Un journal. Fred Griot. Une rencontre. Au café afghan, chez Karole. Pour présenter un livre, édité par « Le Dernier Télégramme » : près de 1000 pages suivant le fil de 25 années. Nous sommes quelques-uns, c’est encore le mois de janvier, le froid, la grippe. Et je suis arrivé le premier, occasion de faire connaissance avec l’auteur, avec l’homme. Une première publication avait eu lieu chez publie.net sous le même titre. Mais, cette fois c’est une course d’endurance. Ou bien la chance de pouvoir lire un peu ici et un peu là, prendre des nouvelles. L’écriture, l’activité sociale. Chaque jour, le temps qu’il fait, la méditation matinale, et se donner le temps de quelques phrases, de quelques mots écrits : état d’esprit du moment, lectures du moment, « travailler au fond ». C’est cela « refonder », au fond. Les participants connaissant, pour la plupart, l’écriture de Fred Griot n’ont pas eu à l’interroger sur l’absence de majuscules dans ses textes, sur l’économie de son écriture où disparaissent certains « e » muets : « le son me permet de retrouver la lang (...) avant qu'elle ne devienne langue normée orthographiée réglée société ». La discussion me permettra d’entendre parler aussi de Pierre Bergougnioux (que je n’ai jamais lu). J’étais dans un lieu que je ne connaissais pas, avec des gens que je n’avais jamais rencontrés. Et cela seul me convenait déjà. Mais, s’il est une chose que je retiens de cette soirée, c’est la parole de Karole, évoquant avec Fred la situation des Afghans vivant en France, et avec qui Fred passe des heures d’échange et de pratique langagière, puis affirmant trouver la poésie dans les quelques extraits entendus au cours de la soirée. Cette parole, cette écoute ont fait pour moi écho à la démarche revendiquée du poète : « j’écris pour écouter ».