J’avais prétendu il y a peu de temps que je ne lirai plus aucun roman prétoire… « Défendre Jacob » de William Landay m’avait valu cette promesse qu’aujourd’hui je romps sans vergogne.
Tout est affaire de style et Thomas H. Cook, que je viens à peine de découvrir, pourrait à mon sens user de thème mille fois rabâchés, le résultat n’en serait qu’excellent à l’instar du roman que je viens d’achever.
« Le dernier message de Sandrine Madison » est un roman intelligent. Intelligent par sa construction semée d’embûches mais dont l’auteur se joue de sorte que la lecture devient fluide et parfaitement compréhensible. Intelligent par le le passé et les souvenirs qui se mêlent au présent et au procès. Intelligent par son style très littéraire qui colle précisément au sujet et aux personnages du roman. Intelligent enfin, par les multiples références littéraires elles aussi et qui se fondent dans la vie des protagonistes de façon naturelle et évidente tel un fil d’Ariane tissé d’encre et de papier.
Loin d’être pompeux et maniéré, Thomas H. Cook réussit là un roman tout en finesse sur la lente et inéluctable érosion de l’amour et sur l’aboutissement de ses rêves, les deux étant étroitement liés dans le récit.
En effet, nos rêves ou nos ambitions que nous ne réalisons pas ne feraient-ils pas de nous des êtres dénués de la satisfaction d’une vie aboutie ? L’aigreur s’installant, nous devenons autres et le rejet de cette faute sur autrui devient alors presque naturel. Humain tout du moins. Ceux d’entre nous qui n’ont pas la force de renoncer ou d’accepter ( ce qui revient souvent au même) perdent la foi et l’estime. La sienne et parfois celle des autres.
L’amour étant fait aussi d’admiration, il n’y a malheureusement qu’un pas à faire, un seul, et l’amour s’oublie comme on a pu oublier nos rêves.
« Le dernier message de Sandrine Madison est une parenthèse de tendresse et de nobles sentiments. Il désacralise puis magnifie l’amour sans pour autant en oublier la difficile pérennité.