Un homme, ça s'empêche...
Il est attiré par le fruit défendu... comme tout être tordu, mais tout mordu qu'il est, il sait ce qui lui est dû.
Il peut ne pas céder à l'attirance en lui opposant la voix de sa conscience.
La loi n'est pas extérieure à moi, elle est en moi, surmoi dirait Freud.
Je ne réponds pas à l'appel du désir. Il insiste, je lui résiste.
Il me suit, je le fuis.
Un homme, ça s'empêche, répète Camus.
Qui le croit, qui l'eût cru ?
Les choses, hélas sont vécues autrement. Parfois même à notre insu.
Désolée, Camus ! Mais un homme ça ne s'empêche pas... ça pêche... ça pêche énormément...
Ça ne peut pas s'empêcher de pêcher... c'est tout le mystère du péché : l'envie de faire ce qu'on ne doit pas faire.
Même Freud l'a éludé en croyant l'élucider : le surmoi n'a aucune prise sur soi : c'est ça moi
Même le non-vicieux est vicié par le péché, par l'envie de transgresser l'interdit pour satisfaire son envie...
Le péché, qu'est-ce que c'est ?
C'est le lien entre deux auxiliaires : être et avoir...
Être en vie et avoir envie... et tant pis pour ceux qui ne sont pas de cet avis !
Dostoïevski l'a compris... mais ni Freud, ni Camus.
Le déchet est au cœur de l'homme pour gâcher son optimisme moral ou son aspiration à quelque idéal.
Ça reste un enfant... ça ne peut pas s'empêcher de faire ce qu'il ne faut pas : se remplir les poches et fuir les reproches.
Et si ça pue, c'est parce que c'est toujours en fonction de ce qu'il a pu et non de ce qu'il a dû.
Pour le dire dans un langage plus relevé : notre pouvoir être est d'abord attiré par le bas, le plus bas degré de l'être.
Pourquoi ? Parce que le néant est à sa portée... le mal lui est plus familier.
Et qu'est-ce que le mal ?
C'est penser à sa pomme et rien qu'à sa pomme... même après avoir étudié la somme théologique de Saint Thomas.
En attendant Filons ! Ecce homo !