Canicule de Jane Harper 4/5 (04-01-2017)
Canicule (400 pages) sort le 11 janvier 2017 aux Editions Kero (traduction : Renaud Bombard)
L’histoire (éditeur) :
Qui a vraiment tué la famille Hadler ? Un meurtre-suicide met en émoi une petite communauté rurale du sud-est de l’Australie. L’enquête va mettre à jour des secrets enfouis et rouvrir des blessures anciennes.
Lorsqu’Aaron Falk apprend que Luke Hadler a assassiné sa femme et son fils aîné puis a retourné l’arme contre lui-même, il n’a aucune intention de revenir dans la petite ville de Kiewarra qu’il a fui, adolescent, avec son père, et peu importe si le meurtrier était son meilleur ami. Puis arrive une missive du père de Luke : “Luke a menti. Tu as menti. Sois présent aux funérailles”. En effet, vingt ans auparavant, Aaron a quitté la ville dans des circonstances troubles, après la mort d’une jeune fille dont lui et Luke étaient proches tous les deux. Sous la pression de Gerry Hadler, Aaron se voit contraint de mener sa propre enquête, et plus il fouille, moins la théorie du meurtre-suicide paraît cohérente. Mais il y a beaucoup de monde à Kiewarra à qui le retour d’Aaron ne plaît point, et ses questions encore moins. Dans une petite communauté éprouvée par une sécheresse sans précédent, pour qui les « gens de la ville » sont des intrus et qui a l’habitude de faire justice elle-même, les nerfs sont à vif et les comportements imprévisibles. Aaron aurait peut-être mieux fait de ne pas revenir sur sa promesse de ne plus jamais mettre les pieds à Kiewarra…
Mon avis :
Ah voilà un polar qui fait du bien par ces temps frisquets !
Direction Kiewarra, une petite ville de nouvelle Galles du Sud en Australie (pas très loin de Clyde), où il fait chaud, très chaud et surtout très sec. L’atmosphère y est étouffante et pesante, d’autant qu’une famille vient de subir un terrible drame qui va réveiller pas mal de tensions au sein de cette petite communauté.
Aaron Falk, 36 ans, agent fédéral au service du renseignement financier à Melbourne, est contraint de revenir sur les terres de son enfance après la réception d’une lettre qui sonne comme une menace. Gerry Hadler enterre son fils, sa belle fille et son petit-fils et a besoin de réponse. Il ne peut admettre que Luke, son fils, soit responsable de cette tragédie et ait retourné son arme contre lui. Les temps sont durs et la sècheresse installée depuis un bon moment sur ces terres ne peut être la cause d’un fardeau si lourd pour ces exploitants au point que l’un d’entre eux en soit venu à cette fin dramatique. Gerry est prêt à tout pour laver le nom de son fils qu’il veut croire innocent, même à faire revenir celui qui a fui il y a 20 ans à la suite d’un autre incident….
Falk, qui ne devait passer que deux jours dans ce patelin où il est loin d’être le bienvenu, finit par prendre une semaine de vacances autant pour lever le voile sur l’affaire qui s’abat sur son copain d’enfance que pour soulever les secrets enfouis depuis la mort de leur amie morte noyée, dont il a toujours été jugé responsable par l’ensemble de la population.
« Il semblerait que nous ayons tous nos petits secrets Aaron… » (page 329)
Canicule est un très bon polar qui vous conduit droit au but grâce à une intrigue qui tient très bien la route et dont on est vite happé et surtout par l’écriture fluide et pertinente.
Jane Harper ne se perd pas dans des détails inutiles et nous offre une écriture visuelle qui donne presque l’impression de vivre ces pages comme un film. En effet, certains passages sont très cinématographiques. L’auteure nous plonge avec forces dans le passé grâce aux flashbacks qui arrivent intelligemment en plein discours. Ainsi, plutôt que d’utiliser une narration trop lourde du personnage qui témoigne (et un point de vue interne limité), la scène est directement jouée sous nos yeux. Même si ça a pour effet de couper brutalement la narration principale, je trouve que ça apporte beaucoup de punch à l’intrigue et à la lecture. On se retrouve face aux évènements que l’on vit de manière plus forte.
Grace à deux intrigue parallèles et entremêlées (dont le rapport étroit est constamment sous-entendu mais jamais absolument défini, ce qui laisse encore la part belle à de nombreuses suppositions) l’attention du lecteur est constante. A mesure que l’on s’enfonce dans cette petite ville et dans le passé de ses protagonistes (personnages taciturnes, brutes et violents) les secrets refont surface et l’envie de comprendre les deux affaires est omniprésente. On se fait pas mal d’idées sur chacun mais on est loin de se douter de l’épilogue à la fois surprenant et terriblement bouleversant.
En bref : un page-turner accompli au suspens soigneusement soutenu.