Besoin impérieux de tout quitter, courir comme un dératé à travers champs et s'arrêter à la première friche croisée pour prendre la pose, vêtu de noir, une cagoule sur la tête et un fusil porté à l'épaule. Le Korg en second plan. Portrait de la nouvelle garde de défense du clavier, organisation obscure pour l'indépendance des notes noires et blanches. Sentiment d'imminence quand les gyrophares sonores du duo bordelais VvvV prophétisent l'émeute dès Like, premier morceau de l'album du même nom qui, sorti à l'automne dernier, a réussi à invoquer et faire rugir les sirènes de l'enfer. Un moment de grandiloquence qui n'effraie que ceux qui ne seront jamais préparés à recevoir telle envolée symphonique, concerto maléfique pour synthpunk.
VvvV, c'est l'apocalypse fait synthé, baroque et faste, le sceau du diable dessiné à travers les quatre consommes onomatopéiques d'un faux palindrome baveu qui semble dire : vite, violent, vénère et vif. Les sens en ébullition, la furie d'une réunion des genres pop, punk, kraut et cold déferle, sur fond de chant cabalistique et de sonorités qui flirtent parfois avec l'indus à la Soft Moon. Démonstration ci-après avec la doublette Clean et Nation.
Esprit malin, le duo capture ses victimes sous les feux d'un style téméraire et joue avec l'instinctivité de la réaction qui s'en suit. On devient adepte, discipline. Les barrières tombent, c'est prêt à être sacrifiés qu'on fonce vers le brasier VvvV, pris sous les coups de boutoir de The Beast. L'étau des nappes opaques se resserre mais les respirations Alive et Your Life maintiennent hors de l'eau, geste salutaire et manifestation du diable, rengaine entêtante n'apaisant que pour mieux assaillir. V Le Virulent. Sur les terres du Graves, le rouleau compresseur de neuf titres de cet album prend de court, la procession laisse suffoquant mais prouve que Bordeaux rocke toujours, merci beaucoup pour elle.