Le corrigé de la semaineN°22 – 08 février 2017 |
Chère amie, cher ami,
Je reçois beaucoup d’appels et de messages de sympathisants déconcertés par la polémique visant François Fillon. SOS Éducation a en effet soutenu sa candidature lors de la Primaire de la droite et du centre, sur la base de ses propositions d’action en matière d’éducation. Personne aujourd’hui ne peut se prononcer sur le fond de cette affaire, et la justice dira en son temps ce qui participe de la cabale médiatique, de l’indélicatesse ou de la faute. François Fillon est soupçonné, mais jusqu’ici présumé innocent. De fait, la pratique des emplois fictifs empoisonne la vie politique française depuis des décennies, comme en témoignent les condamnations d’Alain Juppé et Jacques Chirac en 2004 et 2011, de Jean-Christophe Cambadélis en 2000 et 2006 et de son prédécesseur Harlem Désir en 1998, de Jean-Marie Le Pen en 2016 et de sa fille Marine le mois dernier. Elle gangrène aussi les organisations professionnelles, l’Inspection générale et surtout les syndicats de l’Éducation nationale, qui comptent plusieurs milliers de membres complètement déchargés de toute tâche d’enseignement. Nous devons nous féliciter que la justice ait apparemment enfin décidé de mettre un terme à ces pratiques, et souhaiter qu’un grand ménage soit réellement fait, à tous les niveaux. À SOS Éducation, vous le savez, notre seul objectif est l’amélioration du système scolaire. Nous ne faisons donc pas de politique au sens partisan. Toutefois, je tiens à répéter publiquement ici ce que j’ai eu l’occasion de dire à certains d’entre vous lors d’ateliers ou de rencontres au siège de notre association ces derniers jours : Les révélations du Canard enchaîné constituent une information. Mais le moment choisi pour ces révélations constitue une autre information. Dès le départ, cette affaire est apparue comme un contre-feu au scandale des chiffres truqués de la participation à la Primaire de la gauche. Et je n’ai pas oublié, contrairement à certains, que le même Canard enchaîné a réussi, en 1981, à dissimuler pendant plusieurs mois « l’affaire Papon », afin de la dévoiler entre les deux tours du scrutin présidentiel et de faire trébucher Valéry Giscard d’Estaing. L’histoire se répète sous nos yeux : la scénarisation de l’affaire Fillon, avec ce feuilleton parfaitement orchestré auquel nous assistons depuis deux semaines, est au moins aussi étonnante que son contenu. En 1981, c’est François Mitterrand, on le sait, qui était à la manoeuvre. En 2017, lorsque le parquet financier placé sous l’autorité directe du gouvernement ouvre une enquête moins de 24 heures après la publication des premiers articles, qui tire les ficelles ? François Fillon, jeté dans la fosse aux lions de médias orientés, fait les frais d’un calcul politique savamment orchestré. La justice se prononcera sur son cas, mais l’opinion publique se souviendra surtout de la polémique engendrée. Cela risque au final de coûter bien cher aux parents d’élèves et aux professeurs qui se battent pour relever l’École. > Présidente de SOS Éducation |