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[Critique] PASSENGERS

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] PASSENGERS

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Titre original : Passengers

Note:

★
★
★
½
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Morten Tyldum
Distribution : Jennifer Lawrence, Chris Pratt, Michael Sheen, Laurence Fishburne, Andy Garcia…
Genre : Science-Fiction/Romance
Date de sortie : 28 décembre 2017

Le Pitch :
Un gigantesque vaisseau transporte plus de 5000 personnes en route pour une nouvelle planète censée offrir à l’espèce humaine une alternative à la Terre, devenue polluée et surpeuplée. Alors que le voyage doit durer plus de 100 ans, Jim et Aurora, deux passagers, sont tirés de leur sommeil artificiel 90 ans trop tôt. Bloqués, dans l’impossibilité de faire marche arrière, ils commencent à se faire à l’idée de passer le reste de leur vie à bord du vaisseau et développent petit à petit une attirance. Néanmoins, ils ne tardent également pas à comprendre que quelque chose ne tourne pas rond et qu’il se pourrait bien que les milliers de passagers endormis courent un grave danger…

La Critique de Passengers :

Connu pour avoir illustré la vie d’Alan Turing avec le très bon Imitation Game, Morten Tyldum change radicalement de registre en portant à l’écran un script issu de la fameuse black list, qui pour rappel, recense chaque année les meilleurs scénarios pas encore exploités. Passengers n’est donc pas un remake, ni un reboot, ni une l’adaptation d’une série ou d’un bouquin. Un script original qui pourtant, s’impose comme une sorte de patchwork de plusieurs influences plus ou moins marquées, quelque part entre la love story un peu contrariée et le trip spatial à la Interstellar. Prêts pour un voyage aux confins de l’univers avec Chris Pratt et Jennifer Lawrence ?

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Perdus dans l’espace

La force de Passengers réside dans la présence au générique de deux comédiens en pleine bourre. Jennifer Lawrence tout d’abord qui, en dehors des Hunger Games, a toujours pris soin de choisir avec précaution ses films et qui s’impose, quoi qu’en disent ses détracteurs, comme l’une des grandes actrices du moment, capable de tout jouer sans se départir d’un charisme et d’une pertinence de tous les instants. Ici, elle est Aurora, une belle au bois dormant réveillée bien trop tôt, et elle est parfaite, comme toujours. À ses côtés, Chris Pratt, lui aussi particulièrement présent ces dernières années, assume avec toujours autant d’assurance son statut de beau gosse du cinéma hollywoodien et trouve l’un de ses meilleurs rôles. Un talent qui ressort en particulier dans la première partie du film, qu’il porte seul sur ses larges épaules, et qui évoque quelques-uns des meilleurs trips du genre, comme Moon, de Duncan Jones, Solaris, d’Andreï Tarkovski (ça marche aussi avec le remake de Steven Soderbergh) ou, dans une moindre mesure 2001, de Stanley Kubrick. Une introduction qui voit ainsi son personnage évoluer seul dans l’immensité d’une embarcation stellaire, tout en rappelant, grâce à une ambiance travaillée et quelques petits clins d’œil de derrière les fagots, un certain Shining. Difficile en effet de ne pas y penser durant les scènes qui voient Pratt discuter seul avec un androïde barman un peu facétieux, comme le Jack Torrance de Shining il y a plus de 30 ans.
Bref, Chris Pratt assure le show et à l’écran, sa love story avec Jennifer Lawrence fonctionne. Ensemble, les deux acteurs sont bien évidemment sexy comme c’est pas permis. Ce que le réalisateur ne manque pas d’exploiter au fil de séquences un petit peu sulfureuses, censées apporter du sex appeal au récit, tandis que se profile le climax, et tout ce que cela sous-entend.

Métaphysique, mais pas trop non plus

Visuellement travaillé, Passengers est un beau film de science-fiction. De l’architecture originale du vaisseau à son design général, à la photographie, certes un peu assombrie par la 3D parfaitement inutile, tout va bien dans le meilleur des mondes. Dans cet environnement, Morten Tyldum ne s’affranchit pas des codes du genre, mais s’applique à faire les choses correctement, donnant parfois une certaine ampleur à sa mise en scène et s’attachant aux personnages, auxquels il parvient, de concert avec les acteurs, à conférer une intensité et une complexité bienvenue. C’est quand il explore des thématiques comme la solitude, qu’il aborde (de loin) des questions relatives à notre devenir et à celui de la Terre, qu’il s’attache aux sentiments, et qu’il effleure du doigt la folie du personnage de Chris Pratt sans en faire des tonnes, que Passengers gagne ses galons.
Cela dit, le métrage finit par revenir à des trucs plus basiques et vient se ranger du côté des blockbusters typiques, en convoquant des séquences d’action et en bricolant un dénouement bancal lors de son dernier tiers. Ce qui était bien sûr prévisible, même si il était agréable de rêver que le scénario allait tenir bon et faire comme Moon et Solaris, soit accepter son aspect métaphysique jusqu’au bout et s’en tenir à sa philosophie pour rester dans sa bulle pour enfin se poser comme une œuvre ambitieuse et onirique. Un doux rêve que Passengers s’empresse de briser quand il devient un film comme tant d’autres, avec ses rebondissements pas toujours bien terribles et ses dialogues qui deviennent, assez inexplicablement d’ailleurs, parfois ridicules (la faute à un humour mal dosé notamment). C’est triste mais c’est comme ça : peut-être par peur de s’aliéner les plus jeunes ou plus globalement ceux qui attendent de l’action, le film est au final un hybride. À la manière de l’excellent Sunshine, il mixe les genres et les sensibilités, mais pas avec la même maîtrise c’est évident. En résulte un long-métrage parfois stimulant, plus ambitieux que prévu dans son déroulement, qui cède à la facilité quand la ligne d’arrivée se dessine à l’horizon. Cela aurait pu être largement pire c’est sûr, mais aussi tellement meilleur…

En Bref…
Grâce à ses deux acteurs, à son réalisateur appliqué et à la tendance du scénario de venir chatouiller quelques-unes des thématiques les plus ambitieuses de la science-fiction haut de gamme, Passengers est quoi qu’il en soit intéressant. Dommage que la seconde partie tombe dans l’excès, et dénote d’une tendance à jouer la facilité, même si à l’écran, le show conserve quand même une certaine gueule…

@ Gilles Rolland

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  Crédits photos : Sony Pictures Releasing France


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