La métaphore est lourde de cynisme.
Mary Tyler Moore, une semaine après la marche des femmes contre l'attitude générale de l'olibrius qui s'est hissé président aux États-Désunis, s'éteint. Un symbole de splendeur et de libération féminine est enterré.
L'actrice Mary Tyler Moore a incarné au petit écran la toute première femme célibataire indépendante dans un rôle principal dans une série télé, dans les années 70, faisant rire, pleurer, mais surtout étant le miroir d'une société nord-américaine qui changeait alors sous nos yeux pour le mieux.
Comme si les Dieux, ces salopes éternelles, s'étaient entendu afin de faire mourir les modèles féminins inspirants de toute les époques, puisque de toute manière, en commençant par les États-Désunis, l'Amérique s'apprête à régresser de jour en jour à tous les niveaux.
Y a t-il eu une seule journée sans soupirs ou sans ahurissants propos loufoques la semaine dernière? C'était un véritable cirque. On aurait scénarisé une semaine comme celle de la semaine dernière dans un film que l'on y aurait pas cru.
Quand John Lewis, leader progressiste noir et dernier survivant du "big six" de Martin Luther King lors de la célèbre marche de 1963 sur Washington, a refusé l'invitation de Donald Trump à son assermentation, Trump a tweeté, (car il ne fait que ça, tel un dégénéré faisant dans sa culotte toute les trois heures) que Lewis devrait se concentrer sur son État (il est élu à la chambre des représentants sous la bannière démocrate et dans le district congressionel de Géorgie) qui est l'État au plus haut taux de criminalité au pays...
Faux faux faux archifaux. La Georgie est 20ème sur 50. What the fuck, fucking fuck?
Tous les jours, au moins un journaliste devrait dire à Trump en pleine face:
WHAT THE FUCK, YOUFUCKING FUCK?
On ne cessera pas de dédire ce que dit Trump, puisqu'il ne se passe pas une seule journée sans un mensonge éhonté, diffamatoire ou ahurissant de faussetés. Le mot "message" est sérieusement menacé de devenir tout simplement mensonge.
Trump a tué l'espoir politique. Il est maintenant complètement convenu de ne plus jamais croire ce qui sort de sa bouche. Que ce soit vrai ou non.
C'est tout de même l'homme qui occupe l'une des plus importante position au monde. Au monde.
Je ne pensais jamais vivre une telle époque où la maturité ne serait plus utile dans une telle position.
De 1970 à 1977, Mary Tyler Moore, dans la peau de Mary Richards, et sous la plume d'un jeune James L.Brooks (oscarisé en 1983, salué par des nominations en 1987 et 1996, et largement impliqué dans le succès des Simpsons à tous les niveaux depuis leurs débuts en 1989) et d'Allan Burns, affichait une femme pleinement autonome, une icône faillible, compétente mais imparfaite, humaine, sensible et forte, capable de faire rire mais aussi d'auto-dérision. Une femme extrêmement admirable dans des États-Unis assez conservateurs, dont la société changeait au même rythme que le personnage. Dans le générique d'ouverture, on voit clairement en toute fin, quelques femmes plus âgées, donc d'une autre époque, regarder d'un air effaré, Mary lancer en toute liberté son béret au milieu d'une foule de passant. La trouvant visuellement déplacée.
Ce moment a été voté le second moment de générique de télévision le plus représentatif de son époque aux États-Unis dans les années 70, derrière Those Were The Days de All In The Family qui faisait, entre autre, se confronter un père conservateur à un gendre plutôt libéral. Dans les deux cas, les séries faisaient échos aux changements progressistes de la société Étatsunienne, pourtant sous régime Nixon & Ford.
Le personnage, l'actrice, la Femme avec un grand F était si important pour son époque qu'à Minneapolis, au Nicolet Mall de Minneapolis**, on a érigé une statue copiant le mouvement du lancer du béret de Mary Richards/Tyler Moore.
Les femmes n'ont eu accès librement à la pilule contraceptive qu'en 1972 aux États-Unis. Et avant le personnage de Mary Tyler Moore, les femmes n'étaient pas professionnellement indépendantes. surtout pas célibataires, tout ça était du nouveau territoire social. You're gonna make it after all était le chant de millions de femmes des États-Unis. Oprah Winfrey, pour n'en nommer qu'une seule, a avoué avoir été une fan de la première heure, commençant une carrière à la radio de Nashville quand débutait la série. Elle a candidement avoué que la série et le personnage l'avait grandement inspirée. Comme des milliers d'autres.
Hommes et Femmes. Car il était adorable ce personnage. Il avançait avec son époque. Il brillait.
Les étoiles du drapeau des États-Unis n'ont jamais été aussi pâlies. Donald Trump a signé un décret coupant les vivres à tous les regroupement d'ONG qui soutiennent l'avortement. Une nouvelle agression envers les femmes. Un recul sociétaire de plus de 40 ans. Et le monde suit.
Mais vous savez quoi? même Mary Tyler Moore décédée*, et le personnage de Mary Richards étouffé, les femmes et les hommes d'Amérique savent tous quelque chose depuis 1970.
On y arrivera après tout. Même si la dictature place ses cartes.
Parce que l'amour et l'attitude vainc tout et il peut se trouver tout partout.
L'Amérique en premier? ça tombe bien, on en fait tous parti par ici.
Merci Mary, Paix ait ton âme.
*À 80 ans, avait-elle besoin de vivre une telle régression sociale dans son pays de toute manière?
** Un symbole de liberté féminine au pied d'un temple de consommation...que d'ironie...