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Interview d’Agnès Boucher

Par Livresque Du Noir @LivresqueduNoir
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Agnès Boucher s’est prêtée au jeu de l’interview Livresque du Noir.

Bonjour Agnès. On commence ?

  • Un auteur, c’est souvent un univers. Quelle photo serait la plus appropriée pour illustrer le tien ?

Agnès : Une photo de Paris, la nuit, en noir et blanc. Je suis née à Paris, et même si je n’y vis pas actuellement, c’est le lieu où j’aime plonger mes personnages. Mes deux premiers romans policiers s’y déroulaient, le prochain également. J’adore marcher la nuit dans Paris, quand tout le monde dort, avec juste quelques fenêtres éclairées de-ci delà, et j’imagine ce qui peut se passer derrière…

  • Que cherches-tu dans l’écriture ?

Agnès : Aucune idée, c’est tellement naturel et spontané. Je ne me pose jamais ce genre de question. Quand j’étais plus jeune, l’écriture était sans doute une échappatoire à la vie. Aujourd’hui ? J’écris, tout simplement. Bien ou mal, je n’en sais rien. Je n’ai pas d’égo par rapport à l’écriture. J’aime m’améliorer de livre en livre, mais je ne me prends pas au sérieux. Demain, tout peut s’arrêter. Je n’en mourrai pas.

  • Quand tu écris le mot « fin » sur un manuscrit, qu’est-ce que cela représente pour toi ?

Agnès : Rien n’est jamais fini, on l’apprend lorsqu’il faut relire et relire et relire encore le manuscrit pour le corriger. Il peut en permanence être améliorer. Par exemple, je viens de rendre la dernière mouture de mon prochain opus à mon éditeur, et j’ai retrouvé encore, malgré le travail approfondi de chacun, des petites imperfections. Et il en restera encore, c’est normal. Le principal est de tout faire pour les éliminer au maximum, par respect pour le lecteur. Fred Vargas dit qu’elle relit près de 40 fois un manuscrit. Je pense qu’elle a raison. Bien écrire, c’est considérer le lecteur comme un partenaire.

Et puis, la fin permet de penser à la suite. Et de rebondir dans l’imaginaire. J’ai un second roman en cours d’examen par le comité de lecture, j’en ai un troisième en gestation dans ma tête dont je vais bientôt commencer la rédaction… la fin n’existe pas pour moi.

  • Les salons et séances de dédicaces sont-ils des étapes nécessaires dans ton activité d’auteur ?

Agnès : Non. J’avoue qu’ils m’ennuient. Je n’éprouve pas le besoin de rencontrer mes lecteurs de manière officielle, comme je n’ai aucune envie de connaître de cette façon les auteurs que j’aime. Je ne vais jamais à des séances de dédicace ni dans des salons, tout en respectant les auteurs qui y vont, les lecteurs qui les fréquentent et les organisateurs, plein d’abnégation.

Car, en même temps, c’est très sympathique de papoter avec des lecteurs potentiels, mais de manière informelle, spontanée. Derrière mon « petit étal », je me sens à l’étroit. Je préfère le hasard d’une rencontre, d’un échange même virtuel par les réseaux sociaux…

  • Quel rôle joues-tu dans le choix du titre et de la couverture de tes romans ?

Agnès : Le choix du titre m’est toujours revenu. Cela vient spontanément, je ne me pose pas de question. En revanche, si ma maison d’édition me disait un jour qu’il est mauvais, je lui ferai confiance et accepterai ses propositions. Pour la couverture, je fais généralement une proposition d’ensemble, le graphiste m’envoie un projet et on en discute. Et Jérémy, le graphiste des Editions Hélène Jacob est très doué !

  • Les blogs littéraires sont légion. Quel regard portes-tu sur ce qui est publié, notamment sur tes œuvres ?

Agnès : Ils sont importants car ils sont une nouvelle manière de promouvoir un livre. En même temps, ce sont surtout les avis de lecteurs qui m’intéressent. Car il faut que le thème de lecture du blog corresponde à ce que j’écris. Dans le cas contraire, cela n’a pas grand intérêt. De plus, il est difficile de faire le « tri » dans les blogs, en terme de qualité et d’image, de visibilité également. Je reconnais ne jamais solliciter de blogeur/se. C’est peut-être un tort…  🙂

  • Le livre numérique se développe de plus en plus. Comment ressens-tu ça ?

Agnès : Je suis totalement pour, d’abord parce que c’est le support privilégié par ma maison d’édition, les Editions Hélène Jacob, pour des raisons écologiques et économiques, que je me suis volontiers appropriée.

Ensuite, je lis beaucoup en numérique, sauf les livres des « grandes » maisons d’édition qui pratiquent des tarifs prohibitifs et scandaleux. Mais je pense que cela va changer, avec les plateformes numériques, les abonnements mensuels.

J’adore le contact du papier, mais je n’ai plus de place chez moi, je déteste l’idée d’arbres sacrifiés pour le pilon. Le papier et le numérique se complètent et ne s’excluent pas.

  • Quelle serait ta définition d’un bon libraire ?

Agnès : Curieux de tout, indépendant dans ses choix, ouvert aux nouveaux venus et qui arrête de nous mettre toujours les mêmes bouquins sous le nez ! J’en ai une près de chez moi, et c’est très très agréable de pouvoir discuter, échanger, sans langue de bois. Elle commence à connaître mes goûts et peut me proposer des choses.

  • La France reste un des rares pays où les auteurs sont peu nombreux à être représentés par un agent littéraire. Selon toi, c’est une bonne ou mauvaise chose ?

Agnès : Je n’ai pas d’idée là-dessus. J’ai totalement conscience que le marketing est important et j’aime avoir la main dessus. Être promu comme l’est un acteur, bref être dans l’attente conjuguée du désir du lecteur et de la capacité d’un agent à me « vendre » ne me plairait pas. Je préfère faire le boulot moi-même. Cela demande aussi une réelle forme de créativité.

  • Quel livre n’aimerais-tu surtout pas écrire ?

Agnès : Un livre où je m’ennuie à l’écrire ! Quand j’écris, j’oublie généralement le temps qui passe. Je suis pleinement dans le récit. Bon, plus spécifiquement, le romantisme, le gore, ne me conviennent nullement.

  • Enfin, que dirais-tu aux lecteurs pour les encourager à lire tes romans ?

Agnès : Je leur proposerai de sortir des sentiers battus, des livres-kits, ceux que l’on sent construit pour satisfaire un besoin à un instant précis, les livres et les écrivains à la mode. Je le reconnais, je me méfie dès que l’on me dit qu’il « faut » absolument lire un auteur (comme voir un film, d’ailleurs). J’écris avant tout pour moi, et si cela plaît et distrait, intéresse ou passionne (soyons fous !  🙂 alors, tant mieux.

Merci Agnès d’avoir répondu à nos questions.

Interview d’Agnès Boucher

À propos de l'Auteur

Agnès Boucher est coach et fondatrice de Trajexia, cabinet de conseil en ressources humaines. Elle accompagne des personnes dans leur évolution professionnelle et leur cheminement personnel. Mélomane, elle écrit sous diverses formes  essais, récits et nouvelles, romans policiers, … , et aussi quelques docu-fictions pour France Inter. Elle puise son inspiration dans la tranquillité et la solitude des paysages verdoyants du Perche où elle passe ses vacances et week-ends depuis son enfance, et aussi dans les oeuvres de ses compositeurs favoris, parmi lesquels Beethoven, Schubert, Mahler… Ses ouvrages sont d’abord l’occasion de creuser les multiples aspects de personnalités réelles ou imaginaires, et de comprendre les comportements et tempéraments, interactions et motivations de ses personnages. Y distiller de l’humour, voire un zeste de fantastique lorsqu’il s’agit de fiction, est une liberté qu’elle s’autorise presque inconsciemment. Membre de l’Association des Écrivains Bretons http://agnesboucher.com/ https://www.facebook.com/agnesboucherauteure?ref=hl

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