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(anthologie permanente) Liliane Giraudon, "consigner les coïncidences"

Par Florence Trocmé

Liliane Giraudon publie L’amour est plus froid que le le lac, aux éditions P.O.L.
I
L’amour est plus froid que le lac

« Derrière le poème il n’y a
pas d’état psychologique parce
qu’une fois le poème écrit, le
poète est mort. »
(Keith Waldrop)

Consigner les coïncidences
   les angles les sons des étoiles
mortes encore visibles
nous par exemple
avez-vous faim
avez-vous froid
tourterelle   reviens
   reviens chanter sur ma fenêtre
qu’est-ce que c’est « rapide »
Une douleur atmosphérique  La vie que je vis  Le livre que je n’écris pas
  Seule entre la tour et le pendu  Il a bien dit atmosphérique  Tout ça
c’est une histoire de famille  Lignée minérale  Quelque chose d’encore
plus fondamental et répugnant  Bloc  rose  lilas  Cyclamen proche du
raisin  Formant relief  Pa rmi le cuir des feuillages
du carnassier agrandi
orchidée ou café au lait du pareil au même
la forme de l’eau
voilà pourquoi Macbeth assassine le sommeil
/
par exemple
   se faire marcher dessus
en avoir assez
elle dit qu’elle s’est trompée de manteau
pour la jupe non
un homme n’en porte pas
rien ne remplace jamais rien
je pourrai faire du vélo
   rien ça n’existe pas
L’Amour-Haine ça peut se faire  Certains le font  Le livre est notre livre
  Chaque minute de chaque matin  Un traité de plomberie  Parfois
un merle chante  Pauvres choses douces  Sire c’est un très beau parfum
  Comme tout ce qui fleurit ensemble  Parmi les grappes de sang coagulé
  Blanc de la nuit blanche  Les arêtes roses  Clapotis de silence
Lui bourrer le cul de papier
on peut craquer les allumettes avec le pouce.
Liliane Giraudon, L’amour est plus froid que le lac, P.O.L., 2016, pp. 10 à 12.
On peut lire un autre extrait de ce livre dans la revue Sur Zone de Poezibao, n°29
Sur le site de P.O.L :
Liliane Giraudon lit des extraits de L’amour est plus froid que le lac.
"Sous le double regard de Vivian Maier et de Lorine Niedecker le poème est posé sur la table comme une caméra. Il tourne.
Des personnages entrent. Des récits s’entremêlent où fiction et document tentent de rendre compte d’une plateforme hybride d’expériences. Ordinaire manière d’organiser le pessimisme en ce début de XXIe siècle.
L’annonce brutale de la mort de Chantal Akerman viendra tout autrement éclairer le décor mis en place et fera ressurgir le titre occulté, celui du premier long métrage de R.W. Fassbinder L’amour est plus froid que la mort.
La forme d’un film repose sur les scènes qui n’ont pas été tournées et qui doublent les autres. Par un simple déplacement, le sujet du lac devient celui de l’amour mort ou plus exactement mis à mort. Semblable au train, un titre peut en cacher un autre. Et avec lui un réservoir de souvenirs, leur amnésie.
Comment a-t-on survécu à un premier amour ? serait alors la question.
En neuf photogrammes revisités dans le sublime film de Fassbinder (Héros du livre rejoignant les Dames du Lac) une tentative de réponse est apportée.
Sur nous tous, le poème en sait plus long que nous. Et c’est bien parce qu’il brûle sur un monde dévasté que l’amour est plus froid que le lac." (4ème de couverture)
Liliane Giraudon dans Poezibao :
Bio-bibliographie, extrait 1, lien vers Mon Rimbaud, Marquise vos beaux yeux, fiche de lecture, une lecture chez Michèle Ignazi, extrait 2 (Mon Rimbaud), extrait 3 (hier…), extrait 4, La poétesse (par A. Malaprade), Hôtel (par F. Trocmé), extrait 5, un article d’Alain Paire, ext. 6, entretien avec Sandra Raguenet, le retour d’Arkadina, feuilleton : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12,  fin (avec PDF de l’intégralité), ext. 7, "Les Pénétrables" par Alain Paire,  "Les Pénétrables" (par Anne Malaprade), ext. 8, ext.9, ext 10, "Madame Himself", par Anne Malaprade, Liliane Giraudon s'entretient avec Catherine Weinzaepflen, [entretiens] Liliane Giraudon avec Frédérique Guétat-Liviani, ext. 11, [note de lecture] Liliane Giraudon, "La Sphinge mange cru", par Anne Malaprade, [note de lecture] Frédérique Guétat-Liviani, Colas Baillieul, Liliane Giraudon, "Rafle", par Florence Trocmé, ext 12, [Note de lecture] Liliane Giraudon, "Le Garçon cousu", par Anne Malaprade


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