Jean-Jacques Viton publie cette histoire n’est plus la nôtre mais à qui la voudra aux éditions P.O.L.
II
Sa voix est celle d’un fantôme
j’ai été un peu simpliste comme toujours c’est pénible
tributaire de l’espace page pas de rapport bien précis
la peur du faux que tout ce qui avait été écrit jusque-là
ne corresponde en rien avec le rythme décidé et donné
étrange cette impression de cahot alors que rien n’était
prévu et arrêté comme tel ça donne à tout une allure
difficile à décrire vivant et inerte se ronge en silence
manière de page morte autorise tout début ou liaison
c’est à lignes forcées l’avancée directe qui est le choix
rien ne les retient grelot sonnaille sirène cloche alerte
/
il bondit comme une couleur bolide rien ne le tient nulle
peur ou presque à terre splendides couleurs teintes celles-
ci de renard celles-là de morio ce nom il le dira demain
au papillon il ne les revoit jamais ni papillon ni morio
la jument blanche égarée est revenue ici bride pendante
aube fraîche et délicieuse il aimerait ne pas bouger Clara
nous marchons sur du bruit ne sens-tu pas le mouvement
ne t’occupe pas de tes mains ne pense plus à ton clavier
commençons une voie nouvelle rêvons nous sommes en
tournée ils sont là et certains pour la dernière partie
/
le vert de la terre brillera à nouveau une fin d’averse
n’a rien à faire dans cette affirmation elle encourage
la sortie reprise aucune contrariété à peser il faut ici
imiter l’arbre qui n’en veut jamais à l’oiseau et voilà
fatigué je tombe à terre comme un sac vide une série
de dessins sans explication et je fume un mégot âcre
l’heure n’avait plus d’importance un laurier rose dans
les détritus longe un ruisseau une explosion muette
d’un dahlia c’est très napolitaine elle évite deux chiens
la lumière est dans sa flétrissure un gâchis de langage.
Jean-Jacques Viton, cette histoire n’est plus la nôtre mais à qui la voudra, éditions P.O.L., 2016, pp. 51 à 53.
Résumé du livre sur le site de l’éditeur où l’on peut également feuilleter quelques pages de l’ouvrage.
Jean-Jacques Viton dans Poezibao :
Bio-bibliographie, extrait 1, extrait 2 et feuilleton P.O.L. Je voulais m’en aller mais je n’ai pas bougé (parution), Hôtel (par F. Trocmé), un article d’Alain Paire, selected sueurs, (par B. Moreau), ext. 4, Entretien avec JJ Viton par Sandra Raguenet, Catwalk, [note de lecture] Jean-Jacques Viton et La Rochegaussen, "Catwalk", par Anne Malaprade, ext. 5, ext. 6, (revue Sur Zone), n° 27, Jean-Jacques Viton, "Sa voix est celle d'un fantôme"
Voir notamment dans la revue Sur Zone de Poezibao le texte repris ici et une séquence plus longue de cette deuxième partie du livre.