
Ce serait plutôt le déroulement de la soirée qui s'inscrirait dans une ambiance de cabaret. Qui plus est accessible aux enfants, ce qui, là encore, est inhabituel. Et puis, bien sûr, même si je n'en ai pas eu le temps, on peut aussi dîner sur place, des plats mijotés en lien avec le thème, un bortsch par exemple. Nous sommes sous chapiteau mais nous bénéficions d'une chaleur confortable, il faut le savoir aussi.
L'orchestre se devine en ombres chinoises derrière le rideau. Bienvenue à la Baraque nous promet une chanteuse de sa voix gouailleuse. Les Dakh Daughters lancent la soirée, avec une musique rock teintée de folklore ukrainien dans une atmosphère brechtienne, peut-être parce qu'elle parlent aussi en allemand, avec un joli accent, et même quasiment toutes les langues, c'est l'impression qu'elles donnent. Et croyez moi, elles déménagent derrière leur maquillage très blanc et très noir. Et puis c'est si rare un orchestre cent pour cent féminin.
Chanteuses et musiciennes, Nina Harenetska, Ruslana Khazipova, Tanya Havrylyuk, Solomia Melnyk, Anna Nikitina, Natalia Halanevych et Zo ont été élèves de Vlad Troitsky au Conservatoire de Kiev puis elles ont rejoint le Théâtre Dakh. Elles ont été révélées sur la scène française grâce au Monfort Théâtre en 2013, avant de jouer dans de nombreux festivals qui témoignent d'un parcours international très fécond.
La présence de l’orchestre sur le plateau apporte une dimension supplémentaire. D'abord pour le plaisir parce que les sept filles sont multi-instrumentistes, depuis la boite à musique jusqu'au clavecin, sans oublier la batterie et la guitare. On entendra au cours de la soirée des airs rythmés de rock et aussi plusieurs épisodes franchement baroques. Leur rôle dépasse l'accompagnement. On remarquera qu'elles peuvent se placer de manière à sécuriser une acrobatie.
Un bonimenteur annonce le premier numéro après nous avoir fait la leçon de morale habituelle sur le fonctionnement des portables. Le bonhomme n'est pas tout à fait classique. A ce stade on ne sait pas encore si on doit l'entendre au second degré : essayez d'être autonomes au niveau émotionnel ! nous lance-t-il.

Le parquet grince. La jeune femme glisse avec une allure animale, jouant avec ses cheveux comme s'il s'agissait d'antennes. Elle dégage un côté Lily Marlène, danse autour de la lune, à gauche, à droite et en spirale, s'arrêtant net stoppe à la fin du numéro sous une pluie de paillettes dorées.Juliette on avait dit pas les paillettes ! reproche l'ersatz de M. Loyal. S'ensuit une séance de balayage acrobatique faisant oublier qu'on démonte le mât chinois. Le technicien de surface s'appelle Matias Pilet, et il a été formé à l’Ecole Nationale des Arts du Cirque de Rosny en 2008, où il ne veut pas choisir entre l’acrobatie et la danse. Depuis il danse l'acrobatie d'une manière chaplinesque. Il joue la maladresse en enchaînant des ralentis et des accélérations. Le commentateur peut bien se moquer en lui suggérant d'apprendre à canaliser son énergie, il y a bel et bien un projet artistique en filigrane. Ses envols sont quasi magiques, même si le trampoline fournit une énergie précieuse.






Restera à faire le ménage ... et hop si on recommençait !

Si vous n'êtes pas encore convaincu regardez cette petite vidéo qui et bien représentative de l'esprit du spectacle.
Terabak De Kyivcabaret • cirque • création de Stéphane Ricordel et les Dakh DaughtersStéphane Ricordel metteur en scèneVlad Troitsky composition musicale avec les Dakh Daughters / Nina Harenetska, Ruslana Khazipova, Tanya Havrylyuk, Solomia Melnyk, Anna Nikitina, Natalia Halanevych et Zo au chant et à la musiqueAvec les artistes circassiens : Daniel Ortiz et Josefina Castro Pereyra cadre, Benoît Charpe monocycle sur trampoline, Julieta Martin mât chinois, Oscar Nova de la Fuente sangles, Matias Pilet acrobate et Yann Frish magieAmandine Galodé création et régie lumièreProduction : Le Monfort, Drôles de Dames & Blue Line CréationAu Monfort 106 Rue Brancion, 75015 Paris - 01 56 08 33 88Du 16 décembre 2016 au 14 janvier 2017
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Christophe Renaud de Lage, Marie-Françoise Plissart
