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Quand Gaga fait place à la « lady », Joanne.

Publié le 05 décembre 2016 par Captain_h0wdy @twit2mat

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Vous connaissez forcément Lady Gaga pour sa mythique robe en viande et ses chaussures extravagantes griffées Alexander McQueen. Eh bien, la star de la pop a signé son grand retour. Au-delà de ses succès très bankable, elle nous offre un album aux airs d’autobiographie, fortement inspiré par ses débuts. Afin d’apprivoiser cette artiste aux multiples facettes, inutile d’avoir des aprioris ; il est donc conseillé lors de la lecture de ma plaidoirie musicale de chasser pour un temps de ses idées reçues sur l’image que l’on se fait de Stefani Joanne Angelina Germanotta.

Née dans le quartier de Manhattan à NYC en 1986, elle fera ses premiers pas d’étudiante dans un couvent avant de fréquenter brièvement la Tisch School of the Arts. Elle y étudiera la musique, rédigera des essais sur l’art, la religion ou l’ordre socio-politique L’appel de la musique se fera toutefois plus fort que celui des bancs de la fac puisqu’elle quittera rapidement le milieu scolaire pour enchaîner les petites scènes du Lower East Side, entonnant tant a capella qu’entourée de musiciens des titres à tendance rock ou bien jazz.

Elle connaitra une période très difficile entre 2005 et 2007, dont ses titres portent sans nul doute toujours l’empreinte aujourd’hui. Repérée par le label Def Jam alors qu’elle chantait dans le couloir de la maison de disques, Antonio Reid, grand manitou du label, la fait signer. Elle ne sera malgré cela jamais valorisée et attendait constamment devant les bureaux de la société pendant des heures pour que quelqu’un daigne écouter l’une de ses chansons. La rupture de contrat arriva très rapidement, et la chanteuse en fut bouleversée : s’en suivit des mois de flou artistique, de spectacles burlesques, de prises de cocaïne et de petites scènes jouées dans des bars alcoolisés.

En 2007, Gaga commence peu à peu à se faire un nom en tant que auteur-compositeur et travaille sur les titres de Fergie, les Pussycat Dolls ou encore Britney Spears, signées chez Konvict Music, le label d’Akon. Le producteur, à l’écoute de sa voix alors qu’ils travaillaient sur un guide vocal, remarque rapidement son timbre particulier et la signe à son tour. Elle sortira rapidement en 2008 son premier album, The Fame, énorme succès commercial et salué massivement par la critique. Parmi ses succès, Just Dance ou encore Poker Face. Après sa tournée, l’artiste sortira en 2009 l’opus The Fame Monster avec les célèbres titres Bad Romance, Telephone et Alejandro qui la mènent au sommet de la reconnaissance. Elle poursuivra l’aventure avec une tournée mondiale, The Monster Ball Tour, se classant parmi les spectacles les plus lucratifs de tous les temps. Dans la même lignée de ses grands succès sortira Born This Way en 2011, avec un single éponyme, mais aussi les fameux Judas et Edge Of Glory (notre live report est dispo ici). En 2013, une très légère dérive va s’opérer, bien que le succès soit toujours au rendez-vous, avec Artpop. L’album permettra tout de même de faire émerger les succès Applause, G.U.Y et Do What U Want ; il se classera numéro 1 mais fera émerger une vague de critiques sur l’authenticité et la pertinence des titres et de la démarche artistique.

Suite au moyen Artpop, la star a opéré un virage à 90 degrés et sortira en réaction un album inattendu de jazz en collaboration avec le crooner Tony Bennett en 2014. Vous l’aurez compris, c’est également la fin de l’aventure avec le label Konvict d’Akon. Elle s’y affiche plus sobre, y dévoile sa palette vocale, se retrouve acclamée par la critique et récompensée commercialement avec des ventes à plus d’un million d’exemplaires. C’est ainsi dans cette lignée de recherche de l’authenticité qu’est sorti en octobre 2016 Joanne, un album où l’on retrouve les influences pop, jazz, et même country de la chanteuse. On lui devra les singles Perfect Illusion et A-YO, où Gaga fait du Gaga, mais notamment et surtout Million Reasons, où nous retrouvons Joanne Germanotta. Ce nom prend tout son sens lorsque la chanteuse dévoile qu’il s’agit d’un hommage à sa tante décédée le mois de la sortie de l’album ; il s’agit également de l’un de ses prénoms, gage d’une dualité entre la star planétaire et l’authentique franco-canado-italienne, d’un autre « moi » dévoilé, d’un retour aux sources, au-delà de l’extravagance qu’on lui connaît. Million Reasons, aux influences presque country, à la voix pure et posée, presque a capella et accompagnée par une guitare, au texte empreint de sensibilité, te donne rapidement l’envie de dire « oh, enchantée Gaga, je ne te connaissais pas sous ce jour ». Je te tutoie soudainement cher lecteur, et tu me pardonneras je l’espère cette familiarité en regardant la vidéo qui suit, avec une interprétation sans playback, sans chichis, d’un live de Million Reasons aux American Music Awards 2016, ou quand Gaga se montre en vraie lady.

Il est impossible de passer à côté : un réel changement s’est opéré chez l’artiste. Tant physiquement qu’au niveau de ses influences musicales, on retrouve une volonté réelle d’allier le commercial, puisqu’elle le fait si bien, et le souvenir de ses années Lower East Side. Nous n’assistons pas à un formatage insipide, essayez donc de faire entrer Gaga dans une case… Nous sommes plutôt spectateurs d’une démonstration passionnée, au-delà de la « folle » trop souvent sous-estimée par l’opinion générale, bien que chacun lui ait toujours reconnu une part indéniable de génie. Nous pouvons comparer ces préjugés commerciaux liés à Lady Gaga à l’immense Rihanna ; qui donc connaît réellement son potentiel vocal ? Au-delà de l’interprétation superficielle du twerkant titre Work, se cache des chansons antérieures comme Half Of Me ou bien Cold Case Love, que très peu de personnes n’ont serait-ce qu’entendu, et c’est bien dommage. Au-delà des singles, faits pour constituer une vitrine pour le succès économique d’un album et partages en série sur les réseaux sociaux, se trouvent bien souvent des joyaux plus authentiques.

Avec ce dernier album, Gaga revient au sommet de son art et montre qu’elle n’a pas eu la crainte de se chercher, de prendre des risques, malgré ses différents succès qui ont sans aucun doute fixé sa notoriété. Nous aurions pu croire qu’elle n’avait plus rien à prouver, mais ça, c’était avant de rencontrer Joanne.


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