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On y était : Transient 2016

Publié le 09 décembre 2016 par Hartzine

Brosser un portrait général et pluriel de la scène électronique actuelle, sous ses coutures les plus variées et dérivés les plus infléchis, est l'ambition du festival Transient qui, depuis trois ans maintenant, gratifie le mois gris et triste de novembre d'une salve d'événements digital friendly. Une jolie percée pour ce paysage culturel trop souvent réduit aux seuls intérêts geek et club, petit tour d'un festival branché à 360°, électronique jusqu'à la moelle.

Vendredi 05/11. Débarqués frais comme des gardons dans l'enceinte du circulaire et enivrant Cabaret Sauvage, le principe s'édicte vite : circule. Dehors, la nuit est tombée, il pleut à verse et les plus motivés sont là - ils auront ô combien raison. L'idée, c'est justement de naviguer entre les installations, intérieures et extérieures, quand chaque heure permet de mettre en avant le live d'un artiste. En première partie, la part belle était faite à l'audiovisuel, trop grand oublié des clubs. On regrettera juste que ces doubles shows n'aient pas été redistribués sur toute la nuit, l'expérience aurait été plus équilibrée, et le preste horaire du labyrinthe sonore de James Whipple, l'impénétrable projet M.E.S.H., où l'apport visuel de Michael Guidetti promettait d'heureuses combinaisons. Mais la scène, loin d'être accessoire, ne concentre pas toutes les attentions. La vidéo on repeat de Yannick Vallet nous aura fait le week-end, hypnotisante expérience immersive dans le vide blanc des routes américaines, succession Street View motivée par une quête dont la source est la série chef d'œuvre de David Lynch : Twin Peaks All Over The States.

Côté scène, on attaque la meilleure partie de la nuit avec cet enchainement de madre de Dios. Voiron, producteur parisien assez génial de l'écurie Cracki, n'aurait pas pu mieux réussir à rendre les corps mobiles et entremêlés avec sa grande baston électronique marquées de coups de poings acides et kicks synthétisés. Meilleure entrée en la matière avant l'arrivée du grand, de l'immense Legowelt, aka le seul homme qui se prend en photo en chaussettes entouré de synthétiseurs et de plantes vertes qu'on peut trouver cool. La faute à Crystal Cult 2080, petite bombe sortie chez Crème Organization en 2014. Entre nappes démoniaques, sonorités deep et acid-house, notre homme-machine assure au public du Cabaret Sauvage une connexion Chicago-La Haye vénère juste ce qu'il faut, hybride et riche à souhait. Le début du bonheur, si l'on veut. Subjex est l'autre bonne surprise, représentant de la scène glitch dont on cause assez régulièrement ici, dont les breaks ont salement contribué à secouer les derniers conquérants de la fosse du Cabaret Sauvage.

Samedi 06/11. La jauge est déjà plus remplie, cela fait plaisir à voir. La venue du vétéran Luke Slater en a fait déplacer plus d'un. Pourtant, le festival a ce soir-là dû essuyer quelques revers, à commencer par l'annulation triste, triste et triste de Mika Vainio, moitié de Pan Sonic, duo finlandais expérimental à l'approche minimaliste glaciale. Motif : raison de santé. C'est donc seul que Franck Vigroux assure leur show, qui devait pourtant présenter les derniers résultats de leur prolifique collaboration. Une mauvaise nouvelle n'arrivant jamais seule, Coldgeist devra aussi oublier le live audiovisuel qu'il avait préparé, les raisons techniques sont toujours les plus fortes. On se console côté jardin, avec des installations artistiques, les mêmes que la veille, qui n'en finissent pas de détourner écrans et objets numériques au service d'un questionnement plus culturel, citons Hugues Clément et Dorian Ohx. De retour sur scène, c'est Abdullah Rashim, esthète suédois des lignes pures et obscures d'une techno deep et millimétrée, qui le remplace au pied levé. Avec un son racé et intransigeant, il chauffe à blanc la salle du Cabaret Sauvage, prête à cueillir la race de son week-end. Paillettes et mâchoires serrées. Xhin, d'entrée, déboulonne ce qu'il restait de temps de cerveau. Armé de tracks aux structures étudiées, bâties avec perspective, il annihile toute vie synaptique, au cas où il demeurait chez les plus résistants d'entre nous quelques velléités de neurotransmission. Une véritable vision de l'électronique, qu'on retrouve ensuite chez Luke Slater, dans un genre autre, et dont les deux heures de live font vivre un acharnement vivace au circuit imprimé chaotique qu'est devenu notre esprit. Blndr reprend les manettes mais la tempête est passée.


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