J’entends encore le bruit des sabots des chevaux fouettés par des cochers pressés tandis que Big Ben égraine les heures.
Je vois ces hommes élégants en chapeaux melon héler un fiacre, ignorant des enfants miséreux couverts de haillons. Je sens les odeurs de Whitechapel, ses tanneries et ses abattoirs, relégués dans quelques ruelles sombres et dangereuses, loin des quartiers favorisés.
Je devine un David Copperfield narguant un Oliver Twist sous l’œil bienveillant de Charles Dickens. Je surprends ce dernier parsemer ça et là, quelques soupçons de misère victorienne.
Je ferme les yeux et je distingue un Arthur Conan Doyle bienveillant jetant son influence sur la plume de Gaëlle Perrin-Guillet, lui insufflant l’inspiration et lui soufflant quelques miettes d’hiver londonien en 1892 et j’aperçois aussi Mary Shelley, puis Jane Austen ou enfin Daphné Du Maurier encourager une jeune auteure française, lui donner de la force et de la persévérance.
Et je te vois, toi, Gaëlle. Créant tes deux personnages si plein d’humanité, les rendant si attachants qu’ils en dominent l’intrigue de ton roman. Les rendant palpables et touchants. Les faisant tiens et pourtant te risquant à les offrir à la vindicte populaire. Je sens ton affection pour eux et ton désir de les rendre uniques sous ta plume tendre.
J’écoute le bruit que font tes doigts sur le clavier lorsque tu peines devant ton traitement de texte. Je comprends tes hésitations puis tes phrases s’enchaînant les unes après les autres lorsque qu’enfin ta fantaisie se dessine. J’imagine ton esprit vagabonder dans ce Londres du 19ème siècle, choix d’époque judicieux et apportant un vent de fraîcheur malgré les remugles s’échappant des égouts londoniens.
Je t’entends parler tout haut, relisant ton texte et inventant des dialogues à l’esprit suranné, cherchant des mots et des phrases pour faire revivre un langage châtié et révolu, ton âme de jeune femme moderne luttant avec frénésie contre notre jargon contemporain.
Rassure-toi Gaëlle. Tu as su rendre grâce à cette âme de Londres. Ton roman a cette qualité paradoxale d’être entre passé et présent. Les ombres de Jack l’éventreur et de Sherlock Holmes ont beau planer sur ton récit, tu as eu cette délicatesse et cette intelligence de ne pas t’approprier ces personnages déjà tant usés.
J’imagine sans peine retrouver Henry et Billy dans tes romans à venir. Ils sont sans doute dans ta tête, peut être même leurs aventures prennent-elles vie au bout de tes doigts. Sache que je les attendrai et que le plaisir que j’ai eu à les découvrir restera intact.