Partager la publication "[Critique] LA GRANDE MURAILLE"
Titre original : The Great Wall
Note:
Origines : Chine/États-Unis
Réalisateur : Zhang Yimou
Distribution : Matt Damon, Pedro Pascal, Jing Tian, Willem Dafoe, Zhang Hanyu, Andy Lau…
Genre : Aventure/Fantastique
Date de sortie : 11 janvier 2017
Le Pitch :
William et son ami Pero, deux mercenaires, sont fait prisonniers par l’armée de la Grande Muraille de Chine alors qu’ils essayent de fuir des assaillants dans le désert. Alors que leurs hôtes cherchent à se mettre d’accord quant au sort à réserver à ces deux mystérieux étrangers, une horde de créatures venues des entrailles de la terre attaque le mur. C’est alors que William et Pero profitent de la confusion pour se défaire de leurs liens et pour se jeter à corps perdu dans la bataille. Ils découvrent ainsi la nature d’un ennemi non seulement puissant mais aussi très organisé. Un ennemi dont la progression n’est freinée que par ce gigantesque mur…
La Critique de La Grande Muraille :
La Grande Muraille s’impose comme l’un des premiers blockbusters issus de la collaboration entre Hollywood et la Chine. Porté par Universal, une boite américaine donc, et par Legendary, qui vient d’être racheté par la Chine, le film voit Matt Damon, l’une des plus grosses stars de l’Oncle Sam aller prêter main forte à une armée chinoise emmenée par Jing Tian, Andy Lau et Zhang Hanyu, soit trois comédiens chinois d’envergure. Sans oublier Willem Dafoe et Pedro Pascal (un transfuge de Game Of Thrones), venus apporter leur soutien à cette production qui à elle seule, démontre de l’importance nouvelle du marché chinois en ce qui concerne les grosses productions cinématographiques américaines. Car aujourd’hui, Hollywood veut plaire à ce grand pays au potentiel énorme en matière de bénéfices. Et quoi de mieux que co-produire un blockbuster comme celui-là en confiant de plus la réalisation à Zhang Yimou, dont l’un des faits de gloire est d’avoir réalisé Le Secret des Poignards Volants, l’un des plus titres les plus flamboyants du cinéma chinois ? Oui quoi de mieux ? En fait, il y a bien quelque chose qui aurait été mieux : arriver à faire un bon film…
Matt Damon fait le mur
L’histoire de La Grande Muraille est extrêmement simple : un étranger arrive sur la Grande Muraille de Chine et aide l’armée locale à combattre des méchants monstres venus d’on ne sait où. Le genre de pitch qui rentre aisément sur un post it mais qui peut donner lieu à un spectacle enthousiasmant. Surtout avec un budget de 130 millions. C’est d’ailleurs ce qu’on croit au début. Les visions de ce glorieux bâtiment trônant dans le désert, sont grandioses, les costumes, bien qu’évoquant un peu les Chevaliers du Zodiaque, ont une certaine prestance, et Matt Damon affiche une barbe volontaire du plus bel effet. On voit venir le truc à des kilomètres mais on pige tout aussi rapidement que l’intérêt de ce long-métrage résidera surtout dans sa capacité à envoyer du lourd. Le problème au fond, c’est que si La Grande Muraille est généreux concernant l’action, il l’est aussi quand il s’agit d’en faire des caisses. Tout le côté absurde étant inhérent, il faut bien le dire, à un certain cinéma américain qui, au nom du grand spectacle, n’hésite pas à en rajouter des tonnes. C’est donc le personnage de Matt Damon qui se retrouve au centre de toutes les situations parfaitement absurdes du film. Et ce dès qu’il fait la démonstration, dans la grande salle de la muraille, de ses compétences…
Et là c’est le drame
Une scène qui intervient après une introduction et une première bataille somme toute plutôt correctes. Non pas que La Grande Muraille nous promette monts et merveilles mais au début, il est tout à fait légitime d’avoir foi en cette production bourrée d’effets-spéciaux. Ça ne vole pas bien haut mais le show est assuré. Mais voilà… ça dérape assez vite. Une histoire de rédemption se dessine. Le soldat Damon veut trouver un sens à sa vie et ses monstres vont lui donner l’occasion de prouver sa valeur en tant que combattant, mais aussi en tant qu’homme. C’est beau.
Le mec est capable de faire des trucs de malade avec son arc et ses flèches. Il saute même dans le vide, s’accroche à une chaîne et a l’air cool en permanence.Véritable héros venu de loin pour montrer aux chinois comment il faut s’y prendre pour botter le cul aux créatures de l’enfer, William, son personnage permet malheureusement au film de venir se ranger dans un rayon qui lui interdit dès lors de prétendre à une quelconque profondeur. Le problème principal étant que même en ce qui concerne le côté spectaculaire, le film ne réussit pas à maintenir le cap.
Derrière la caméra, Zhang Yimou fait le job et livre quelques beaux morceaux de bravoure. Mais on en revient toujours à ces trucs débiles qui plombent l’histoire. À ces affrontements qui font écho au côté profondément crétin d’un scénario qui nécessita, c’est hallucinant, l’intervention de six types (dont Tony Gilroy et Edward Zwick, d’abord prévu à la mise en scène, et Max Brooks, l’écrivain à l’origine du roman World War Z). Yimou est impuissant quand son film sombre dans le ridicule. Un ridicule pas vraiment assumé en plus, même si au fond, on peut trouver matière à rire devant quelques séquences tellement à la ramasse qu’elles en deviennent drôles.
Coup d’épée dans l’eau
La Grande Muraille se présente à nous tel un grand film fantastico-médiéval. Comme une super aventure à l’ancienne, aux proportions dantesques. Dans les faits, il s’impose plutôt comme une version luxueuse de Donjons & Dragons, avec des stars et un réalisateur que sait tenir une caméra. On ne peut s’empêcher de déplorer le caractère vain et anecdotique de ce gros bordel, tout comme sa propension à ne cesser de creuser pour se couvrir de ridicule au fur et à mesure que le récit progresse vers son dénouement. Un dénouement, on s’en doute, prévisible comme c’est pas permis, intervenant après une ultime scène totalement aux fraises.
Tant pis pour les comédiens qui prennent tout ceci au sérieux, tant pis pour les monstres et leur look plutôt réussi et imposant… Tant pis. La Grande Muraille se heurte à ses probables influences. On pense notamment au siège du Gouffre de Helm dans Le Seigneur des Anneaux. Mais au fond, même sans ça, La Grande Muraille n’a besoin de personne pour se tirer une volée de flèches dans le pied…
En Bref…
Cette luxueuse production sino-américaine a vraiment du plomb dans l’aile. La faute à un scénario bas du front et à cette propension à toujours à faire trop sans parvenir à éviter de tomber dans un ridicule plus gênant que drôle. En plus, le film se prend beaucoup trop au sérieux. Heureusement, l’action généreuse permet de garder à peu près l’ennui à distance, certains effets spéciaux font le job et la réalisation ne manque pas d’ampleur. De quoi sauver les meubles, mais de justesse… Quoi qu’il en soit, La Grande Muraille s’oublie très vite…
@ Gilles Rolland
Crédits photo : Universal Pictures International France