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BLACK CHRISTMAS la naissance du slasher

Par Christian Papia @ChristianPAPIA

(8/10)

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Synopsis: Des jeunes femmes faisant parties d'une confrérie universitaire passent les vacances de Noël ensemble. Le groupe reçoit d'étranges appels téléphoniques, les jeunes femmes, qui semblent au départ s'en amuser, ne se doutent pas une seconde que les appels sont passés de l'intérieur de la maison...

Loin des téléfilms de Noël, de Love Actually et des dindes fourrées, Black Christmas permet de clôturer les fêtes en beauté. Sorti en pleine crise économique (rappelons que les années 70 étaient une grande période de doute pour le cinéma américain) ce film semble tracer à lui seul les bases des futures grands slashers des années 80 et 90. Pris au piège dans cette situation de crise, il dépeint avec force les traumas sociaux, cette claustrophobie castratrice d'un régime fragile tout en posant un certain nombre de conventions cinématographiques qui se verront être reprises par les grands maîtres de l'horreur. Or, comment Black Christmas, dans sa transparence la plus totale, a réussi à inspirer ce cinéma de genre en total renouvellement ? Dès son ouverture, Black Christmas impose un style ; un titre style gothique sur un plan fixe, une maison, théâtre du crime, des sons de cloches... Ce plan d'ouverture, qui sera également le plan de fin, résume finalement l'intégralité du film et ses motifs principaux. Mais nous y reviendrons.

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C'est autour de cet angle de crise que le film peut être perçu comme affreusement représentatif de l'état de doute dans lequel l'Amérique était plongée. Pour ce faire, le réalisateur affirme trois lieux propres ; la maison, le commissariat et le parc représentant l'extérieur. L'histoire circule autour de ces trois entités géographiques comme prises au piège. En effet, chacun de ces lieux va se trouver piégeur et meurtrier pour ses résidents créant une ambiance de peur et d'insécurité profonde. Très vite se distinguent leurs trois complémentarités diégétiques à savoir la sororité, les policiers et le tueur. On retrouve donc naturellement le groupe de filles, dans la fraternité toute emprunte d'une identité émotionnelle différente, qui viendra presque impacter sur l'ordre de leur mort. De l'autre côté, les boyfriends qui viendront volontiers consoler leurs dulcinées et semer le doute quant à l'identité du tueur. Ce dernier, représenté ici en vision subjective habilement travaillée, n'est pas sans rappeler Maniac qui sortira dix ans plus tard. 

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Par ailleurs, comme Wes Craven l'avait si bien exécuté dans Scream, les fausses pistes et la révélation du meurtrier constituent une base pour l'intrigue principale qui se verra moduler en fonction des indices semés. Mais ici, c'est presque trop gros. Ce qui est intéressant, c'est la vision presque clichée que porte Bob Clarck sur son histoire. Un petit ami artiste torturé, violent et mystérieux, une vierge qui tombe enceinte, une copine qui n'a pas la langue dans sa poche, des forces de l'ordre naïves et incompétentes... On se demande à la lecture de ces éléments ce qui donne au film cette qualité si précieuse. 

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Tout d'abord, la vision du réalisateur qui semble éliminer les personnages féminins dans un silence et une transparence totale non pas dans un but de découverte mais justement pour les masquer (avec l'utilisation efficace du hors-champs). À la croisée des genres et des techniques, ce cinéma des années 70, reflet d'un malaise et d'une période de doute, n'a pas l'intention de se faire vindicatif. Il essuie ses rancœurs et les dissimule davantage dans une atmosphère que dans une histoire. Car si l'intrigue ne trouve pas réellement de point culminant ni de réponses concrètes, l'atmosphère pesante suffit à clôturer Black Christmas dans un silence plat et une forte ignorance. Considéré comme l'un des premiers slashers de l'histoire du cinéma, Black Christmas, dans une apesanteur cinématographique charnière, laisse comme seule réponse au spectateur un cri de désespoir vide, sous les yeux de tous, qui ne trouvera jamais son destinataire.

Black Christmas (1974) Trailer [HD]

MATTHIEU EB.

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