Le synopsis de Quelques Minutes Après Minuit ne représente en rien ce qu'est le film en réalité. A croire qu'il s'agit d'une énième histoire de fantasy dans laquelle un enfant trouve le moyen d'accéder à un univers enchanteur peuplé de créatures magiques. Ce qui n'est pas du tout le cas, le film de Juan Antonio Bayona se rapprochant d'avantage du cinéma de Guillermo Del Toro. Il n'est ainsi pas interdit d'y voir des similitudes avec Le Labyrinthe De Pan.
Autant dire que les spectateurs les plus émotifs ne resteront pas insensibles devant ce récit d'apprentissage racontant comment un jeune garçon, Conor, va faire face à la maladie de sa mère, tout particulièrement, ainsi qu'à l'absence de son père, à la dureté de sa grand-mère et aux insultes de ses camarades de classe. Et donc non, Conor ne va pas s'échapper chaque nuit dans un monde imaginaire. C'est l'imaginaire qui va venir à lui, lorsqu'il en éprouvera consciemment ou non le besoin. Et cet imaginaire se manifeste sous les traits d'un monstre géant, sorte de représentation anthropomorphe de l'arbre millénaire que le petit garçon contemple tous les soirs de sa fenêtre. Lorsqu'il apparait, le monstre narre une histoire à Conor, qui devra en tirer de lui-même une morale. Celle-ci n'étant jamais la plus évidente à comprendre pour un jeune enfant, qui n'aura pas nécessairement toutes les cartes en mains pour en saisir les subtilités. Et c'est ainsi que, paradoxalement, les contes d'une créature imaginaire permettront à Conor de grandir en affrontant la réalité.
Comme il nous l'avait déjà prouvé avec ses précédents films [NDLR : et avec les épisodes de Penny dreadful], Bayona est un réalisateur talentueux qui met sa mise en scène au service de son histoire et de ses personnages avec une intelligence rare, et il parvient avec son long-métrage à traiter d'un thème particulièrement difficile avec beaucoup de pertinence et d'élégance. Il confirme également ses affinités avec le cinéma de Steven Spielberg, ce dernier l'ayant d'ailleurs engagé pour réaliser la suite de Jurassic World. On apprécie notamment les nombreuses scènes animées, qui viennent aérer le récit à l'instar de celles que l'on retrouve dans et Harry Potter And The Deathly Hallows et qui sont visuellement superbes. Des séquences qui font d'ailleurs le lien entre le garçon et sa mère de manière plus efficace et logique que dans le livre dont le film est adapté.
Un léger bémol concernant un nombre extrêmement important d'effets
numériques, un trop plein venant par instants gâcher une œuvre qui ne nécessite pas cette débauche technologique pour convaincre. Rien de gênant, c'est juste histoire de chipoter, d'autant que la direction artistique est magnifique et le rendu des effets spéciaux remarquable. Quelques Minutes Après Minuit fait également la part belle aux acteurs. Lewis MacDougall est formidable, tout comme Felicity Jones ( Star Wars Rogue One), Toby Kebell et Sigourney Weaver. Peut-être un peu moins réussi que son précédent film [NDLR. the Impossible], il s'agit tout de même d'une œuvre immanquable.Conor a de plus en plus de difficultés à faire face à la maladie de sa mère, à l'intimidation de ses camarades et à la fermeté de sa grand-mère. Chaque nuit, pour fuir son quotidien, il s'échappe dans un monde imaginaire peuplé de créatures extraordinaires. Mais c'est pourtant là qu'il va apprendre le courage, la valeur du chagrin et surtout affronter la vérité...
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