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SYD « Fin » @@@@½

Publié le 03 février 2017 par Sagittariushh @SagittariusHH
syd-the-kid-internet-fin - Soul/R&B/Jazz/Funk

SYD « Fin » @@@@½

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Elle détenait depuis plusieurs semaines ce qui pourrait bien être, sans vouloir trop s’avancer, le meilleur album soul/r&b de l’an 2017, ce qui rendait tout le monde excité d’impatience. Elle en est navrée pour vous madame Kehlani, navrée aussi pour toi l’ami Matt Martians qui l’a doublée d’une semaine avec ta très bonne sortie solo, navrée de vous éclipser de la sorte. Mais pas désolé. Elle, la personne dont il est question, c’est la chanteuse/auteure/compositrice/DJ star du groupe The Internet : Sydney Bennett, que l’on a d’abord connue comme Syd the Kyd au sein des Odd Future, et maintenant Syd tout simplement. Avec les multiples sens que l’on peut attribuer au titre de ce premier essai en major, Fin n’est qu’un début.

C’est par la rythmique métallique millimétrée et sophistiquée de « Shake’em Off » par dessus laquelle une couche de claviers molletonnés vient se poser que Syd nous laisse pénétrer dans son jardin. Cette production  parfaitement nickel signée Hit-Boy correspond vraiment à son style à elle, elle qui nous séduit littéralement avec sa voix soyeuse et son androgynie qui fait qu’on sait qu’elle n’adresse pas à eux mais à elles, troublant les individus aussi de bien de sexe masculin que féminin. Encore plus troublant, la chanson suivante « Know » : on croirait entendre une combinaison d’Aaliyah et Timbaland de la grande époque. La délicatesse de l’interprétation, les douces notes aiguës, le beat syncopé… Magnifique comme déconcertant, c’est Syd tout craché, c’est bien elle. « Nothin’ to Somethin’« , placé deux pistes plus loin, ne masque pas les influences du grand Timbo, et c’est bien elle et elle seule a qui produit ce morceau.

Ce premier album d’elle n’est pas aussi mainstream que ce qu’elle l’affirmait, bien que certaines prods reprennent les codes rap actuels (avec des passages de voix en screwed-n-chopped par ci par là), notamment le single « All About Me« , dont le beat est signé  Steve Lacy, le jeune prodige de The Internet, seul membre du groupe avec qui elle a choisi de collaborer avec. Ne cherchez pas un quelconque membre des Odd Future, il y en a zéro. Soit. Cet extrait pointe justement ce qui importe avec Fin : Syd parle d’elle plus intimement. Le refrain de « All About Me » dit d’ailleurs « Take care of the family that you came with/ We made it this far and it’s amazing/ People drowning all around me/ So I keep my squad around me ». Elle se dénude davantage sur « Body« , suggérant cette sensation de désir et lascivité, son r&b entrant en relation fusionnelle avec un dérivé dark-électro de Melo-X pour un corps à corps en slowmo. Toujours slow, le langoureux « Smile More » en est un au sens traditionnel du terme. Plus feel-good, « Dollar Bills » rend serein comme un compte en banque créditeur à 4 chiffres devant la virgule, Steve Lacy à la guitare. En guise de conclusion, « Insecurities« , avec un bridge rock progressif que les fans des NERD salueront et l’apport de Robert Glasper au piano.

Syd s’émancipe et joue avec nos émotions, sur le plan personnel comme musical, laissant entrevoir sa facette mi-ange mi-démon et en prenant même du plaisir. Et c’est réciproque très chère, sache-le. Pas tout à fait seule non plus, la révélation 6LACK est l’unique featuring de Fin, sur « Over« . Fin, c’est bien elle, c’est tout elle, capable de voler de ses propres ailes sans se brûler, et qu’est-ce qu’elle est belle. Et qu’on se rassure, cet opus solo, ainsi que celui de Matt, n’annonce pas la fin de The Internet, au contraire, puisqu’un quatrième album du groupe est annoncé pour cette très bonne année 2017.


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