Maddie Young est une jeune écrivain sourde et muette ayant décidé de s'installer seule dans une maison au fond des bois, espérant que le calme et la solitude lui permettraient de retrouver l'inspiration pour écrire son prochain livre. Après une petite visite amicale de sa voisine, Sarah, elle ne se doute pas le moins du monde de la présence d'une autre personne près de la maison, un homme masqué et sadique qui est bien décidé à la tuer...
C'est en feuilletant par hasard le catalogue Netflix du moment que je suis tombé sur " Pas un bruit ". Je n'avais jamais entendu parler de ce long métrage mais son synopsis m'a tout de suite attiré. Ayant lu ensuite quelques bons avis le concernant, je me suis enfin décidé à le voir en espérant que ce film répondrait à mes attentes.
Dans l'ensemble, ce fut globalement le cas. Le scénario écrit par Mike Flanagan et Kate Siegel est assez plaisant. Dans le fond, il n'y a pourtant pas de grandes originalités et l'issue finale devient très vite prévisible mais mettre en scène une victime sourde et muette dans un univers isolé s'avère suffisamment puissant pour que la recette fonctionne à merveille.
Bien entendu, il y a de très grosses facilités. La réaction des personnages est parfois un peu simpliste et les ficelles sont très grosses. Pourtant, c'est quand même construit de façon plaisante puisque la tension reste palpable et que l'intrigue m'a tenu en haleine de bout en bout. D'ailleurs, quand on voit à quel point notre agresseur masqué du moment aurait pu vite en finir, réussir à faire un long métrage de presque une heure et demi devient presque un exploit.
Sur ce point, c'est quand même dommage que l'on n'exploite pas des masses l'agresseur. Il tombe malheureusement vite le masque ce qui lui enlève très vite cette " aura " qu'il pouvait avoir pour en faire un serial killer lambda. Quant à ses motivations, on n'en sera pas plus. C'est dommage car il y avait pourtant du potentiel à construire autour de ce personnage mais bon encore une fois, l'intrigue marche et c'est ce qui compte.
Pour camper ce psychopathe, John Gallagher, Jr. (L'homme masqué) fait le job. On est dans le stéréotype parfait du tueur fou mais l'acteur joue bien le jeu. On aurait pu perdre en charisme une fois que le masque tombe mais on entre alors dans une autre folie, plus basique, qui m'a toutefois bien plu. Dans son interprétation, la folie et l'exagération des traits est là.
Face à lui, j'ai beaucoup aimé Kate Siegel (Maddie Young). Jouer la peur d'une sourde et muette aurait pu très vite devenir casse gueule en frôlant le risible. Heureusement pour nous, l'actrice fait du très bon travail. Je l'ai trouvé convaincante dans la douleur, dans son combat et elle nous apparait très vite très sympathique. D'habitude, on a le droit à la jeune fille en détresse, là, j'ai vraiment apprécié de la voir prendre les choses en main du mieux qu'elle peut. Même si c'est un peu facile et que cela tranche avec le reste du film, les moments où on peut l'entendre parler dans sa tête m'ont plu tout en crédibilisant son statut de romancière.
Tout va vraiment se jouer dans ce face à face. Le reste de la distribution est presque anecdotique ne servant que d'accessoire à une intrigue afin de placer différents éléments et/ou relancer le rythme. Samantha Sloyan (Sarah) est agréable à voir tandis que Michael Trucco (John) ne s'en sort pas trop mal ce qui est une bonne chose puisque, habitué à le voir dans des séries télévisées, son jeu me laisse souvent de marbre.
J'avais quelques craintes vis à vis de la mise en scène de Mike Flanagan. Je connais mal son travail, ce film sort directement sur Netflix et l'affiche est assez légère. Bref, j'avais peur de me retrouver face à un simple téléfilm d'un début de dimanche après-midi. Heureusement là aussi que j'ai vite mis mes à priori de côtés.
Certes, il n'y a rien de bien novateur mais le réalisateur nous offre quelque chose de très efficace. Sa tension tient la route et en termes de huis clos, je me suis vraiment laissé prendre au jeu. Les décors sont pas mal même si parfois un peu répétitif et même si l'on voit tout de suite qu'il y a de nombreux accès facile dans cette maison, on a quand même envie de croire à la difficulté que peut éprouver le tueur.
Le montage est bien fait, il nous offre un rythme constant et la photographie est assez agréable. J'ai apprécié le fait qu'il n'y ait pas de surenchère. Cette maison assez spacieuse entourée de bois se suffisant à elle seule. Un excellent travail a aussi été fait sur le son pour que l'on se sente le plus proche possible de notre héroïne tandis que la musique composée par The Newton Brothers complète bien l'ensemble sans jamais être trop présente.
Pour résumer, " Pas un bruit " fut pour moi une bonne surprise. Ce n'est pas le film de la décennie, je comprends son exploitation en VOD mais j'admets que je n'aurais rien eu contre le fait de le découvrir en salles. On n'échappe pas aux facilités du genre que l'originalité de notre héroïne ne masque pas mais malgré ses maladresses, j'ai trouvé cette histoire assez prenante et divertissante. Le film doit beaucoup à son actrice vedette qui fait du très bon travail ainsi qu'à la mise en scène assez sobre qui a su crée une bonne ambiance. Bref, c'est un film que je reverrais avec plaisir.