2016 aura été, comme bien d'autres années, une année importante de grands disparus.
Il y a tant de baby boomers, que nous enterrerons beaucoup dans les années à venir.
Greg Lake, David Bowie, Leon Russell, Prince, Leonard Cohen, John Berry (2/3 des Beastie Boys maintenant à l'ombre) Merle Haggard, Phife Dawg, Frank Sinatra Jr, Lucille Dumont, René Angélil, Joey Feek, Maurice White (d'Earth, Wind & Fire), Pierre Lalonde, Paul Kantner (de Jefferson Airplane), Glenn Frey (ex-Eagles), Dale Buffin Griffin (batteur de Matt The Hoople), Pete Huttlinger (guitariste de John Denver), Sharon Jones, Mose Allison, Pete Burns (ancien chanteur de Dead Or Alive), Bobby Vee, Buckwheat Zydeco, Keith Emerson, Vanity. Bob Walsh pour les plus connus.
Ils ont tous marqué bien des gens avec leur talent.
On a beaucoup pensé à eux, nous, ceux qui restent. Au bien qu'ils nous ont fait. Bowie a meublé et meuble encore mes oreilles. Heroes est dans ma voiture en ce moment, pour sa "face b" qui me fait planer dans la magie blanche qu'on appelle la neige chez nous. J'ai mis You Belong to The City* sur ma playlist de Iphone par nostalgie et pour sa ligne saxophone quand Glen Frey est parti. J'ai acheté une compil de Prince cette année, Parce qu'elle était moins de 10$. Ce qui était aussi vulgaire que sa mort. J'ai revisité pendant deux semaines de voiture tous les albums de Cohen jusqu'à The Future quand il nous as quitté. I've seen the future, baby, it is murder.
Ces gens ont amené un grand bénéfice à nos humanités.
Une organisation qui s'est mandaté d'honorer ceux qui apportent le plus grand bénéfice à l'humanité c'est le Prix Nobel. L'académie suédoise remet des prix de physique, chimie, littérature, pour la paix et pour la physiologie ou la médecine. Alfred Nobel a été l'inventeur de la dynamite. Et cette année, le comité du Prix Nobel a lâché une bombe dans sa remise du Prix Nobel de Littérature.
Ils l'ont accordé à l'auteur-compositeur Bob Dylan.
Quand Dylan nous quittera, on le pleurera facilement pendant une semaine, Dylan est immense. Il a soufflé dans le vent au bon moments, avec effectivement les bons mots. Mais personnellement, bien que ce soit l'artiste musical vivant que j'aime le mieux, je trouve qu'il s'agit d'une certaine imposture que de lui avoir accordé le prix. Dylan lui-même à dû se réveiller en disant "What the fuck?". Il en a été si inconfortable qu'il a multiplié les faux pas sur la possibilité qu'il se rende sur place pour y recevoir son prix ou non. Il n'y est finalement pas allé. Ce qui est tout à fait Dylan.
Le weekend dernier a eu lieu de le gala de remise du prix Nobel de Littérature. On a choisi d'inviter la grande prêtresse, disciple de Rimbaud comme Zimmerman, et pomme du pommier Dylan, Patti Smith, à venir faire un clin d'oeil à l'absent,
Nerveuse comme une feuille au vent d'automne, elle a chanté A Hard Rain's Gonna Fall. Bob a bénéficié d'un timing hors pair à l'automne 1962 quand il a performé pour la première fois cette chanson, écrite l'été précédent. JFK découvrait deux semaines après la première écoute de la chanson publiquement, que des missiles soviétiques se trouvaient à Cuba et pouvaient pointer les États-Unis. Le flambeau passait d'une génération à une autre, de la bohème beat au souci social et sociétaire.
Dans le 8:14 de vidéo montrant Patti Smith, (que j'adore aussi) chanter A Hard Rain's Gonna Fall, on y voit et on y sent beaucoup de choses. C'est le propre des grands artistes de nous faire voyager en peu de temps loin en nous ou ailleurs. On y voit beaucoup de têtes grises, en commençant par Patti elle-même. Vers 2;15, Smith s'enfarge dans la prose de Dylan. Toute en fragilité nerveuse, elle s'en excuse. Rendant le moment tout simplement humain. On y entend des arrangements d'orchestre, alors que Dylan s'y tenait seul à la guitare acoustique à l'origine. Et rien ne semble déplacé. L'orchestre, aussi peuplé soit-il, reste dans l'intime. The time they are a changin', man. C'est bien une femme qui est est chef d'orchestre. Et ça, seulement, ça, c'est tellement fameux. Vers 5:15, les 3 fois que j'ai visionné le clip, j'ai été pris à la gorge par cette jeune femme noire, elle-même, émue, qui échappe une larme. Revisitant peut-être l'hostilité que ces ancêtres ont dû affronter pour des conneries de couleurs et qui ne sont pas complètement réglées du côté de nos voisins du Sud.
Dylan n'aurait jamais chanté devant des couronnes. Il aurait chanté Masters of Wars.
Dylan a été fameux, même absent. Soulignant, à sa manière, son imposture.
Colorée par une délicieuse Patti Smith en 8:14,
Patti est tout.
Dylan est tout encore.
Tous les gens évoqués dans cette chronique ne seront jamais morts.
I saw ten thousand talkers whose tongues were all broken.
Cette ligne est encore très 2016. Même si, pondue il y a 54 ans.
*...titre qui me revient en tête régulièrement en banlieue...