Malgré ces quelques minutes de retard sur la mise en ligne habituelle (je suis malade), je vous souhaite à tous bonne lecture !
Chapitre 9
Black dog
Après cette étrange soirée au cours de laquelle j’avais été confronté au miroir magique, je pris soin d’occulter mes sentiments à l’égard d’Antje même si j’avais accepté leur existence. J’étais plus persuadé que jamais de ne pas avoir besoin de ça. Cette faiblesse resta donc cachée au fond de mon esprit comme quelque chose de honteux. Mon attitude à son endroit ne changea guère même si, en sa présence, je sentais distinctement mon cœur battre un peu plus fort et certaines pensées coupables se profiler à l’orée de ma conscience. Fort heureusement, j’eus rapidement autre chose à penser. James, Peter et moi pûmes enfin réaliser un projet qui nous tenait à cœur et sur lequel nous travaillions depuis déjà deux ans.
Lorsque nous étions en troisième année, le professeur McGonagall nous avait fait étudier les Animagi. Elle-même avait cette faculté de se métamorphoser en animal et son nom, nous apprit-elle, figurait sur un registre du ministère de la Magie. Sa forme animale était celle d’un chat tigré et, quand elle se transforma devant nous, les applaudissements furent fournis et toute la classe profondément impressionnée. Malgré les marques autour des yeux rappelant les lunettes de notre enseignante, il était difficile de s’habituer au fait que cette boule de poils était en réalité une femme sévère qui ne tolérait pas le moindre écart de ses élèves. Nous fûmes fascinés par le phénomène. À cette époque, James, Peter et moi cherchions désespérément un moyen de soutenir Remus lors de ses métamorphoses mensuelles et cette solution nous sembla miraculeuse. Toutefois, devenir un Animagus n’était pas une mince affaire. Après avoir découvert dans la réserve de la bibliothèque un ouvrage expliquant comment s’y prendre, il nous fallut admettre que les dons en métamorphose et en potions ne suffisaient pas. La patience était une vertu indispensable et, hélas, nous en manquions tous les trois. Plusieurs tentatives se soldèrent par des échecs. Il fallut interrompre le processus un certain nombre de fois et tout recommencer depuis le début. Nous aurions pu renoncer mais nous étions tenaces. Remus nous regardait faire avec inquiétude car il savait que nous prenions de gros risques mais c’était justement l’intérêt. Résister à l’attrait de l’interdit était difficile et dans le même temps, nous agissions par affection pour notre ami.
Notre but fut atteint au début du mois de novembre. Cette fois-ci, les premières étapes indispensables à la mutation n’avaient pris qu’un mois et demi et tout s’était passé comme prévu. Nous étions certains que cet essai-là serait le bon. Cela dit, nous ne nous attendions pas à certains effets secondaires particulièrement désagréables. Cette première métamorphose fut un véritable cauchemar. Mon cœur s’emballa à un rythme effrayant. Mes vêtements furent absorbés par ma peau qui se couvrit de poils et je sentis distinctement mes os changer de forme. La douleur était insupportable et j’eus du mal à conserver mon calme. De surcroît, une fois la transformation achevée, il me fallut lutter contre mes instincts animaux. La situation aurait peut-être tourné à la catastrophe si Remus n’avait pas été présent. J’étais devenu un gros chien noir qui avait très envie d’attaquer le cerf et le rat dodu qui avaient respectivement pris la place de James et de Peter. Remus me saisit par la peau du cou tandis que j’observais les deux autres, prêt à leur sauter dessus.
« Sirius, couché ! »
Sous ma forme humaine, j’aurais sans doute explosé de rire mais en tant que chien, l’ordre ne fit que me calmer. Je m’aplatis sur le parquet, le museau au ras du sol.
La métamorphose inverse fut tout aussi pénible mais le sentiment de victoire prit rapidement le pas sur la douleur. Nous avions enfin réussi. Nous étions devenu des Animagi à l’insu de tout le monde. Certes, il nous faudrait encore pas mal d’entraînement pour nous transformer à volonté sans souffrir le martyr mais nous avions fait le plus gros du travail.
La prochaine pleine lune s’annonçait grandiose.
oOØOo
La réalité reprit pourtant ses droits quelques jours après notre exploit. Après l’incident du miroir, j’avais constaté qu’Antje éprouvait une anxiété sans cesse renouvelée à chaque arrivée du courrier. Comme je lui avais promis de ne rien répéter de ce qu’elle m’avait confié, je ne pouvais pas la soutenir comme je l’aurais voulu dans ces moments-là. Je devais me contenter de la regarder guetter les hiboux d’un air inquiet avec un sentiment d’impuissance qui me faisait mal au cœur. Ce matin-là, ceci dit, je ne lui accordai guère l’attention habituelle parce que j’avais reçu une lettre. Cela ne m’arrivait pas souvent. Je n’avais pas d’amis en dehors de Poudlard et ma famille ne m’écrivait jamais, à l’exception de ma cousine Andromeda. Comme tous les autres Black, elle avait été élève à Serpentard mais elle avait réduit à néant tous les espoirs de ses parents, mon oncle Cygnus et ma tante Druella, en tombant amoureuse d’un sorcier né de parents moldus. Après son mariage avec cet homme qui s’appelait Ted Tonks, ma mère avait déshérité Andromeda en effaçant son nom de l’arbre généalogique familial. J’en avais éprouvé beaucoup de chagrin à l’époque parce que ma cousine était toujours gentille avec moi. Nous ne nous étions pas revus depuis les noces de sa sœur Bellatrix qui avait épousé un sorcier au sang pur et aux opinions douteuses. Mes parents m’avaient interdit tout contact avec Andromeda mais nous nous écrivions parfois quand j’étais à Poudlard, où ma famille ne pouvait pas me surveiller. Dans sa lettre, elle me donnait des nouvelles de sa petite fille de deux ans, Nymphadora, qui était née métamorphomage. Elle était encore trop jeune pour utiliser ce pouvoir à volonté et ses manifestations de magie involontaires amusaient beaucoup sa mère. Ce courrier me donna le sourire et je me promis de répondre rapidement à ma cousine. Je fus tiré de mes réflexions par Antje qui se leva brusquement, le visage tendu, une feuille de papier à la main. Elle ne me laissa pas le temps de lui poser la moindre question et marcha tout droit vers la table des professeurs. Un peu étonné, je la vis demander quelque chose au professeur McGonagall. Leur échange dura à peine une minute puis l’enseignante se leva à son tour pour accompagner Antje hors de la Grande Salle. Je me demandai ce qui se passait. James, Remus et Peter, qui avaient suivi mon regard, haussèrent les épaules.
Tout ça était bien mystérieux mais se poser des questions ne servait à rien, j’en avais bien conscience. Je ne saurais rien de plus avant le repas de midi.
oOØOo
Après une matinée profondément barbante, je descendis déjeuner avec mes copains en ayant la ferme intention de demander à Antje ce qui s’était passé plus tôt. Son expression crispée et inquiète lorsqu’elle était allée voir McGonagall n’avait pas quitté mon esprit. J’espérais qu’il ne s’était rien passé de grave. À ma grande déception, elle s’installa à côté de Lily Evans pour le repas et toutes les deux discutèrent à voix basse. Je constatai qu’Antje ne mangeait pas grand chose. Tout ça ne me plaisait pas. Je vidai mon assiette à toute vitesse et, sans un mot pour mes copains qui devaient se douter de mes intentions, je me levai et rejoignis les deux filles. Evans ne me laissa pas le temps de dire un mot et s’en alla rejoindre son groupe d’amis qui se trouvait un peu plus loin. Je m’assis donc à sa place et regardai Antje qui fixait son assiette dans laquelle il restait un morceau de tarte à moitié mangé.
« Est-ce que tout va bien ? lui demandai-je.
— Pas vraiment, répondit-elle à voix basse.
— Tu veux en discuter ?
— Pas ici.
— Viens, on s’en va. »
Sans attendre sa réponse, je la pris par le bras et l’emmenai dans un coin isolé du hall en ignorant les battements sourds de mon cœur. Par la barbe de Merlin, il suffisait que je la touche pour me sentir mal à l’aise. C’était exaspérant. Une fois hors de la Grande Salle, je lui lâchai le bras et fourrai machinalement mes mains dans mes poches. Le hall était vide à part Rusard qui passait le balai et qui posa sur nous ses petits yeux suspiscieux. Comme nous ne faisions rien de mal, il se désintéressa de nous assez rapidement et retourna à ses moutons de poussière. Antje, les bras croisés, regardait par terre en mordillant sa lèvre inférieure. Je ne pus m’empêcher de trouver ça adorable mais je chassai cette pensée qui, dans ces circonstances, avait quelque choses de déplacé. Finalement, elle leva les yeux vers moi.
« J’ai eu des nouvelles de mes parents, dit-elle. Ils… ils veulent que je reste à Poudlard pour les fêtes. Ma mère sera à l’hôpital et mon père ne veut pas que je revienne à la maison et… je n’ai pas très envie de passer Noël ici.
— Pourquoi ? » demandai-je en me doutant parfaitement de la réponse.
Elle laissa passer un silence.
« Je ne me vois pas rester avec tous ces gens qui parlent dans mon dos, qui se moquent de moi et me font des blagues stupides. Lily Evans dit qu’il y aura beaucoup d’activités pour que personne ne s’ennuie pendant les vacances… un thé de Noël… une soirée dansante… et je ne veux pas participer à ce genre de mascarade.
— Le thé de Noël est sympa, répliquai-je. Il y a plein de bonnes choses à manger. Quant à la soirée dansante, tu ne seras pas obligée d’y aller. C’est facultatif. J’ai le droit de m’y rendre depuis l’an dernier et je n’y ai pas fichu les pieds. J’ai horreur de ça et les copains aussi. »
Je savais parfaitement que le but de ces petites fêtes, entre le thé et la soirée dansante, était de retenir le plus d’élèves possible à l’école au moment de Noël. Poudlard était un abri sûr et au-dehors, notre monde était de plus en plus gangréné par les Mangemorts. Toutefois, l’année précédente, j’avais évité le bal et avais préféré rester dans la salle commune avec James, Remus et Peter. Nous avions passé une soirée tranquille à jouer à la bataille explosive en nous empiffrant de sucreries.
Antje ne semblait toujours pas convaincue.
« J’aurais voulu rentrer chez moi pour voir ma mère. Ils disent qu’il y a une chance qu’elle survive mais je ne suis pas assez idiote pour me laisser berner. Mes parents ne veulent pas que je m’inquiète, c’est tout. Je sais que c’est fichu et qu’elle ne s’en sortira pas. Sinon, ils m’auraient laissée revenir à la maison. »
Je ne savais pas trop quoi répondre mais je devais trouver un moyen de lui remonter le moral.
« Tu sais, finis-je par dire, ce n’est pas si terrible de passer les vacances ici. Pas mal de gens rentreront chez eux. Moi, je reste. Mes copains aussi. Tu ne seras pas toute seule. Je suis sûr qu’on va s’amuser. »
Antje m’adressa ce début de sourire qui, même s’il semblait un peu forcé, avait le don de me mettre sans dessus-dessous.
« Par contre, dit-elle, je vais m’absenter pour le dernier week-end de novembre. Je… Mes parents ont demandé une autorisation au directeur pour que je puisse venir un peu à la maison puisque je reste à Poudlard à la fin du trimestre.
— C’est pour ça que tu es allée voir McGonagall ce matin ?
— Oui. Elle a dit… Je partirai le samedi matin pour revenir le lendemain soir. J’essaie de ne pas y penser mais ce sera sans doute la dernière fois que je verrai ma mère. »
Son visage s’assombrit de nouveau et je ne pus que la regarder avec tristesse sans rien dire. Les mots ne semblaient plus avoir la moindre utilité. Malgré son air morose, Antje fronça les sourcils.
« Pourquoi tu fais cette tête ? demanda-t-elle.
— Parce que je m’inquiète, répondis-je en haussant les épaules. Je m’inquiète pour toi. »
Je rougis malgré moi comme si je venais de dire quelque chose d’inconvenant puis, avant que je comprenne ce qui se passait, Antje me saisit par le col et m’embrassa sur la joue.
« Merci, Sirius, dit-elle. Je dois y aller. À plus tard. »
L’instant d’après, elle était partie. Je restai planté au milieu du hall, le cœur battant la chamade. Je portai machinalement la main à ma joue, là où elle m’avait embrassé et je constatai qu’Antje avait laissé derrière elle une odeur de fleurs que j’aurais juré avoir déjà sentie auparavant sans parvenir à me souvenir quand et où. Bah, ça ne devait pas être très important.
Je repris mes esprits au moment où les portes de la Grande Salle s’ouvrir sur un flot d’élèves qui se rendaient aux cours de l’après-midi. Bien entendu, James, Remus et Peter se précipitèrent sur moi.
« Ah, tu es là, Sirius, fit James. Où est Antje ?
— Elle est partie, répondis-je en m’ébrouant.
— Alors, qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi elle est allée voir McGonagall ce matin ? »
Il ne me fallut qu’une seconde pour bricoler une demi-vérité qui tienne debout et qui m’éviterait de trahir ma promesse.
« Antje a eu du courrier de sa famille et elle reste à Poudlard pour les fêtes. Elle ne sait pas comment ça va se passer donc elle est allée demander des précisions. »
Apparemment, ils se contentèrent de cette explications et ne posèrent plus de questions. La conversation dériva sur autre chose jusqu’au début du cours de botanique. Tandis que je me battais contre une quelconque saleté de plante qui jetait ses fruits puants dans tous les sens, James me glissa :
« Si Antje reste pour Noël, tu vas pouvoir l’inviter à la soirée dansante.
— Très drôle, grognai-je d’un ton revêche.
— Je suis parfaitement sérieux.
— Tu sais très bien que je déteste ce genre de conneries.
— Toi, oui, mais elle ? Ça lui ferait peut-être plaisir ! Tu sais, les filles…
— T’es aussi con que Peter, des fois. Antje a qualifié cette soirée dansante de « mascarade ». Je doute fort qu’elle ait envie d’y aller. Ou alors je l’invite si toi tu invites Lily Evans.
— Chiche !
— T’en es pas cap’.
— Ça suffit, là-bas ! », cria l’enseignante à l’autre bout de la serre.
Je jetai un regard de défi à James qui me le rendit aussitôt. Peter secoua la tête d’un air consterné et j’entendis Remus marmonner : « Vous n’êtes que deux idiots. » La conversation n’alla pas plus loin et j’en fus soulagé. James était vraiment pénible, parfois. Je me promis de lui dire, s’il me reparlait de cette fichue soirée, que Lily Evans irait avec Rogue. Après tout, c’était parfaitement envisageable.
Rien que de les imaginer tous les deux, j’hésitai entre rire et éprouver de la pitié. Si certains pensaient qu’Antje et moi n’étions pas faits pour être amis, ils n’avaient qu’à regarder ces deux-là.
oOØOo
La journée se termina sans que je repense à la soirée dansante ou même au week-end qu’Antje allait passer dans sa famille à la fin du mois. À la sortie du cours de sortilèges, je croisai Rogue et lui jetai gratuitement un maléfice d’Enflage juste parce qu’il se trouvait sur mon chemin et parce que je n’avais pas envie de voir sa sale tête. Malheureusement, le professeur Franck passait justement dans le coin et me donna aussitôt une retenue. Très honnêtement, je trouvai cette punition imméritée. Le tarin de Servilus était déjà tellement gros qu’un tout petit sortilège ne changeait pas grand chose. L’enseignante n’était de toute évidence pas de cet avis et je me retrouvai à passer ma soirée dans une classe vide dont le sol était couvert d’une sorte de moisissure verte et visqueuse particulièrement difficile à nettoyer. Les profs n’avaient décidément aucun humour.
Ma retenue s’acheva à une heure suffisamment tardive pour me condamner à faire mes devoirs à l’heure du petit-déjeuner le lendemain matin. Je n’avais qu’une envie, me coucher. Peut-être aussi prendre une douche parce que la moisissure que j’avais grattée toute la soirée sentait mauvais. En rejoignant la tour de Gryffondor, je vis une silhouette solitaire en bas de l’escalier. Il faisait trop sombre pour deviner de qui il s’agissait et je ne reconnus Lily Evans qu’au son de sa voix.
« Sirius Black, tu es un abruti ! s’écria-t-elle en insistant sur le dernier mot.
— Bonsoir, Evans, dis-je d’un ton dégagé. Excuse-moi mais je n’ai pas envie de me faire engueuler parce que j’ai jeté un petit sort de rien du tout à ton copinou.
— Ça n’a rien à voir. »
Je fronçai les sourcils.
« Alors quoi ?
— Pourquoi tu n’as pas invité Antje à la soirée de Noël ? »
Je sentis mes oreilles changer de couleur mais je n’aurais su dire si c’était de gêne ou de colère.
« Je te demande pardon ? fis-je sèchement.
— Tu sais sans doute qu’elle reste ici pour les fêtes. Elle a dû t’en parler quand vous êtes partis ensemble après le déjeuner. Alors pourquoi tu ne l’as pas invitée ? »
Je serrai les poings dans mes poches et m’efforçai de lui répondre calmement :
« Ecoute-moi bien, Evans. Premièrement, je n’ai pas envie d’y aller. Deuxièmement, elle non plus. Troisièmement, ça ne te regarde pas.
— Si elle t’a dit qu’elle ne voulait pas y aller, c’est parce qu’elle voulait que tu l’invites, espèce de sombre crétin !
— Qu’est-ce que tu en sais ? aboyai-je.
— Parce que c’est comme ça que pensent les filles. »
Nom d’un vampire, pensai-je. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre comme conneries.
« Ce n’est quand même pas ma faute si les filles sont incapables de se conduire comme des gens normaux, grognai-je. Elle a clairement laissé entendre que ça ne l’intéressait pas, et quand bien même j’aurais eu envie de l’inviter, je n’allais pas la forcer. »
Lily Evans resta silencieuse un moment, puis je l’entendis murmurer :
« J’en étais sûre.
— Tu étais sûre de quoi ?
— Tu crois que je n’ai pas vu la façon dont tu la regardes ?
— La ferme.
— Crétin. »
Je compris que cette conversation ne mènerait nulle part et je n’avais vraiment pas envie d’aborder ce sujet-là en particulier avec Lily Evans. Cette crâneuse ferait bien d’ôter son nez des affaires des autres. Lequel nez était bien plus joli que celui de Rogue. Bon sang qu’ils étaient mal assortis.
Et qu’est-ce que James pouvait bien trouver à cette chipie ? Une chipie qui, de toute évidence, était persuadée qu’Antje avait le même genre de raisonnement tordu que les autres filles. C’était parfaitement ridicule.
Antje était beaucoup mieux que les autres filles.
Malgré ces quelques minutes de retard sur la mise en ligne habituelle (je suis malade), je vous souhaite à tous bonne lecture !
Chapitre 9
Black dog
Après cette étrange soirée au cours de laquelle j’avais été confronté au miroir magique, je pris soin d’occulter mes sentiments à l’égard d’Antje même si j’avais accepté leur existence. J’étais plus persuadé que jamais de ne pas avoir besoin de ça. Cette faiblesse resta donc cachée au fond de mon esprit comme quelque chose de honteux. Mon attitude à son endroit ne changea guère même si, en sa présence, je sentais distinctement mon cœur battre un peu plus fort et certaines pensées coupables se profiler à l’orée de ma conscience. Fort heureusement, j’eus rapidement autre chose à penser. James, Peter et moi pûmes enfin réaliser un projet qui nous tenait à cœur et sur lequel nous travaillions depuis déjà deux ans.
Lorsque nous étions en troisième année, le professeur McGonagall nous avait fait étudier les Animagi. Elle-même avait cette faculté de se métamorphoser en animal et son nom, nous apprit-elle, figurait sur un registre du ministère de la Magie. Sa forme animale était celle d’un chat tigré et, quand elle se transforma devant nous, les applaudissements furent fournis et toute la classe profondément impressionnée. Malgré les marques autour des yeux rappelant les lunettes de notre enseignante, il était difficile de s’habituer au fait que cette boule de poils était en réalité une femme sévère qui ne tolérait pas le moindre écart de ses élèves. Nous fûmes fascinés par le phénomène. À cette époque, James, Peter et moi cherchions désespérément un moyen de soutenir Remus lors de ses métamorphoses mensuelles et cette solution nous sembla miraculeuse. Toutefois, devenir un Animagus n’était pas une mince affaire. Après avoir découvert dans la réserve de la bibliothèque un ouvrage expliquant comment s’y prendre, il nous fallut admettre que les dons en métamorphose et en potions ne suffisaient pas. La patience était une vertu indispensable et, hélas, nous en manquions tous les trois. Plusieurs tentatives se soldèrent par des échecs. Il fallut interrompre le processus un certain nombre de fois et tout recommencer depuis le début. Nous aurions pu renoncer mais nous étions tenaces. Remus nous regardait faire avec inquiétude car il savait que nous prenions de gros risques mais c’était justement l’intérêt. Résister à l’attrait de l’interdit était difficile et dans le même temps, nous agissions par affection pour notre ami.
Notre but fut atteint au début du mois de novembre. Cette fois-ci, les premières étapes indispensables à la mutation n’avaient pris qu’un mois et demi et tout s’était passé comme prévu. Nous étions certains que cet essai-là serait le bon. Cela dit, nous ne nous attendions pas à certains effets secondaires particulièrement désagréables. Cette première métamorphose fut un véritable cauchemar. Mon cœur s’emballa à un rythme effrayant. Mes vêtements furent absorbés par ma peau qui se couvrit de poils et je sentis distinctement mes os changer de forme. La douleur était insupportable et j’eus du mal à conserver mon calme. De surcroît, une fois la transformation achevée, il me fallut lutter contre mes instincts animaux. La situation aurait peut-être tourné à la catastrophe si Remus n’avait pas été présent. J’étais devenu un gros chien noir qui avait très envie d’attaquer le cerf et le rat dodu qui avaient respectivement pris la place de James et de Peter. Remus me saisit par la peau du cou tandis que j’observais les deux autres, prêt à leur sauter dessus.
« Sirius, couché ! »
Sous ma forme humaine, j’aurais sans doute explosé de rire mais en tant que chien, l’ordre ne fit que me calmer. Je m’aplatis sur le parquet, le museau au ras du sol.
La métamorphose inverse fut tout aussi pénible mais le sentiment de victoire prit rapidement le pas sur la douleur. Nous avions enfin réussi. Nous étions devenu des Animagi à l’insu de tout le monde. Certes, il nous faudrait encore pas mal d’entraînement pour nous transformer à volonté sans souffrir le martyr mais nous avions fait le plus gros du travail.
La prochaine pleine lune s’annonçait grandiose.
oOØOo
La réalité reprit pourtant ses droits quelques jours après notre exploit. Après l’incident du miroir, j’avais constaté qu’Antje éprouvait une anxiété sans cesse renouvelée à chaque arrivée du courrier. Comme je lui avais promis de ne rien répéter de ce qu’elle m’avait confié, je ne pouvais pas la soutenir comme je l’aurais voulu dans ces moments-là. Je devais me contenter de la regarder guetter les hiboux d’un air inquiet avec un sentiment d’impuissance qui me faisait mal au cœur. Ce matin-là, ceci dit, je ne lui accordai guère l’attention habituelle parce que j’avais reçu une lettre. Cela ne m’arrivait pas souvent. Je n’avais pas d’amis en dehors de Poudlard et ma famille ne m’écrivait jamais, à l’exception de ma cousine Andromeda. Comme tous les autres Black, elle avait été élève à Serpentard mais elle avait réduit à néant tous les espoirs de ses parents, mon oncle Cygnus et ma tante Druella, en tombant amoureuse d’un sorcier né de parents moldus. Après son mariage avec cet homme qui s’appelait Ted Tonks, ma mère avait déshérité Andromeda en effaçant son nom de l’arbre généalogique familial. J’en avais éprouvé beaucoup de chagrin à l’époque parce que ma cousine était toujours gentille avec moi. Nous ne nous étions pas revus depuis les noces de sa sœur Bellatrix qui avait épousé un sorcier au sang pur et aux opinions douteuses. Mes parents m’avaient interdit tout contact avec Andromeda mais nous nous écrivions parfois quand j’étais à Poudlard, où ma famille ne pouvait pas me surveiller. Dans sa lettre, elle me donnait des nouvelles de sa petite fille de deux ans, Nymphadora, qui était née métamorphomage. Elle était encore trop jeune pour utiliser ce pouvoir à volonté et ses manifestations de magie involontaires amusaient beaucoup sa mère. Ce courrier me donna le sourire et je me promis de répondre rapidement à ma cousine. Je fus tiré de mes réflexions par Antje qui se leva brusquement, le visage tendu, une feuille de papier à la main. Elle ne me laissa pas le temps de lui poser la moindre question et marcha tout droit vers la table des professeurs. Un peu étonné, je la vis demander quelque chose au professeur McGonagall. Leur échange dura à peine une minute puis l’enseignante se leva à son tour pour accompagner Antje hors de la Grande Salle. Je me demandai ce qui se passait. James, Remus et Peter, qui avaient suivi mon regard, haussèrent les épaules.
Tout ça était bien mystérieux mais se poser des questions ne servait à rien, j’en avais bien conscience. Je ne saurais rien de plus avant le repas de midi.
oOØOo
Après une matinée profondément barbante, je descendis déjeuner avec mes copains en ayant la ferme intention de demander à Antje ce qui s’était passé plus tôt. Son expression crispée et inquiète lorsqu’elle était allée voir McGonagall n’avait pas quitté mon esprit. J’espérais qu’il ne s’était rien passé de grave. À ma grande déception, elle s’installa à côté de Lily Evans pour le repas et toutes les deux discutèrent à voix basse. Je constatai qu’Antje ne mangeait pas grand chose. Tout ça ne me plaisait pas. Je vidai mon assiette à toute vitesse et, sans un mot pour mes copains qui devaient se douter de mes intentions, je me levai et rejoignis les deux filles. Evans ne me laissa pas le temps de dire un mot et s’en alla rejoindre son groupe d’amis qui se trouvait un peu plus loin. Je m’assis donc à sa place et regardai Antje qui fixait son assiette dans laquelle il restait un morceau de tarte à moitié mangé.
« Est-ce que tout va bien ? lui demandai-je.
— Pas vraiment, répondit-elle à voix basse.
— Tu veux en discuter ?
— Pas ici.
— Viens, on s’en va. »
Sans attendre sa réponse, je la pris par le bras et l’emmenai dans un coin isolé du hall en ignorant les battements sourds de mon cœur. Par la barbe de Merlin, il suffisait que je la touche pour me sentir mal à l’aise. C’était exaspérant. Une fois hors de la Grande Salle, je lui lâchai le bras et fourrai machinalement mes mains dans mes poches. Le hall était vide à part Rusard qui passait le balai et qui posa sur nous ses petits yeux suspiscieux. Comme nous ne faisions rien de mal, il se désintéressa de nous assez rapidement et retourna à ses moutons de poussière. Antje, les bras croisés, regardait par terre en mordillant sa lèvre inférieure. Je ne pus m’empêcher de trouver ça adorable mais je chassai cette pensée qui, dans ces circonstances, avait quelque choses de déplacé. Finalement, elle leva les yeux vers moi.
« J’ai eu des nouvelles de mes parents, dit-elle. Ils… ils veulent que je reste à Poudlard pour les fêtes. Ma mère sera à l’hôpital et mon père ne veut pas que je revienne à la maison et… je n’ai pas très envie de passer Noël ici.
— Pourquoi ? » demandai-je en me doutant parfaitement de la réponse.
Elle laissa passer un silence.
« Je ne me vois pas rester avec tous ces gens qui parlent dans mon dos, qui se moquent de moi et me font des blagues stupides. Lily Evans dit qu’il y aura beaucoup d’activités pour que personne ne s’ennuie pendant les vacances… un thé de Noël… une soirée dansante… et je ne veux pas participer à ce genre de mascarade.
— Le thé de Noël est sympa, répliquai-je. Il y a plein de bonnes choses à manger. Quant à la soirée dansante, tu ne seras pas obligée d’y aller. C’est facultatif. J’ai le droit de m’y rendre depuis l’an dernier et je n’y ai pas fichu les pieds. J’ai horreur de ça et les copains aussi. »
Je savais parfaitement que le but de ces petites fêtes, entre le thé et la soirée dansante, était de retenir le plus d’élèves possible à l’école au moment de Noël. Poudlard était un abri sûr et au-dehors, notre monde était de plus en plus gangréné par les Mangemorts. Toutefois, l’année précédente, j’avais évité le bal et avais préféré rester dans la salle commune avec James, Remus et Peter. Nous avions passé une soirée tranquille à jouer à la bataille explosive en nous empiffrant de sucreries.
Antje ne semblait toujours pas convaincue.
« J’aurais voulu rentrer chez moi pour voir ma mère. Ils disent qu’il y a une chance qu’elle survive mais je ne suis pas assez idiote pour me laisser berner. Mes parents ne veulent pas que je m’inquiète, c’est tout. Je sais que c’est fichu et qu’elle ne s’en sortira pas. Sinon, ils m’auraient laissée revenir à la maison. »
Je ne savais pas trop quoi répondre mais je devais trouver un moyen de lui remonter le moral.
« Tu sais, finis-je par dire, ce n’est pas si terrible de passer les vacances ici. Pas mal de gens rentreront chez eux. Moi, je reste. Mes copains aussi. Tu ne seras pas toute seule. Je suis sûr qu’on va s’amuser. »
Antje m’adressa ce début de sourire qui, même s’il semblait un peu forcé, avait le don de me mettre sans dessus-dessous.
« Par contre, dit-elle, je vais m’absenter pour le dernier week-end de novembre. Je… Mes parents ont demandé une autorisation au directeur pour que je puisse venir un peu à la maison puisque je reste à Poudlard à la fin du trimestre.
— C’est pour ça que tu es allée voir McGonagall ce matin ?
— Oui. Elle a dit… Je partirai le samedi matin pour revenir le lendemain soir. J’essaie de ne pas y penser mais ce sera sans doute la dernière fois que je verrai ma mère. »
Son visage s’assombrit de nouveau et je ne pus que la regarder avec tristesse sans rien dire. Les mots ne semblaient plus avoir la moindre utilité. Malgré son air morose, Antje fronça les sourcils.
« Pourquoi tu fais cette tête ? demanda-t-elle.
— Parce que je m’inquiète, répondis-je en haussant les épaules. Je m’inquiète pour toi. »
Je rougis malgré moi comme si je venais de dire quelque chose d’inconvenant puis, avant que je comprenne ce qui se passait, Antje me saisit par le col et m’embrassa sur la joue.
« Merci, Sirius, dit-elle. Je dois y aller. À plus tard. »
L’instant d’après, elle était partie. Je restai planté au milieu du hall, le cœur battant la chamade. Je portai machinalement la main à ma joue, là où elle m’avait embrassé et je constatai qu’Antje avait laissé derrière elle une odeur de fleurs que j’aurais juré avoir déjà sentie auparavant sans parvenir à me souvenir quand et où. Bah, ça ne devait pas être très important.
Je repris mes esprits au moment où les portes de la Grande Salle s’ouvrir sur un flot d’élèves qui se rendaient aux cours de l’après-midi. Bien entendu, James, Remus et Peter se précipitèrent sur moi.
« Ah, tu es là, Sirius, fit James. Où est Antje ?
— Elle est partie, répondis-je en m’ébrouant.
— Alors, qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi elle est allée voir McGonagall ce matin ? »
Il ne me fallut qu’une seconde pour bricoler une demi-vérité qui tienne debout et qui m’éviterait de trahir ma promesse.
« Antje a eu du courrier de sa famille et elle reste à Poudlard pour les fêtes. Elle ne sait pas comment ça va se passer donc elle est allée demander des précisions. »
Apparemment, ils se contentèrent de cette explications et ne posèrent plus de questions. La conversation dériva sur autre chose jusqu’au début du cours de botanique. Tandis que je me battais contre une quelconque saleté de plante qui jetait ses fruits puants dans tous les sens, James me glissa :
« Si Antje reste pour Noël, tu vas pouvoir l’inviter à la soirée dansante.
— Très drôle, grognai-je d’un ton revêche.
— Je suis parfaitement sérieux.
— Tu sais très bien que je déteste ce genre de conneries.
— Toi, oui, mais elle ? Ça lui ferait peut-être plaisir ! Tu sais, les filles…
— T’es aussi con que Peter, des fois. Antje a qualifié cette soirée dansante de « mascarade ». Je doute fort qu’elle ait envie d’y aller. Ou alors je l’invite si toi tu invites Lily Evans.
— Chiche !
— T’en es pas cap’.
— Ça suffit, là-bas ! », cria l’enseignante à l’autre bout de la serre.
Je jetai un regard de défi à James qui me le rendit aussitôt. Peter secoua la tête d’un air consterné et j’entendis Remus marmonner : « Vous n’êtes que deux idiots. » La conversation n’alla pas plus loin et j’en fus soulagé. James était vraiment pénible, parfois. Je me promis de lui dire, s’il me reparlait de cette fichue soirée, que Lily Evans irait avec Rogue. Après tout, c’était parfaitement envisageable.
Rien que de les imaginer tous les deux, j’hésitai entre rire et éprouver de la pitié. Si certains pensaient qu’Antje et moi n’étions pas faits pour être amis, ils n’avaient qu’à regarder ces deux-là.
oOØOo
La journée se termina sans que je repense à la soirée dansante ou même au week-end qu’Antje allait passer dans sa famille à la fin du mois. À la sortie du cours de sortilèges, je croisai Rogue et lui jetai gratuitement un maléfice d’Enflage juste parce qu’il se trouvait sur mon chemin et parce que je n’avais pas envie de voir sa sale tête. Malheureusement, le professeur Franck passait justement dans le coin et me donna aussitôt une retenue. Très honnêtement, je trouvai cette punition imméritée. Le tarin de Servilus était déjà tellement gros qu’un tout petit sortilège ne changeait pas grand chose. L’enseignante n’était de toute évidence pas de cet avis et je me retrouvai à passer ma soirée dans une classe vide dont le sol était couvert d’une sorte de moisissure verte et visqueuse particulièrement difficile à nettoyer. Les profs n’avaient décidément aucun humour.
Ma retenue s’acheva à une heure suffisamment tardive pour me condamner à faire mes devoirs à l’heure du petit-déjeuner le lendemain matin. Je n’avais qu’une envie, me coucher. Peut-être aussi prendre une douche parce que la moisissure que j’avais grattée toute la soirée sentait mauvais. En rejoignant la tour de Gryffondor, je vis une silhouette solitaire en bas de l’escalier. Il faisait trop sombre pour deviner de qui il s’agissait et je ne reconnus Lily Evans qu’au son de sa voix.
« Sirius Black, tu es un abruti ! s’écria-t-elle en insistant sur le dernier mot.
— Bonsoir, Evans, dis-je d’un ton dégagé. Excuse-moi mais je n’ai pas envie de me faire engueuler parce que j’ai jeté un petit sort de rien du tout à ton copinou.
— Ça n’a rien à voir. »
Je fronçai les sourcils.
« Alors quoi ?
— Pourquoi tu n’as pas invité Antje à la soirée de Noël ? »
Je sentis mes oreilles changer de couleur mais je n’aurais su dire si c’était de gêne ou de colère.
« Je te demande pardon ? fis-je sèchement.
— Tu sais sans doute qu’elle reste ici pour les fêtes. Elle a dû t’en parler quand vous êtes partis ensemble après le déjeuner. Alors pourquoi tu ne l’as pas invitée ? »
Je serrai les poings dans mes poches et m’efforçai de lui répondre calmement :
« Ecoute-moi bien, Evans. Premièrement, je n’ai pas envie d’y aller. Deuxièmement, elle non plus. Troisièmement, ça ne te regarde pas.
— Si elle t’a dit qu’elle ne voulait pas y aller, c’est parce qu’elle voulait que tu l’invites, espèce de sombre crétin !
— Qu’est-ce que tu en sais ? aboyai-je.
— Parce que c’est comme ça que pensent les filles. »
Nom d’un vampire, pensai-je. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre comme conneries.
« Ce n’est quand même pas ma faute si les filles sont incapables de se conduire comme des gens normaux, grognai-je. Elle a clairement laissé entendre que ça ne l’intéressait pas, et quand bien même j’aurais eu envie de l’inviter, je n’allais pas la forcer. »
Lily Evans resta silencieuse un moment, puis je l’entendis murmurer :
« J’en étais sûre.
— Tu étais sûre de quoi ?
— Tu crois que je n’ai pas vu la façon dont tu la regardes ?
— La ferme.
— Crétin. »
Je compris que cette conversation ne mènerait nulle part et je n’avais vraiment pas envie d’aborder ce sujet-là en particulier avec Lily Evans. Cette crâneuse ferait bien d’ôter son nez des affaires des autres. Lequel nez était bien plus joli que celui de Rogue. Bon sang qu’ils étaient mal assortis.
Et qu’est-ce que James pouvait bien trouver à cette chipie ? Une chipie qui, de toute évidence, était persuadée qu’Antje avait le même genre de raisonnement tordu que les autres filles. C’était parfaitement ridicule.