(Archive) "La Ralentie" d'Henri Michaux, par Marcel Van Thienen et Germaine Montero

Dans le livre Dire la poésie, sous la direction de Jean-François Puff, une communication a été consacrée à la mise en voix de « La Ralentie » d’Henri Michaux. L’auteur, Anne-Christine Royère, spécialiste de la poésie des XXe et XXIe siècle a déjà beaucoup travaillé sur Henri Michaux. Elle contextualise bien l’histoire très particulière de cet enregistrement par l’évocation, documentée et très parlante, des expériences faites à la radio, autour des années 50. Il y eut en effet à ce moment-là, notamment sous l’impulsion de Jean Tardieu, une réflexion très intense sur la voix radiophonique et singulièrement sur la manière de dire la poésie à la radio. Avec une véritable évolution, une sortie nette de la diction déclamatoire qui était encore de mise dans ces années-là, vers une approche très différente, très travaillée aussi, selon de multiples angles.
Michaux, qui était extrêmement réticent à la lecture de ses poèmes par des comédiens, quand il ne s’y est pas franchement opposé, semble avoir été surpris par la réalisation autour de son poème « La Ralentie ». Il parle de « textes étrangement ranimés, à croire qu’ils venaient d’être faits la veille » (Dire la poésie, p. 153).
Michaux qui écrira au moment de l’enregistrement de « La Ralentie », en février 1953 : « je ne saurais trop vous conseiller d’écouter l’extraordinaire composition de M. Van Thienen qui, loin de chambouler tout, reste dans la traîne des vers (qui d’ailleurs n’en sont pas) et fait son sillon non pas dans les mots, mais dans le silence, après – et plus souvent avec des gouttes d’eau (des vraies) que le son des violons –. »
On peut pour conclure évoquer le chapitre suivant, dans ce livre, qui relate « un ratage » (au dire de ses deux protagonistes), la tentative de Pierre Boulez de produire une œuvre musicale à partir du poème « Je rame » d'Henri Michaux.
Henri Michaux, « La Ralentie », réalisation de Marcel Van Thienen, avec Germaine Montero
Document audio, durée 18’30, à ouvrir d’un simple clic sur ce lien