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Courbet : réunion exceptionnelle au musée d’Orsay

Publié le 10 décembre 2016 par Savatier

Les amateurs de Gustave Courbet auront tout intérêt à se précipiter séance tenante au Musée d’Orsay pour y voir une exceptionnelle réunion d’œuvres habituellement dispersées, offertes au public pendant seulement deux mois.

S’y trouvent ainsi, côte à côte, L’Homme blessé, autoportrait de jeunesse (1844-1854, musée d’Orsay) et L’Autoportrait à Sainte-Pélagie (1871-1872, musée Gustave Courbet, Ornans). Ce dernier, qui fut sans doute réalisé après sa sortie de prison, puisqu’il se plaignait, dans sa correspondance, de n’avoir été autorisé à peindre dans sa cellule que « sans jour ni modèle d’aucune façon », permet de mesurer l’évolution physique de l’artiste à près de trente ans d’intervalle. Le musée a en outre eu l’excellente idée d’ajouter à ces deux toiles La Truite (1873, musée d’Orsay), saisissante peinture de fin de vie dans laquelle les historiens voient, à juste raison, une autre forme d’autoportrait.

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Egalement présente, Une Après-dînée à Ornans (1849, palais des Beaux-Arts, Lille), par ses grandes dimensions qui bravaient les conventions de l’art académique dans la mesure où elle représentait une simple scène de genre dans un format réservé à la peinture d’Histoire, se rattache à la tradition picturale hollandaise et française du XVIIe siècle (comme Le Repas des paysans de Le Nain, 1642, musée du Louvre) ; elle préfigure la transgression majeure qui suivra un an plus tard et fera scandale, Un Enterrement à Ornans (1849-1850, musée d’Orsay), gigantesque toile qui, ici, lui fait logiquement face.

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Enfin, on ne peut qu’applaudir à la rare réunion de L’Origine du monde (1866, musée d’Orsay) et du Sommeil (1866, musée du Petit-Palais) puisque les deux œuvres furent réalisées et livrées au même commanditaire, le diplomate Khalil-Bey à la fin de l’été de 1866. Celui-ci exposa la grande scène saphique dans un salon alors qu’il avait accroché L’Origine dans sa salle de bain, dissimulée par un rideau vert qu’il ouvrait non sans théâtralité pour dévoiler « l’icône » à ses invités. Les curieux pourront se reporter, pour plus de détails sur ces deux chefs-d’œuvre de la peinture érotique, à mes deux essais, L’Origine du monde, histoire d’un tableau de Gustave Courbet (Bartillat) et Courbet, une révolution érotique (Bartillat), ouvrage dans lequel je propose une clé de lecture du Sommeil à partir de détails malicieusement semés par le peintre dans sa toile.

A lire encore au sujet de cette exposition, le très bel article d’Isabelle Brunnarius sur son « Blog de la Loue et des rivières comtoises » en suivant ce lien. 

Illustrations : Gustave Courbet, Une Après-dînée à Ornans, 1849 – Le Sommeil, 1866.


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