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Si on aime l'univers poétique et nonchalant de Jim Jarmusch, ce film de vampires désabusés est une pure merveille. C'est lent, les ressorts dramatiques sont rongés jusqu'à l'os, on a l'impression de tourner en rond et de temps à autre le cinéaste et ses héros de la nuit se permettent de faire une pause pour écouter une chanson dans un bar. C'est du cinéma qui jouit de sa liberté d'écriture totale et qui nous met au défi : suivez-moi ou allez voir ailleurs. Moi, je suis. Outre son hyper-raffinement, le film est aussi traversé d'une ironie mordante qui allège l'ensemble et qui se mélange très subtilement au constat amer et désespéré sur l'état de l'humanité.
Les acteurs sont jarmuschiens à souhait, c'est-à-dire mélancoliques, mystérieux et extraordinairement beaux.
La bande-son est fantastique, comme de bien entendu.
Mais ce qui m'a le plus fasciné, ce sont les promenades nocturnes en voiture dans les rues désertes de Detroit: elles sont filmées de façon absolument magique.