Partager la publication "[Critique] iBOY"
Titre original : iBoy
Note:
Origine : Grande-Bretagne
Réalisateur : Adam Randall
Distribution : Bill Milner, Maisie Williams, Miranda Richardson, Rory Kinnear, Charley Palmer Rothwell, McKell David, Susan Fordham…
Genre : Fantastique/Drame/Thriller/Adaptation
Date de sortie : 27 janvier 2017 (Netflix)
Le Pitch :
Alors qu’il rend visite à une amie, Tom Harvey surprend des hommes masqués en train d’agresser cette dernière. Il se saisit alors de son téléphone pour appeler la police, mais les intrus lui tirent dessus, faisant exploser l’appareil. Quelques jours plus tard, Tom se réveille à l’hôpital et apprend que les chirurgiens n’ont pas pu extraire de minuscules morceaux du téléphone de son cerveau. Rapidement, il découvre qu’il est capable d’interagir avec tous les appareils électriques par la seule force de sa volonté…
La Critique de iBoy :
Tout comme il ne faut pas juger un livre à sa couverture, il est parfois sage de ne pas juger un film à son titre. Dans le cas présent particulièrement. Car derrière ce titre ne se cache pas une sorte de truc pour les jeunes fans d’Apple mais bel et bien un thriller teinté de science-fiction non seulement très efficace, mais aussi habité d’une belle mélancolie, qu’il faut s’empresser de regarder !
Smartphone humain
C’est n’est pas la première fois que l’acteur Bill Milner est doté de super-pouvoirs dans une œuvre de science-fiction. C’est en effet lui qui incarnait le jeune Magneto dans X-Men : Le Commencement, dans lequel il pouvait donc agir sur le métal. Ici, dans iBoy, il est désormais capable d’entendre les conversations téléphoniques, mais aussi d’influencer les réseaux, de faire exploser des appareils électriques ou encore d’envoyer des textos et des mails sans avoir à payer de forfait. Tout ça après qu’un smartphone lui ait explosé près du visage. L’histoire ne dit pas si il s’agit d’un Galaxy Note 7, mais voilà : même si il arbore désormais une grosse cicatrice, ce londonien est une sorte de super-héros hyper connecté. Un garçon qui va user de ses pouvoirs pour rétablir l’ordre dans sa cité gangrenée par les trafics et la violence et en profiter surtout pour venger la fille de son cœur.
Si iBoy est aussi solide et prenant, c’est qu’il ne cède jamais aux tentations faciles des teen movies tapageurs. Lui, ce qu’il préfère c’est adopter une posture que l’on pourrait rapprocher de celle d’Harry Brown ou, à plus forte raison du méconnu et très réussi Heartless.
Attack the block
Adam Randall, le réalisateur, s’attache à retranscrire la détresse du héros, qu’il superpose avec des thématiques sociales actuelles pour au final livrer un divertissement efficace mais aussi concerné. Ce qui est vraiment étonnant, c’est que si le pitch aurait pu déboucher sur une espèce d’ersatz d’X-Men, ce n’est jamais vraiment le cas. Dans la plus pure tradition d’un cinéma britannique plutôt brut de décoffrage et baigné dans une mélancolie palpable, iBoy se détache du modèle américain et gagne ses galons dans sa propension à mener son intrigue à son dénouement sans excès, ni dérapage, mais assurément en prenant quelques risques et en soignant ses personnages et leurs interactions. On peut ainsi voir les réflexions que le film porte en son sein, qui font de lui quelque chose de bien plus consistant que prévu. Pas aussi noir que Harry Brown ou Heartless, iBoy reste néanmoins plutôt adulte et suffisamment mesuré pour lui permettre de sublimer son postulat.
Pour autant, on remarque également que le réalisateur a tenu à respecter certains codes propres aux genres auxquels son long-métrage se rattache plus ou moins directement. Entre le vigilante, le thriller, le drame social et le trip de super-héros, iBoy réussit à imposer une tonalité très convaincante.
En première ligne, alors qu’on attend surtout Maisie Williams, la Arya de Game Of Thrones, Bill Milner contribue à l’excellente impression que laisse le film. Grave mais pas trop, il incarne des valeurs héroïques, mais, à l’instar du scénario ou de la mise en scène, ne cède pas non plus à l’excès. En face, Maisie Williams explore quant à elle un autre registre et convainc avec tout autant de puissance. Difficile de ne pas saluer tant qu’on y est le toujours impeccable Rory Kinnear et plus généralement tous les comédiens qui campent les caïds de la cité. En accord avec un cahier de charges consistant, iBoy s’attache à ses personnages.
Une manière aussi de peut-être contourner les contraintes budgétaires, même si au fond, les effets-spéciaux sont aussi très réussis.
Très bonne surprise, iBoy peut également tout à fait s’entrevoir telle une alternative plus intimiste aux grosses productions Marvel/DC Comics. Comme un film inspiré et rythmé, qui va jusqu’au bout de son concept.
En Bref…
iBoy s’inscrit dans la lignée d’un cinéma de genre anglais exigeant et divertissant. Beaucoup plus valeureux et ambitieux que prévu ce film fantastique se paye en plus le luxe de faire écho à certaines problématiques actuelles, tout en faisant montre d’une bonne volonté et d’une intelligence de tous les instants. Assurément recommandable.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Netflix