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E-santé : la bataille de la confiance n’est pas encore gagnée

Publié le 15 décembre 2016 par Pnordey @latelier

A l’occasion du Slush, l’une des principales préoccupations était de savoir comment mieux vivre les 100 prochaines années de notre vie. Et la santé s’est logiquement dégagée comme l’une des thématiques phares.

La bataille de la confiance est source d’inspiration dans beaucoup de langues. En français, on dit que  "La confiance se gagne en gouttes et se perd en litres", et en anglais “trust takes years to build, seconds to break and forever to repair”.

L’e-santé ne fait pas figure d’exception en la matière et cette bataille de la confiance se retrouve dans les chiffres. En effet, d’après une étude, si 43% des français utilisent une application santé bien-être tout équipement confondu (smartphone, tablette, montre connectée), leur niveau de confiance concernant ces technologies s’échelonne entre 4.6 et 5.2 sur 10. Comment explique-t-on de tels chiffres ? Il manque encore la caution, le label, la garantie, le lien de confiance que l’on a par exemple avec son médecin, son système d’assurance maladie ou sa mutuelle.

Fabricants de smartphones, laboratoires pharmaceutiques, créateurs d’applications mobiles, tous se sont réunis sur la scène du Slush pour parler de l’avenir de la santé. IOT, Quantified self, empowerment, IA, gamification, et bien sûr big data étaient sur toutes les lèvres… au même titre que la confiance ! A cette table ronde sur l’avenir de la santé connectée, tous ont ainsi rappelé l’importance du médecin, gage de confiance pour les patients et de la nécessité de rassurer sur la confidentialité des données.

Le médecin porte-étendard de la confiance de l’e-santé

En effet, lors de la table ronde, Marcus Gners, COO de Lifesum, a rappelé l’importance du médecin au milieu de tous ces nouveaux outils. Les données générées par les objets connectés permettront d’apporter de la valeur et d’améliorer la santé, sans pour autant se substituer aux médecins. « Actuellement nous n’avons accès aux docteurs que lorsque l’on est malade. La qualité des données que l’on peut recueillir pourra considérablement améliorer l’expérience du patient. Mais la data, bien que qualitative, n’a pas la caution d’un médecin. Il ne s’agit pas de remplacer le médecin mais de s’associer avec lui.»

Une des solutions pour rassurer le patient est de s’appuyer sur l’expertise directe d’un personnel soignant pour développer une technologie. Un exemple concret est développé par Ida Tin, CEO et co-fondatrice de Clue, présente lors de la table ronde du Slush qui, pour développer son application, s’est associée à des instituts de recherche de renom tels que Standford University, Columbia University, et University of Oxford. En effet, son application mobile qui permet aux femmes de surveiller leur cycle menstruel et d’identifier leur période de fertilité, s’est développée en s’appuyant sur des professionnels de la santé.

La confidentialité des données en question

S’est également posée la question de la confidentialité des données personnelles, problématique qui est déjà adressée au marché de l’e-santé. Ainsi, Kemal Malik, membre du Board de Bayer AG, est intervenu sur le séquençage du génome, exemple parlant d’une collaboration réussie entre la science et la technologie qui permet, de collecter, analyser et partager les données. Mais lorsqu’il évoque l’édition génomique ou la possibilité technologique de modifier un ADN défectueux, on s’interroge forcément sur les dérives et les problèmes d’ordre éthique que l’analyse et le partage des données peut générer.

Slush2016

Ce n’est donc probablement pas un hasard si la start-up gagnante du grand concours de pitch au Slush de cette année, s’appelle Cybelangel et est spécialisée dans… la cyber-sécurité. Quoi qu’il en soit, malgré ces réticences, beaucoup d’autres indicateurs sont au vert et nous indiquent que le marché de l’e-santé se porte bien.

Le marché de la santé connectée se porte bien

Ainsi, d’après une étude, on compte 73 millions d’appareils de santé connectés à travers le monde en 2016. En 2020, ils seront 161 millions. Toujours selon la même étude, le marché de la santé connectée atteindra 410 milliards de dollars en 2022. La présence de Risto Siilasmaa, Chairman de Nokia Corporation, est la preuve de l’importance du marché. Celui qui a introduit la table ronde au Slush en déclarant “Il n’y a rien de plus important que la santé, c’est indéniablement l’endroit où aller, l’endroit où investir”, confirme bien le retour du géant finlandais sur la scène du mobile et sur le marché de l’IOT de la santé, stratégie de légitimité amorcée il y a quelques mois avec le rachat de la société française Withings. Et la stratégie des alliances se confirme puisque sur scène, Ida Tin, CEO de Clue annonce sa nouvelle levée de fond de 20 millions de dollars auprès de Nokia. Les acteurs du mobile l’ont bien compris, l’union fait la force sur ce marché très prometteur de la santé connectée.


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