Quel dîner au restaurant Favre d'Anne à Angers (49)

Par Bobosse92
Après une première expérience déjà réussie sur les bords du Maine, nous avions décidé de retourner au restaurant Le Favre d'Anne à Angers, installé maintenant sur les boulevards extérieurs, à une portée de marche de la place du Ralliement. Après un rapide conciliabule, nous optons pour le Menu « Envolée des saveurs », composé comme suit :
Amuse-bouche …
Saint-Jacques, Grenade, pâte de Betterave et Pickles, Beurre d'Agrumes … Sur les marchés de Kyoto
Bar Sauvage, Bouillon de Crevettes à la feuille de Citron, Tartare d'Huîtres et Epinards… En traversant la Baie d'Halong et Hanoï
Foie Gras chaud, « Crispy », Salsifis et crémeux de Dattes, jus de Porc Belly… Une Escale colorée à Taipei
Suprême de Pigeonneau, Poudre de Cacao, Panais et Passion, « Dim Sum » … Ballade dans les ruelles de Pekin
Un détour par Manigod Plateau de fromages de « ma Savoie natale » - Fromages affinés par Jean-François Paccard
Douceurs angevines … avec ce classique Crémet d’Anjou.
Atterrissage sucré … avec cette composition sur une base Chocolat / Moka / Sablé
Pour accompagner le repas, nous avons choisi :
Anjou, Authentique 2008, domaine Catherine et Philippe Delesvaux : robe or bronze, brillante, malgré une légère turbidité. Premier nez très évolué, qui évoque, par son côté champignonné, les vins oxydatifs du Jura. Mais à l’aération, le terroir reprend le dessus, avec une impression de tension, de minéralité carbonifère, toujours sur un équilibre secondaire, voir tertiaire. La bouche est complètement en accord. Le vin présente une grosse acidité qui détermine une belle tension. Les arômes tertaires sont présents, sous la forme de peaux de noix verte, de poudre de curry, avec une sensation, j’allais dire douce alors que le vin est sur un équilibre totalement sec ! Au travers de ces caractéristiques, pointe toujours le côté cristallin du franc de pied, en direct du terroir en quelque sorte. Sur la finale, interminable comme il se doit, on retrouve cette puissance, ce côté enrobé, une sorte de « faux gras » glycériné, qui laisse une trace presque indélébile sur nos papilles. Quelle fraîcheur. Es smeckt gut comme on dit de l’autre côté du Rhin. Anthologique ! Je crois que je me dois de faire maintenant mon coming out : j’aime les vins sur l’oxydatif. C’est grave docteur ? Avec le foie gras et le pigeonneau, ne connaissant pas trop les domaines proposés à la carte, nous avons sollicité les conseils de Madame Favre d’Anne. Bien nous a pris.
Sancerre, le Sang des Serfs 2011, Vincent Gaudry : robe rubis très intense et plutôt soutenue. Un nez qui pinote clairement, sur une corbeille de fruits rouges et de fraises écrasées, révélant une grande maturité, une pointe fumées (typique du pinot berrichon) venant compléter l’ensemble. En bouche, le vin se présente dans un équilibre déjà évolué. Si le fruité est toujours bien développé, quelques notes empyreumatiques apportent un supplément de complexité. Granulosité juste des tannins (toucher de bouche soyeux), qui se conjugue avec une belle acidité intégrée, et une finale qui montre un côté glycériné élégant. Accord à la fois réussi avec le foie gras poêlé (ce n’était pas gagné d’avance) et surtout avec la chair tendre et rosé du pigeonneau. Un vin complexe, semi-fondu, avec un potentiel de vieillissement et d’évolution important. Excellent + Pour finir le repas sur une note douce, mais en avait-on réellement besoin tant ce dîner fût une succession de ravissements, nous avons une nouvelle fois fait appel à Madame Favre d’Anne qui nous a proposé un vin à l’aveugle.
Premier nez évident sur l’anis et un côté poivré qui m’évoque le pineau d’aunis. Mon congénère et néanmoins papy n’étant pas d’accord, nous recherchons un autre cépage. Belle tannicité en bouche, plutôt douce et peu puissante, belle et grande acidité de structure, équilibre faussement léger et demi-sec car supportant le dessert sur une base chocolat / moka. Excellent. Finalement, nous nous dirigeons vers un cabernet d’Anjou, un peu par défaut. Et là, la sentence tombe : il s’agit d’un … Pineau d’Aunis, Garance 2009, château de Bois Brinçon (Xavier Cailleau). Particularité en 2009, les degrés étaient élevés et les levures se sont arrêtées avant d’avoir consommé tous les sucres. Résultat : un vin demi-sec élevé pour lui-même … et dont la presque totalité de la production a été achetée par le restaurant. Vous n’en trouverez nulle part ailleurs. En conclusion, un très grand restaurant - plus proche des deux macarons que du simple macaron qu’il possède actuellement - avec cette cuisine qui associe avec succès les classiques de la gastronomie française et les influences orientales (à la manière du SaQuaNa par exemple). L’accueil est cordial, le service précis, la carte des vins très intéressante (quoiqu’un peu jeune), l’ensemble dessinant une originalité bienvenue, jusque dans les formes et les couleurs de la vaisselle.
Grande adresse, à prix qui savent rester sages, où nous reviendrons sans aucun doute. Bruno