de l’univers, Marko et Alana sont à nouveau réunis et bien décidés à retrouver leur enfant. S’il y avait un peu d’eau dans le gaz du couple lors du quatrième tome, ce but commun semble cependant leur faire du bien. Si Marko et Alana se retrouvent de nouveau au cœur du propos, ils se font néanmoins voler la vedette par la petite Hazel. Cette dernière a maintenant quatre ans (et toutes ses ailes/cornes) et est toujours enfermée avec sa grand-mère dans une prison de la planète Continent.

En parallèle, l’auteur poursuit également la quête de nombreux personnages secondaires. Du tueur à gages nommé Testament, qui est enfin sorti du coma grâce au remède pour le moins surprenant trouvé par Gwendoline, La Marque et Sophie sur la planète Demimonde, au retour des deux journalistes d’investigation, en passant par les déboires de la famille royale Robot, l’auteur livre à nouveau une véritable petite pépite au niveau de la caractérisation. En multipliant les planètes et les espèces, l’auteur offre une lecture très diversifiée et une galerie de personnages extrêmement riche et parfaitement exploitée, qui s’étend au fil des tomes. Celui-ci marque ainsi l’arrivée de Noreen, la maitresse d’école de Hazel, et de Pétrichor, le transsexuel, et démontre une nouvelle fois la capacité de l’auteur à dresser le portrait de personnages terriblement humains et toujours aussi attachants et à composer des groupes de personnages assez improbables et de saupoudrer le tout de dialogues croustillants au possible.

Si cet ovni mélange avec brio space opéra, romance, chronique familiale, géo-politique, comédie, aventure, sexe, horreur, violence, chasse à l’homme, drame, action, science-fiction et magie, l’une des grandes forces du récit sont en effet les dialogues. Ceux-ci sont une nouvelle fois d’un naturel extraordinaire et débordent d’humour. Le choix d’Hazel en tant que narratrice du récit fonctionne également toujours à merveille, surtout que cette dernière revient sur les événements avec un certain recul et beaucoup de cynisme. Ajoutez à cela un character-design impressionnant, un univers débordant d’inventivité et la capacité de Vaughan d’aborder énormément de thèmes sensibles en toute décontraction, sans alourdir le récit, et vous obtenez une véritable tuerie qui gère de surcroît l’art du cliffhanger avec énormément de maestria.

Visuellement, le graphisme de Fiona Staples continue de fonctionner à merveille. La dessinatrice canadienne donne non seulement vie à des créatures loufoques au look très réussi, mais parvient surtout à mettre les délires du scénariste en images avec beaucoup de savoir-faire et d’esthétisme. À l’aide d’une colorisation qui accompagne toujours parfaitement le ton du récit, elle contribue aussi à installer une ambiance toujours adéquate. Elle offre également un découpage efficace qui rend la lecture très fluide et qui incite à tourner les pages à grande vitesse.

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