: cuisine décevante
: cuisine correcte
: cuisine intéressante et gourmande
: cuisine de haut niveau… à tous les niveaux
: cuisine exceptionnelle
Du nouveau, du renouveau, du bon, La Grenouille a toujours la cuisse ferme…
Une institution. Une légende, sinon un mythe qui semble avoir traversé les âges jusqu’à nos jours. Ça rassure d’ailleurs de voir un passé encore vivant sous nos yeux étonnés puisque l’époque élimine, gomme, supprime ce qui date d’hier tout en ayant peur du lendemain pour ne vivre qu’aujourd’hui.
Chaque fois, la magie opère. Beauté des lieux, des matières, carrelages multicolores, boiseries, banquettes, plafonds, la petite cour intérieure pavée par laquelle on rentre en poussant une porte, en bois, une vraie, avec une poignée. En fond de salle, entourée de miroirs, banquette rouge et chaises idoines, est dressée une table magnifique à réserver à partir de huit couverts. Roger La Grenouille, c’est tout cela et un peu plus.
Il y a une histoire, bien sûr, avec des personnages hauts en couleurs, des drames et des réussites. Au commencement était Nini, Roger Spinhirny de son vrai nom, abandonné à sa naissance avec son frère, et passionné de nourriture et de cuisine. En 1930, il reprend une cordonnerie qu’il transforme en restaurant qui devient très vite le rendez-vous des artistes, vrais et faux, des lanceurs de mode et des suiveurs. Picasso habite à côté et peint Guernica, entre autres. Après guerre, le quartier Saint-Germain-Odéon fait place aux rigolos et aux fêtards qui n’ont pas grand chose à apporter, puis aujourd’hui, une vitrine d’un passé révolu et un déambulatoire pour touristes.
Roger « La Grenouille », fatigue un peu et rencontre François Pagot, qui lui aussi connait la musique et pas mal de partitions malgré ou grâce à son jeune âge. Ancien chanteur lyrique et responsable de salle chez Costes, il reprend le restaurant l’année dernière en 2016, le retape sans toucher à rien d’essentiel, et engage un chef dans l’esprit du lieu. Ce sera Marc Lourme, et ils mettent au point une carte d’un bon équilibre entre la tradition et l’actualité. Exigence des produits et des fournisseurs, découverte de vignerons travaillant dans un esprit bio et même « nature », voilà les deux grandes passions du patron. Le résultat est fort convaincant. En prime, quelques plats hommages au batracien qui est ici chez lui, mais surtout une cuisine soignée qui attire à nouveau les gourmands du quartier et d’ailleurs.
Dès l’entrée, des Fritots de grenouilles délicieux, à la panure très légère, accompagnés de trois sauces aux goûts bien marquées, bordelaise parfaite, béarnaise réussie, et un aïoli avec de l’ail, ô miracle ! Parfait à partager avec un verre de Petit Chablis en attendant la suite.
Le chef Marc Lourme s’y connait en sauces, jus, et marinades de toutes sortes qu’il réussit impeccablement. Exemple, ces Saint-Jacques taillées fines et marinées dans un jus d’agrumes, huile d’olive, et poivre de Timut. Parfait.
Les six, ou douze, escargots demeurent des escargots, mais la sauce au vin rouge et à l’ail est un délice, le tout surmonté d’un dôme en pâte feuilletée, croustillante à souhait. Beau et bon.
Le « Greenwich » est une chose étrange que nous avons regardé de loin, sorte de burger à la grenouille servi avec des frites et une bonne sauce tartare. Certains s’en régalent, donc…
A la carte, il y a toujours suivant les saisons et les envies du chef, un bon plat dit « de ménage », à savoir des plats que l’on mange (mangeait ?) en famille, le plus souvent mijotés, avec la coquelle sur la table et tout le monde se sert. Convivial, on dit aujourd’hui.
En ce moment, c’est la Blanquette de veau. Elle est bien, appétissante, même si la sauce est un poil épaisse et trop marquée par le citron. Bientôt, le pot-au-feu arrive. Qu’on se le dise.
Paris-Brest très personnel, et une agréable Nage de clémentines, fraiche et délicate.
Carte des vins remarquable, bien sélectionnée, originale, vivante, qui permet de belles découvertes, bien conseillé dans les choix par François Pagot.
Le Crozes-Hermitage rouge 2014 de chez David Raynaud, Domaine Les Bruyères, en est une preuve parfaite. Prix fort acceptables.
Chez Roger La Grenouille, la cuisine est en accord avec le lieu, classique, réconfortante, sérieuse mais aussi rieuse, avec quelques touches actuelles dans la réalisation et la présentation. Le chef possède bien ses classiques et le « tout fait maison » est ici une loi du genre.
De la maitrise, malgré quelques anicroches sur des liants et des équilibres de saveurs, et une cuisine qui réchauffe le cœur sans « chercher midi à quatorze heures » comme on disait au temps de « Nini » la grenouille.
75006 Paris
Tél : 01 56 24 24 34
www.roger-la-grenouille.com
M° : Odéon
Fermé dimanche
Lundi, Mardi, Mercredi : 19h-01H
Fin de service restaurant à 23H
Jeudi Vendredi Samedi : 19h-02h
Fin de service restaurant à minuit
Réservation par mail possible jusqu’à la veille, le jour même par téléphone
Menu Déjeuner (change tous les jours) : 19 € (3 plats)
Carte : 50 € environ