Marianne Mikko, parlementaire européenne d’Estonie, a créé une polémique dans son rapport mettant en garde l’UE de la montée en puissance des blogueurs dans l’espace public / privé (comment le nommer ?) 2.0 .
source : alrebullon
Elle déclarait dans Courrier International:
“Cependant, du fait de leur banalisation et de leur multiplication, les blogs sont également utilisés par des personnes de moins en moins scrupuleuses.”
Je serais tenté de dire qu’on a là une acception purement subjective. Et que rien n’empêche de dire que les blogs sont paradoxalement utilisés par des gens de plus en plus sérieux (chercheurs, étudiants CEOs) : on constate une entrée dans une phase de maturité où les contenus diffusés se spécialisent via la constitution de réseaux d’affinités de plus en plus précis.
Il est intéressant de voir que le postulat sur lequel repose le rapport est pourtant a priori pertinent :
“considérant que le niveau d’éducation aux médias des citoyens de l’Union européenne est inférieur à ce qui est souhaitable et que la prise de conscience de la nécessité d’une instruction aux médias est faible,”
C’est malheureusement les mesures qui en découlent qui me semblent à contre-courant :
“souligne la nécessité d’instituer des systèmes de contrôle et de mise en œuvre du pluralisme des médias, fondés sur des indicateurs fiables et impartiaux;”
propose l’introduction de redevances adaptées à la valeur commerciale du contenu généré par des utilisateurs ainsi que de codes d’éthique et de règles d’utilisation pour les contenus générés par les utilisateurs dans les publications commerciales (…) se félicite de la dynamique et de la diversité qu’ont apporté au paysage médiatique les nouveaux médias et encourage une utilisation responsable de nouveaux canaux comme la télévision numérique mobile;”
On confond symptôme et syndrome, à savoir : les citoyens ont un besoin de s’exprimer sans précédent ; le politique a du mal à le gérer et à le comprendre ; il faudrait donc contraindre les plateformes de conversation.
Je reprends DegroupNews :
“Il semblerait donc que la liberté d’expression des citoyens européens représente un réel sujet d’inquiétude pour les élus des peuples, mais pas forcément dans le sens où on pourrait l’espérer”
Pourtant, une digression : demande-t-on ses papiers à un orateur zélé dans un PMU ? Non. A-t-il plus de poids qu’un leader politique en termes d’influence sur une population entière ? A priori non, à moins que les 2 fonctions soient cumulées. Qu’est-ce que je veux dire ? Que labelliser à outrance ne sert pas à grand chose : il y aurait les gentils blogueurs et les mauvais blogueurs ? Aka : ceux qui s’inscrivent dans les canons de l’institution versus les autres ?
Crainte de la diffamation, de la rumeur, des manipulations de pensée ? L’argument me semble un peu faible : les personnes s’exprimant sur le web sont elles-aussi sujettes à la loi. Voir à ce propos les droits et devoirs du blogueur. Et l’immense majorité des blogs est au-delà de quelconque considération pécuniaire quand elle écrit. On confond beaucoup de médias dans ce rapport, non ?
Pour aller plus loin, Emmanuel Bruant.